Par Yvonne NGOYI YAKABWE de l'UFDH/CADTM/MMF /Mbujimayi/RDC
Depuis un certains temps, un nouveau vocabulaire a envahi les espaces des medias et les débats aux niveaux mondial, continental et national, celui du changement climatique, qui est le fait de provoquer par la production du carbone (CO2), un gaz à effet de serre provenant des industries, des véhicules, des forêts et savanes brûlées et même des déchets domestiques ou industriels mal gérés. Ce gaz participe à la destruction de l'atmosphère ou encore de la couche d'ozone. Et la dégradation de cette couche engendre l'augmentation des températures et la modification du climat sur l'ensemble de la planète.
L'autonomisation des femmes se réfère à leur capacité à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins ainsi qu'à ceux des personnes qui dépendent d'elles et à décider de la meilleure façon d'y parvenir. Dans ce sens, l'autonomie comprend aussi l'accès à la sécurité sociale et aux services publics, aux biens communs et à l'autonomie financière. Est-ce que le changement climatique peut avoir les effets sur l'autonomisation de la femme rurale ? Quelles sont les conséquences du changement climatique sur l'autonomisation de la femme rurale ? La femme rurale peut elle s'impliquer dans la lutte contre le changement climatique ? Quelle alternative pour mettre fin à ce fléau ?
I. CAUSES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Ce carbone qui est un gaz à effet de serre provenant des industries, des véhicules, des forêts et savanes brûlées et même des déchets domestiques ou industriels mal gérés, participe à la destruction de l'atmosphère ou encore de la couche d'ozone. Et la dégradation de cette couche engendre l'augmentation des températures et la modification du climat sur l'ensemble de la planète. Et c'est cela qui provoque le changement climatique.
II. EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Les effets du changement climatique se manifestent à travers des inondations, des vagues de sécheresse, des ouragans, des cyclones, l'élévation du niveau de mer ou encore des pluies torrentielles.
III. EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L'AUTONOMIE DE LA FEMME RURALE
La majorité des femmes des pays du Sud vivent dans la pauvreté et l'inégalité, et ce sont elles qui sont frappées les premières par la crise climatique, provenant des émissions produites principalement par les pays du Nord. Quatre-vingt pour cent du 1,3 milliard de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde sont des femmes.
Dans les pays non industrialisés, les femmes paysannes produisent 80% de la nourriture. La désertification, la perte de ressources en eau, etc., ont un impact énorme sur leur vie quotidienne. Quand les gens sont obligés de partir parce que l'endroit où ils vivent ne produit plus de nourriture à cause du changement climatique, ce seront les femmes et leurs enfants qui formeront la majorité des personnes déplacées.
Un rapport publié par Oxfam en juin 2009, " The Winds of Change : Climate change, poverty and the environment in Malawi " (Les vents du changement : changement climatique, pauvreté et l'environnement au Malawi) explique que les femmes sont les premières victimes du changement climatique à cause des rôles multiples qui sont les leurs en tant que paysannes, productrices de nourriture, d'eau et de bois de chauffage, et s'occupant des enfants. Le rapport explique également que celles du Malawi n'ont aucun pouvoir sur la prise des décisions et que le changement climatique accentue les inégalités. Il explique en plus que l'aggravation de la pauvreté augmentera la pression sur elles afin qu'elles se prostituent pour obtenir de la nourriture, ce qui à son tour augmentera le risque de contamination par le virus du SIDA. L'augmentation des infections par le virus, à son tour, affaiblira la capacité des populations de résister au chaos climatique.
En 2008, le nombre de personnes mal nourries a augmenté de 800 000 pour atteindre le chiffre global de plus de 1 milliard. En même temps, on voit réapparaître des maladies comme le choléra, maladie parfaitement évitable, mais qui surgit de nouveau dans cette crise de civilisation.
La réponse néo-malthusienne à la crise climatique prétend qu'il y a trop de monde sur la planète, elle cherche à limiter le droit des femmes à disposer de leur corps, c'est une réponse raciste car la croissance démographique est plus importante dans les pays du Sud. Nous luttons pour l'élargissement des droits des femmes concernant le contrôle de leur fécondité et en même temps nous luttons pour l'éradication de la pauvreté, seul moyen pour que la pression démographique dans les communautés diminue. Nous luttons également contre le consumérisme capitaliste, une consommation de produits sans valeur d'usage et nocives pour l'environnement.
L'impact croissant de l'agrobusiness, la production d'agrocarburants et la vente de terres aux multinationales pour continuer à extraire du pétrole et d'autres richesses sont à l'origine d'une perte de terre et d'autonomie pour les petits producteurs, dont une majorité sont des femmes, souvent de communautés indigènes. Les pesticides détruisent la production bio des petits producteurs.
Les femmes indigènes et les femmes paysannes sans terre jouent un rôle central dans la défense des écosystèmes forestiers contre les gouvernements qui veulent les vendre aux plus offrants et aux multinationales souhaitant les utiliser pour produire des agrocarburants et pour en extraire d'autres richesses comme l'eau, les bois tropicaux (à croissance très lente) et aussi du pétrole et des minerais divers. Les actions des femmes de Via Campesina au Brésil, qui ont détruit les plantations d'eucalyptus d'Aracruz Celulosa, sont un exemple victorieux de leur rôle dirigeant dans la défense de la biosphère. Au sein de beaucoup de communautés indigènes elles jouent également un rôle central dans la défense des terres ancestrales.
