Maître de conférence en sciences de l’information et de la communication, Nelly Quemener, s’est intéressée à la place de l’humour dans la société et à sa signification.
Pourquoi avoir écrit cet ouvrage ?
C’était mon travail de thèse, et j’avais envie comprendre en quoi, entre autres, l’humour était lié aux questions d’identité et de genre. Et puis il y a peu d’ouvrages écrits sur cette question. Enfin, je suis bon public. J'ai donc fait de ce qui me faisait rire un objet d'étude !
Pour quelle raison avez-vous écrit un chapitre spécifique sur les femmes et l’humour ?
Le tournant s’est produit dans les années 2000, qui ont marqué une véritable rupture : des humoristes femmes et/ou issues des minorités ethniques se sont emparés de l’humour et de sa force subversive. Dans les représentations télévisuelles, il y a des normes de genre, de jeux avec la masculinité et la féminité, qui sont très intéressants à décrypter. Il y a des représentations conservatrices et sexistes avec Bigard d’un côté et de l’autre coté une réflexivité dans le jeu des femmes humoristes. Elles sont dans une sorte d’androgynie qui est peu classique et peu visible dans l’espace télévisuel habituellement. Des personnages qui jouent sur le féminin/masculin il n’y en a pas tant que ça, cela créée une dimension perturbatrice portée par des groupes sociaux peu visibles jusque là.
Qu’est ce qui est le plus frappant ?
Les femmes ont commencé à avoir une espace dans les années 2000, il y a eu une montée concomitante des thématiques de genre et des thématiques de la race, même si la trajectoire des premières ne recoupe pas nécessairement celle des secondes. Les humoristes femmes ont mis du temps à émerger. C’est la logique de théâtre de troupe, qui permet à certaines de s'imposer...
17/10/24 à 09h35 GMT