Avec ses coffres largement secs et sa gestion contestée, le Fonds vert pour le climat (GCF) reste un sujet brûlant au sein de la société civile africaine.
En prélude à la prochaine rencontre internationale sur les changements climatiques en Afrique du Sud, des ministres africains se sont déjà réunis pour élaborer leur agenda et la société civile cherche à faire de même.
L'Afrique du Sud, qui accueillera la 17ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 17) du 28 novembre au 9 décembre à Durban, a convoqué des réunions avec des ministres africains pour cimenter les exigences du continent avant la rencontre.
Dans l'esprit de beaucoup, figurera la conception future du GCF, qui a été créé lors de la COP 15 à Copenhague, au Danemark, comme un moyen de financer l'atténuation, l'adaptation, la technologie et le renforcement des capacités pour répondre aux changements climatiques.
Lors de la réunion suivante, COP 16, à Cancun, au Mexique, les pays ont promis un financement de 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012, qui augmenterait ensuite de plus de trois fois ce montant chaque année à partir de 2020 avec des fonds provenant de sources possibles, notamment des taxes internationales sur les vols aériens, le commerce ou les transactions financières.
Toutefois, selon les chiffres présentés à la réunion internationale annuelle de la société civile, l'Assemblée mondiale CIVICUS à Montréal, au Canada, cette semaine, l'ONU n'a reçu que 12 milliards de dollars jusqu'à présent.
Pour élaborer une position de la société civile sur le fonds avant la COP 17, les délégués à l'Assemblée mondiale venus de l'Afrique orientale et australe ainsi que des petits Etats insulaires, se sont rencontrés et ont identifié les éléments clé qui, selon eux, devraient être inclus dans l'architecture du fonds afin de permettre à leur pays d'en bénéficier.
La liste des exigences comprend l'équilibre des financements pour l'atténuation et l'adaptation, le fait de rendre plus facile l'accès au fonds pour la société civile et les gouvernements, ainsi que l'inclusion de la représentation de la société civile dans le conseil du fonds.
La cause par rapport à l'effet
Lors d'une session consacrée au fonds, la société civile a critiqué les donateurs pour ce qu'elle qualifie d'un préjugé de financement pour les programmes d'atténuation des changements climatiques qui se concentrent sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et ne répondent pas aux besoins de nombreux pays en développement qui sont déjà de faibles émetteurs.
"L'atténuation est importante mais pour nous dans le Pacifique, il y a très peu d'autres choses que nous pouvons faire pour réduire les émissions de gaz", a affirmé Emele Duituturaga, directrice exécutive de la 'Pacific Islands Association of Non-Governmental Organisations' (Association des organisations non gouvernementales des îles du Pacifique). "La grande partie de notre réalité tourne autour de l'adaptation et il doit y avoir plus d'équilibre entre (cela et l'atténuation)".
Selon Vitalice Meja du 'Reality of Aid Africa Network' (Réseau sur la réalité de l'aide en Afrique), cette orientation est aussi venue au détriment des fermiers africains qui avaient expressément besoin d'un appui à l'adaptation afin de faire face aux changements qu'ils voyaient déjà dans leurs champs.
Cet appui, a-t-il ajouté, devrait s'inspirer des connaissances locales.
"Le fonds est basé sur la notion que le monde développé peut aider le monde en développement à répondre au problème des changements climatiques... plutôt que sur la façon dont il peut soutenir le monde en développement par le harcèlement des connaissances indigènes", a déclaré Meja à IPS. "Cette approche ne va pas résoudre le problème, c'est le même mécanisme que nous avons utilisé à plusieurs reprises pour l'aide et nous n'avons rien vu".
Duituturaga a ajouté que la technologie déjà transférée du monde développé, même les panneaux solaires, demeure prohibitive et peut coûter jusqu'à 7.000 dollars dans son pays natal, Fidji.
Regardez mais ne touchez pas
Le changement n'est pas la seule chose que la société civile n'a pas vue; elle n'a pas aussi constaté une grande partie de l'argent consacré aux changements climatiques, a ajouté Duituturaga.
"Nous avons d'importants obstacles pour mettre nos mains sur l'argent", a-t-elle déclaré. "Année après année, beaucoup d'argent est dépensé pour envoyer des gens à ces négociations pour parler de plus d'argent, mais nous ne voyons pas toujours cela. Alors que le monde continue de négocier, nous sommes obligés de souffrir et de nous adapter aux changements climatiques maintenant, et c'est injuste".
Obtenir de l'argent sur la table à la COP 17 est une priorité urgente pour les participants à l'Assemblée mondiale.
Il devrait être également accessible non seulement aux gouvernements, mais aussi à la société civile et aux sociétés régionales de placement, que des groupes de pays sont susceptibles d'utiliser pour partager les coûts d'administration et le fardeau des rapports susceptibles d'accompagner les subventions, a ajouté Duituturaga.
Les pays extrêmement vulnérables, tels que les petites îles et les Etats en conflit devraient être également priorisés et autorisés à demander un financement au cours des périodes d'ouverture consacrées à cela, a souligné Meja.
article écrit par Laura Lopez Gonzalez pour l'Agence IPS.
Pour en savoir plus (1452 hits)
l'Assemblée de CIVICUS à Montréal: (710 hits)