Devant la crise énergétique qui sévit dans les Balkans depuis quelques années et face aux pertes financières causées par la fermeture des réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Kozloduj, la Bulgarie songe sérieusement à relancer les deux réacteurs qu’elle avait fermés en 2006. Une décision qui doit cependant obtenir un avis favorable de l’ensemble des autres pays de l’Union européenne...
La centrale nucléaire de Kozloduj
« Le meilleur moyen pour relancer les réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Kozloduj est de concéder une nouvelle licence », a expliqué l’ancien ministre de l’Économie et de l’Énergie et chef de la commission parlementaire pour le budget, Roumen Ovcharov, lors d’un forum pour la sauvegarde des deux réacteurs. « L’article 36 du traité d’adhésion de la Bulgarie à l’UE prévoit la possibilité de rouvrir deux réacteurs en situation de crise pour une période de trois ans. Mais pour Roumen Ovcharov, il n’est pas intéressant de relancer les deux réacteurs pour quelques mois seulement.
« La Bulgarie ne peut pas décider unilatéralement de relancer deux réacteurs car elle sera sanctionnée », a dit le Premier ministre Sergei Stanichev. Selon lui, il faut d’abord obtenir le soutien politique des autres pays de la région. « Il n’y a pas de déficit énergétique en Bulgarie et nous ne pouvons pas demander à la Commission européenne la réouverture des réacteurs 3 et 4 sous prétexte d’une situation de crise », a-t-il indiqué. « Nous pouvons satisfaire nos besoins intérieurs, mais avec la fermeture des réacteurs 3 et 4 de la centrale de Kozloduj, nous avons brusquement limité nos exportations d’énergie vers les pays voisins. Cela affecte négativement la stabilité, le développement économique et la sécurité sociale de tous les pays des Balkans occidentaux », a reconnu Sergei Stanichev. « Pour cette raison, nous travaillons depuis quelques mois à dégager une position commune que nous allons présenter à la Commission européenne. Il faut aussi que les experts soutiennent la réouverture des réacteurs. L’accord des 26 pays ayant signé le traité d’adhésion de la Bulgarie à l’UE est également nécessaire pour la réouverture des réacteurs 3 et 4 », a ajouté le Premier ministre Stanichev.
En seulement un an, depuis la fermeture des deux réacteurs, la Bulgarie a perdu 350 millions de lev (environ 180 millions d’euros). Selon les experts, les pertes directes pourraient même atteindre 21 à 22 milliards de lev (environ 11 milliards d’euros).
« Plusieurs pays sont en train de réviser leur attitude face à l’énergie nucléaire en raison de son avantage écologique et du besoin croissant d’énergie », souligne le Dr John Ritch, directeur général de l’Association nucléaire mondiale. Il a noté « l’impressionnante unanimité » des partis politiques et de la société civile en Bulgarie à propos de la réouverture des réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Kozloduj.
« La période 2008-2010 est une période à risque pour l’équilibre énergétique de la Bulgarie. L’arrêt des réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Kozloduj entraîne un risque de déficit énergétique chez nous et plonge la Macédoine, la Grèce, l’Albanie et le Monténégro dans une situation de crise énergétique. Ces pays comptent sur les importations d’électricité depuis la Bulgarie », a déclaré Bozhidar Pavlov, directeur adjoint de la Direction centrale de distribution. « L’arrêt des réacteurs 3 et 4 signifie une augmentation des prix de l’électricité pour les consommateurs. Nous allons arrêter une production bon marché, nous serons obligés d’utiliser des centrales où l’électricité revient à un prix plus élevé », a-t-il commenté.
Traduit par Didalia Papakonstantinou
Source : Courrier des Balkans
Publié dans la presse : 21 janvier 2008
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