Laissé pour compte dans la loi de transition énergétique, le thermique à flamme a pourtant de nombreux atouts à faire valoir dans le processus de décarbonisation de notre système énergétique.
La France a-t-elle encore besoin du thermique ?
Assimilé à une source d’énergie archaïque et polluante, le thermique à flamme n’en demeure pas moins la première source de production d’électricité dans le monde et la troisième source de production d’électricité en France derrière le nucléaire et les énergies renouvelables.
Rentable, efficace et extrêmement flexible, il représente en effet un véritable recours en cas de pointes de consommation. Intégrées dans le mix de production français en complément des productions nucléaire et renouvelables, les centrales thermiques jouent un rôle indispensable de bouclage de l’équilibre offre-demande. En France, la puissance des unités de production thermiques à flamme (alimentées par des combustibles du charbon, du gaz ou du pétrole), s’échelonne entre 120 à 700 MW pour un total de 23,7 GW de puissance installée.
Le thermique oui, mais modernisé
Afin de concilier les impératifs de fiabilité d’approvisionnement, d'efficience et d’optimisation des performances environnementales des centrales thermiques, ces dernières ont récemment fait l’objet d’importants efforts de modernisation.
A la construction de centrales à charbon de dernière génération moins émettrices de gaz à effet de serre, d’oxydes de soufre, d’oxydes d’azote et de poussières, se sont ajoutées de nouvelles techniques telles que la désulfuration des fumées de charbon (technique de lavage des fumées), la dénitrification ou encore l’utilisation de combustibles de meilleure qualité.
Le gaz naturel : l’avenir du thermique
Considéré comme la moins polluante des énergies fossiles, le gaz naturel émet, dans le cadre de son exploitation, deux fois moins de gaz à effet de serre que le charbon ou le pétrole.
Très flexibles d’utilisation, pouvant être démarrées, stoppées en quelques dizaines de minutes et requérant un combustible peu carboné, les centrales à cycle combiné au gaz (CCG) proposent une production d’électricité au gaz naturel à la fois plus efficiente et moins polluante que les centrales classiques. En fort développement en Europe, ces installations thermiques nouvelle génération combinent deux types de turbine (une turbine à combustion et une turbine à vapeur reliée à un alternateur) et produisent de l’électricité grâce à la chaleur dégagée par la combustion du gaz naturel. Ainsi, avec le même volume de combustible, ces deux turbines permettent de produire une quantité plus importante d’électricité, tout en rejetant moins de CO2.
CCG et réussites françaises
Entrée en service en mars 2005, née de la rencontre d’intérêts convergents entre Arcelor et Gaz de France, la centrale de Dunkerque DK6 a été la première de ce type en France. D’une capacité totale de 800MW (deux tranches de 400MW), elle brûle du gaz naturel comme des gaz sidérurgiques. La SNET (propriété du groupe allemand E.ON) a construit deux groupes de CCG sur son site de Saint-Avold (Moselle), totalisant une capacité de 860MW (deux tranches de 430MW). Le fournisseur français Direct Energie a quant à lui acquis en octobre 2015 pour 45M€ une centrale d’une capacité de 408 MW à Bayet (Allier) auparavant exploitée par l'énergéticien suisse Alpiq via sa société 3CB (Centrale à Cycle Combiné de Bayet).
Dernière en date et née d’un partenariat entre l’électricien EDF et General Electric, la centrale de Bouchain (Nord) affiche une puissance record de 605 MWet réduit les émissions du site de 55 %.
Un rendement deux fois supérieur pour deux fois moins de CO2 émis par rapport à l’ancienne centrale, une performance en termes de rendement/efficacité qui lui a récemment valu une inscription dans le Guinness des Records. Souple d’utilisation, sa montée à pleine puissance demande moins de 30 minutes, ce qui en fait un véritable atout pour l’équilibrage du réseau électrique au moment où la France se tourne de plus en plus vers les énergies renouvelables intermittentes
A l’heure où un tiers du parc nucléaire français est à l’arrêt et où les énergies renouvelables ne permettent pas encore d’assurer l’équilibre du réseau d’électricité français, le thermique nouvelle génération apparaît comme une composante essentielle du mix énergétique français.