Haïti : Engagement international pour promouvoir le Créole
mardi 20 juin 2006
par Fleurival Ladenson
P-au-P., 20 juin 06 [AlterPresse] --- Les travaux du colloque international sur la « Créolisation linguistique et les Sciences humaines » ont débuté à Port-au-Prince, ce mardi 20 juin 2006 à l’École normale supérieure (ENS) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), par un engagement [en Français] des intervenants à promouvoir le Créole dans leurs sphères d’activités, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
« Je m’engage aujourd’hui à publier les actes du présent colloque », promet Michel Hugou, représentant de l’ambassade de France. « Le créole, pour nous, est une langue amie, alliée, et partenaire », renchérit-il.
Le doyen de la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA)de l’UEH, Pierre Vernet, pense, quant à lui, qu’il faut reconnaître au Créole toute sa valeur dans la société.
« Haïti est un pays essentiellement créolophone, la vie en Haïti se vit en Créole, alors que la population dépasse les 8 000 000 d’habitants », affirme-t-il.
Vernet conçoit le bien-être de la société à partir d’échanges plus ou moins équilibrés entre les deux langues officielles (Créole, Français) et les activités qui conditionnent la vie des être humains.
Dans le cadre de ce colloque, les initiateurs veulent-ils démontrer "un souci d’aborder un problème fondamental pour l’avenir de ce pays ; fondamental, par rapport au système éducatif et également par rapport à l’ensemble des aspects de tous les secteurs de la vie quotidienne".
« Les rapports, aujourd’hui, entre la justice, la santé et les deux langues en présence, montrent bien que Haïti ne pourra pas connaître un niveau de vie acceptable, si le problème politique n’est pas clairement posé, et si la prise en compte des langues n’est pas faite sous des bases à la fois démocratiques et rationnelles », avertit Vernet.
L’assistance, composée en majorité de jeunes, femmes et hommes, étudiantes et étudiants, universitaires, professeures et professeurs à l’université en Haïti et à l’étranger, salue la tenue de l’activité qui promeut le Créole au niveau international.
Suze Mathieu, docteure haïtienne en anthropologie et professeure à l’Université d’État d’Haïti, voit un avenir prometteur pour le Créole par « son extension à travers le monde, et l’augmentation des populations créolophones ».
« La rencontre de ce mardi, exclusivement sur le créole et qui réunit des chercheurs et professeurs à l’université en Haïti, en Europe et en Amérique, prouve que la langue est en nette progression ».
Kethlène Charles, qui fait actuellement une maîtrise en sociolinguistique, préconise l’intégration du Créole dans les productions scientifiques.
« Il faut publier des études et découvertes dans la langue aux fins de l’enrichir », dit-elle, prônant la mise en place d’une académie de langue appropriée.
Cependant, des remous ont été enregistrés dans l’assistance.
Une étudiante déplore que les conférencières et conférenciers s’expriment exclusivement en Français, alors que le colloque concerne le Créole.
« On ne peut rien espérer de ces rencontres », lance-t-elle amèrement.
AlterPresse a noté que seule une partie des débats, durant la période des échanges avec le public, s’est déroulée en Créole.
Le colloque international sur la Créolisation linguistique et les Sciences Humaines se déroule pendant deux jours. La deuxième journée est prévue pour ce mercredi 21 juin 2006, à la Faculté de Linguistique Appliquée.
Cette manifestation scientifique porte l’empreinte du Centre de Recherches Normes, Échanges et Langages (CRENEL) qui publie depuis deux ans, aux Éditions L’harmattan, la revue Recherches Haitiano-Antillaises.
Elle reçoit aussi le soutien de l’UEH, de la Fondation Connaissances et Liberté (FOKAL), du GERLALIC, de l’Institut Français d’Haïti, de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), de l’Association des Chauffeurs de Taxi de Paris et de l’Université Paris III- Sorbonne nouvelle. [lf rc apr 20/06/06 16 :30]
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