Le projet IMPROVE financé par l'UE a présenté ses recommandations politiques sur la façon dont les gouvernements européens peuvent lutter contre la pauvreté et améliorer la cohésion sociale, grâce à des décisions politiques basées sur des preuves.
Le projet IMPROVE étudie les politiques menées à bien par les gouvernements européens avant, pendant et après la grande récession de 2008/09, dans l'objectif de réduire la pauvreté et de renforcer la cohésion sociale.
Ses principaux résultats ont été présentés lors d'une conférence finale organisée du 3 au 5 février 2016 à Anvers, en Belgique.
L'impact du changement démographique et de l'emploi sur la pauvreté
Le message clé du projet est que la pauvreté n'est pas un phénomène statique et que les facteurs qui ont un impact sur la situation de pauvreté varient selon les pays.
Parmi les facteurs clés identifiés, les changements démographiques sont plus importants que les autres pour lutter contre la pauvreté, en particulier dans les pays d'Europe du Nord. Le taux d'entrée dans la pauvreté a augmenté plus rapidement dans les pays d'Europe du Sud, qui ont subi une crise démographique prolongée suite au vieillissement rapide de la population.
Le projet a aussi révélé qu'avant la crise économique l'augmentation de l'emploi ne réduisait pas fortement la pauvreté, mais aussi que les taux d'emploi et de pauvreté étaient souvent associés.
«Dans l'ensemble, une augmentation de 10 % du taux d'emploi sera associée à une baisse de 2,5 % du taux de pauvreté, effet réduit à 1,9-2,5 % par les différences entre les pays et l'évolution dans le temps», explique le Professeur John Hills de la London School of Economics (LSE). «En bref, l'emploi n'est pas la solution à tous les maux.»
Toutefois, après le début de la crise, on a constaté une corrélation plus claire entre la baisse des taux d'emploi et l'augmentation rapide de la pauvreté, en particulier en Europe centrale, de l'Est et de l'Ouest.
Des politiques efficaces pour réduire la pauvreté
L'une des conclusions du projet est que l'application de mesures d'austérité dans certains des pays les plus touchés par la crise constituait un choix pertinent. La réduction des rémunérations dans le secteur public a progressivement porté ses fruits, notamment en Grèce, au Portugal et dans les États baltes.
Les modifications apportées aux politiques d'impôt direct et d'assurance sociale ont elles aussi été généralement positives. Les réformes de réduction des pensions et autres modifications des prestations sociales ont eu des résultats variables selon les pays, en fonction de leur structure.
Le projet a aussi constaté que le fait d'augmenter le salaire minimum ne réduisait pas considérablement le taux de pauvreté, car la plupart des gens percevant le salaire minimum étaient déjà au-dessus du seuil officiel de pauvreté.
Cependant, l'augmentation du seuil d'imposition sur le revenu s'est avérée encore moins efficace, par exemple au Royaume-Uni et en Belgique.
D'autre part, les études de cas conduites en Grèce, en Estonie, en Italie et en Hongrie par le projet ont montré que l'augmentation de l'allocation enfant était bien plus efficace pour réduire le taux de pauvreté. L'équipe du projet a cependant remarqué que cette mesure est très coûteuse, et sera plus difficile à mettre en œuvre dans les pays européens les plus pauvres.
Des enseignements pour 2020 et après
L'équipe du projet a insisté sur le fait que chaque pays a lutté contre la pauvreté en utilisant les outils dont il disposait, en fonction de sa puissance économique, de son système de protection sociale et de sa capacité à mettre en œuvre efficacement une politique publique.
En matière de lutte contre la pauvreté en Europe, on peut considérer les années 2000 comme une «décennie perdue», car les modifications apportées par les gouvernements aux systèmes sociaux ont souvent eu un effet inverse de celui visé.
Les travaux du projet soutiennent l'idée que l'ajustement monétaire annuel des avantages sociaux et des seuils d'imposition peut avoir plus d'impact sur la lutte contre la pauvreté que des réformes structurelles plus profondes.
Si ces seuils ne sont pas actualisés régulièrement pour tenir compte de facteurs économiques comme le taux d'inflation, les autres instruments politiques utilisés ont encore plus de mal à avoir un impact visible sur la réduction de la pauvreté.
M. Stefaan Hermans, chef de cabinet de Marianne Thyssen, commissaire européenne pour l'emploi, les affaires sociales, les compétences et la mobilité des employeurs, a clôturé la conférence en soulignant l'importance de lier le calendrier politique de l'UE au programme de recherche soutenu par le projet IMPROVE.
«Il est clair que pour réduire la pauvreté en Europe, nous devons disposer de méthodologies, de données fiables, d'un discours commun et d'une même compréhension», a-t-il conclu.
Source : CORDIS
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