César Asensy Maldonado Monter, José Luis Ortiz Robles et Héctor José Garrido Rosales, Mexique
Au Mexique, on estime que 60% des eaux usées résidentielles et agroalimentaires sont déversées dans les cours d’eau sans aucun traitement alors que le gaspillage alimentaire se chiffre à 30%, ce qui cause divers problèmes environnementaux et de santé publique.
Les solutions habituelles pour ces deux problèmes, la décomposition anaérobie par digesteurs, des fosses septiques et des fermenteurs étanches à l’air, s’avèrent inefficaces, dangereuses et même contre-productives, car le méthane produit, un gaz asphyxiant à effet de serre, s’échappe dans l’atmosphère, alors que le résidu liquide appelé éluat finit souvent par contaminer les nappes phréatiques. En réponse à cela, nous avons décidé de transformer les eaux usées et les déchets organiques en produits durables grâce à des insectes à travers notre projet Cplantae. En effet, nous avons mis au point une méthode innovante d’«upcycling», le processus de revalorisation des déchets, qui utilise le métabolisme de deux insectes : le ver rouge (eisenia foetida) et la mouche soldat noire (hermetia illucens).
Ces deux insectes endémiques d'Amérique sont capables de se nourrir de déchets organiques et d’eaux usées biodégradables en les transformant en tissus riches, en protéines et en matières grasses, un processus optimisé pendant des millions d'années d’évolution. Au lieu de dégrader les polluants, Cplantae choisit de créer des produits plus complexes et plus précieux et, par la même occasion, traite les eaux usées.
Concrètement, notre système innovant de traitement des eaux usées et de nutriments optimise la productivité de ces deux insectes en imitant un écosystème de forêt humide dans un conteneur. Il génère ainsi trois extrants : des larves de mouches et de vers, un fertilisant (humus) et de l’eau propre. D’abord, les larves de mouches et de vers peuvent être utilisées commercialement comme un complément alimentaire riche en protéines et en graisses pour les animaux. Un kilo de ces insectes peut atteindre une valeur marchande de 40 USD. De son côté, en plus du fait que l’élevage des mouches et des vers produit des excréments et que ceux-ci sont également commercialisables, le fertilisant améliore la santé des cultures en fournissant des micronutriments, en favorisant un biote sain et en servant de pesticide naturel. Finalement, l’eau descend par gravité et est acheminée vers le réservoir où elle s'infiltre à travers l’écosystème du conteneur. Ensuite, tel qu’expliqué plus haut, les vers de terre et les larves de mouches traitent les solides fécaux et les résidus organiques qui s’y trouvent pour les convertir en humus, mais aussi en vapeur d'eau et en dioxyde de carbone. À la fin du processus, il y a 95% moins de pathogènes dans l’eau et une qualité supérieure à celle issue d’une fosse septique et de digesteurs. Elle est prête à être traitée, filtrée ou réutilisée pour l'irrigation.
Notre système, en procédure de brevet, a été reproduit avec succès!
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
[IJLCC]
17/10/24 à 09h35 GMT