Par Martine Duquette, pour GaïaPresse.   

            Malgré la modification de l'heure de la conférence et un changement de salle de dernière minute, quelques dizaines de personnes se sont déplacées mardi pour assister à l'événement organisé par l'Organisation Internationale de la Francophonie sous le thème " Les enjeux en matière d'égalité des genres dans les négociations internationales sur les changements climatiques : outils et perspectives pour les pays francophones ".

Les impacts des changements climatiques sur les femmes... et les hommes

            Les groupes discutant de l'enjeu du genre en lien avec les changements climatiques sont unanimes : le phénomène touchera les femmes différemment des hommes. Les femmes - surtout africaines, en tant que responsables de la collecte de l'eau, seront les principales victimes de la diminution de la quantité et de la qualité de cette ressource. Loin de s'améliorer avec le temps, la situation pourrait au contraire s'aggraver du fait de l'augmentation du temps passé à la collecte de l'eau par les femmes et les filles, qui consacrent ainsi moins de temps à l'éducation et donc au renforcement de leurs capacités.

            Mais les hommes et garçons sont également touchés par les changements climatiques. Une intervenante soulignait que lors de crises, les hommes sont plus portés à vouloir poser des gestes héroïques et ainsi à se mettre en danger. Les regards ne doivent donc pas se tourner exclusivement sur les femmes, mais plutôt considérer chaque genre comme ayant ses capacités et vulnérabilités distinctes, nécessitant une prise en compte différenciée.

            Cette situation pourrait cependant évoluer avec une reconsidération de la structure traditionnelle de la famille. Avec l'émancipation des femmes hors de leur rôle de pourvoyeuse et une plus grande inclusion des hommes dans la gestion quotidienne du foyer, les vulnérabilités pourraient être amenées à changer et à diminuer.

De nouveaux outils et ressources pour la prise en compte du genre

            Une représentante de Bridge, un programme de recherche sur le genre et la justice sociale issu de Grande Bretagne, a présenté lors de cet événement son guide sur le genre et le changement climatique, qui sortira en version française au début de l'année 2012. Regroupant les recherches existantes sur le sujet, de même qu'une boite à outils et des études de cas réalisées dans des pays francophones, le document cherche à influencer les praticiens sur les spécificités de genre. La traduction de ce guide, originalement réalisé en anglais, est essentielle pour la Francophonie, particulièrement pour les gens sur le terrain, qui posssèdent le français comme langue seconde, et non pas l'anglais.

Des avancées au niveau international

            La prise en compte du genre ne se réalise pas seulement auprès des populations, mais également dans les négociations dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). De grands progrès ont été réalisés dans les dernières années, particulièrement à la 16e Conférence des parties (CdP) à Cancun, où huit références au genre se sont retrouvées dans les documents finaux, comparativement à aucune mention, deux ans plus tôt.

Le préambule des Accords de Cancun mentionne notamment que " les groupes de population déjà en situation de vulnérabilité à cause de facteurs comme [...] le sexe [...] seront les plus durement touchés [par les effets néfastes des changements climatiques] ". Une autre avancée notable a été réalisée cette année à la 17e CdP, alors qu'une nouvelle constituante " Femmes et genre " a été reconnue par le Secrétariat de la CCNUCC.

            Rappelons que la jeunesse a également reçu le statut de constituante cette année. On note donc à Durban des progrès réels dans la prise en compte de l'équité intra et intergénérationnelle. Il reste tout de même encore beaucoup de chemin à parcourir.

Souhaitons maintenant que ces avancées se concrétisent sur le terrain.

(COP17-climat)