Droits sexuels et fondamentalisme religieux : un antagonisme international
Quand on aborde la question des droits sexuels, on est sûr que si l'église est présente on aura à se justifier et à se débattre. Partout où l'église représente une force, il existe des problèmes avec l'avortement, avec l'éducation sexuelle, avec les normes oppressant les femmes.
L'Europe de l'Est incarne un étrange exemple de recul dans les droits sexuels des femmes tout au long des changements politiques démocratiques. Toutes les interventions des participant-es de l'atelier organisé par le réseau ASTRA à la conférence de l'Awid à Cape Town le prouvent. La question chaude, l'avortement, illégal en Pologne, très contesté en Croatie et en Lettonie, bientôt peut-être ailleurs aussi, avec le taux de natalité toujours en déclin.
Les régimes communistes qui ont précédé ignoraient l'église et donc son poids était plus ou moins marginal. L'avortement était légal dans tous les pays du bloc soviétique (avec une triste exception - la Roumanie de Ceausescu) et largement utilisé comme instrument de planification familiale. Depuis que les régimes sont partis, l'église a repris ses forces destructives dans le domaine, surtout en Pologne et progressivement en Croatie, en Slovaquie et là où le catholicisme est prédominant. Mais l'église orthodoxe revendique aussi ses pouvoirs de contrôle sur la vie et les choix sexuels en envoyant des messages de " conscience " et de " création divine " visant le foetus.
L'aveuglement des gouvernements
Les Etats font semblant de ne pas remarquer ce qui se passe. Ou parfois, il est plus facile de ne pas prêter attention, et de simplement cueillir les résultats... La société civile n'est pas préparée à un tel combat. L'Église n'a jamais été un adversaire signifiant et tout à coup elle se dresse et hausse la voix prêchant des valeurs complètement patriarcales. Les femmes se retrouvent limitées, coupables, sans droits de choisir et sans soutien politique et légal, au point de se demander à quoi sert la démocratie.
Objection de conscience, d'esprit et de conviction ou raison économique ?
La loi polonaise a génialement introduit une raison de refuser l'avortement aux femmes même si elles y ont droit pour raisons médicales, sous le terme " objection de conscience ", l'avortement étant considéré comme meurtre par l'Église. Comme par ironie les médecins qui refusent de pratiquer un avortement à l'hôpital d'Etat, pour raison de conscience, le font sans aucune objection dans leurs cliniques privées. Moyennant beaucoup d'argent. Une fois de plus un profit à réaliser sur le dos des femmes. L'hypocrisie est parfaite. La machine de répression marche bien.
Les jeunes, cibles des prolifes
La contamination des esprits des jeunes continue. L'éducation sexuelle est déniée, mais par contre les petits films épouvantables créés par les militants anti-choix sont facilement autorisés dans les écoles au point de faire protester les parents. Sania Cesar de Croatie en témoignage. Irina du réseau des jeunes ASTRA en Géorgie le prouve aussi. En Géorgie c'est l'église orthodoxe qui interdit l'éducation sexuelle et refuse aux filles le droit d'avoir une relation sexuelle avant le mariage tout en encourageant les garçons de l'expérimenter. Voire plus. L'utilisation de préservatifs est considérée comme une insulte à la confiance dans le mariage. Si l'un des partenaires ose parler de préservatif, cela peut représenter un signe d'adultère ! On se croirait au Moyen-âge. Mais cela se passe aujourd'hui, autour de nous, en Europe et même dans l'Union Européenne où l'égalité des genres est censée être " intégrée " partout.
Ici au forum d'AWID on se rend compte que les stratégies des Africaines sont les mêmes que celles des femmes d'Europe de l'Est. On utilise des affiches provocantes, on organise des campagnes dans les rues et on essaie de sensibiliser les jeunes. Tantôt on réussit, tantôt on échoue mais comme l'a dit Wanda Novicka d'ASTRA, " Et si on n'était pas là ? Si on ne mettait pas le doigt dans les yeux de l'opposition et des hommes politiques, où en serait-on et qu'est-ce qu'on aurait encore perdu ? "
Jivka Marinova - GERT - Bulgarie
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