Alternative aux changements climatiques :
- Baisse de la consommation d'énergie par l'arrêt des productions qui gaspillent, dont l'industrie de l'armement, l'industrie nucléaire, la publicité, l'expansion du transport aérien
- Relocalisation de la production, y compris de l'agriculture
- Arrêt de l'utilisation de ressources énergétiques dangereuses et expansion des énergies renouvelables
- Transports publics de bonne qualité et gratuits
Nous devons savoir traiter les déchets de cuisine en séparant les déchets pourrissables des déchets non pourrissables qui doivent être reconditionnés.
Avec ses 145 millions des forets tropicaux, la République démocratique du Congo joue un rôle important dans la régulation du climat, ont indiqué les experts du ministère de l'Environnement. Les forêts congolaises capturent un nombre important de gaz carbonique émis, non seulement par le Congo, mais aussi par d'autres pays du monde.
La RDC se trouve en bonne position pour bénéficier des financements issus de ce processus de réduction des émissions des gaz dues à la déforestation et à la dégradation des forets appelé autrement processus (REDD), ont-ils poursuivi. Avec l'organisation, cette année à Kinshasa, de l'institut REDD et du forum de haut niveau sur la forêt et le changement climatique, la voie a été balisée pour les pays.
La RDC pourrait éventuellement brandir l'étendue de sa foret, selon les mêmes sources, mais aussi quelques projets réalisés dans le cadre du stock de carbone. Il s'agit en effet de quelques forêts artificielles créées pour stocker le CO2, notamment le projet Ibi sur le plateau de Batéké à Kinshasa.
C'est ainsi que les gouvernements, les ONG, les scientifiques et autres chercheurs s'étaient retrouvés à Durban pour discuter de la manière de lutter contre ce fléau, qui risque d'entraîner davantage de graves conséquences dans les années à venir si rien n'est fait.
L'objectif fixé est de réduire les rejets de gaz à effet de serre afin de limiter le réchauffement climatique planétaire à 2 degrés à l'horizon 2040. Pour y arriver les climatologues proposent de contrôler l'évolution des émissions de CO2 dans le monde.
Au pays de Mandela, les discutions portent aussi sur les modalités de compensation pour les pays qui sont avancés dans le processus de la REDD.
"Tout autre accord qu'un accord juridiquement contraignant avec de fortes réductions des émissions pour les pays développés, dans une seconde phase d'engagements du Protocole de Kyoto, doit être appelé par son nom : ce sera un permis d'incinérer l'Afrique et ses peuples", affirme le Nigérian Nnimmo Bassey, président de la Fédération internationale des Amis de la Terre.
"Nous n'avons pas besoin d'un nouvel accord, il y en a un qui existe déjà", relève Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre France. Pour elle, "un nouveau mandat sera une porte ouverte à la dérégulation en matière de climat, les pollueurs continueront à polluer, les spéculateurs tireront profit de la pollution et le reste du monde devra supporter le fardeau de la crise climatique".
En faisant entrer l'agriculture et les forêts "dans les mécanismes de la finance carbone", on les livre "à la spéculation aux dépens des humains les plus vulnérables et des climats", estime l'association.
L'autonomie économique des femmes se réfère à leur capacité à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins ainsi qu'à ceux des personnes qui dépendent d'elles et à décider de la meilleure façon d'y parvenir. Dans ce sens, l'autonomie économique est une notion plus large que l'autonomie financière dans la mesure où elle comprend aussi l'accès à la sécurité sociale, l'accès à la terre, aux services sociaux de base, et aux services publics.
Le salaire n'est pas la seule source de l'autonomisation de la femme, celle-ci dépend aussi et surtout de sa formation, de son éducation et de l'accès aux biens communs, au crédit, à l'économie solidaire, à la terre et aux services publics.
La femme paysanne produit les richesses non-monétaires qu'elle redistribue directement (sans passer par le système financier formel) : depuis sa jeunesse, la femme consacre une grande partie de son temps à satisfaire les besoins de la société, des membres de sa famille et de sa communauté par les activités paysannes (agriculture, pêche, élevage) qui tous dépendent du climat pour un résultât positif.
Malgré la créativité mise en oeuvre pour lutter pour leur autonomie, beaucoup de femmes rencontrent divers obstacles pour réussir à l'obtenir à causes du système leur imposé par les systèmes capitaliste : les plans d'ajustement structurels, les plans d'austérité et les coupes du budget social pour le remboursement des dettes des Institutions Financières Internationales. Et aujourd'hui un autre fléau s'ajoute à cause des effets de la perturbation climatique.
Dans certains pays, communautés ou familles, selon la loi ou la coutume, l'autorisation du père, du mari ou d'un homme de la famille est nécessaire pour qu'elles puissent exercer une activité rémunérée. En outre, dans beaucoup de pays, les femmes sont moins scolarisées que les hommes et les filles rencontrent beaucoup de difficultés pour continuer leur scolarité à causer des systèmes capitalistes comme le plan d'austérité ou le plan d'ajustement structurel et les dettes odieuses imposées à leur pays. Ailleurs, on observe une augmentation de la scolarisation des femmes depuis ces dernières années, mais elles sont plus souvent au chômage ou gagnent moins que les hommes à compétence égale.
De plus, presque partout dans le monde, ce sont les femmes qui s'occupent de travail reproductif : le soin des enfants, de la maison, des maris, des malades et des personnes âgées, entretien des temples ou de l'Église, préparer les deuils. De cette façon, dans leur recherche d'autonomie économique, les femmes doivent toujours gérer leur temps et disponibilités entre travail reproductif (de soin) et travail rémunéré. De ce fait, elles se trouvent souvent limitées à des emplois à temps partiel ou informels qui leur offrent une flexibilité, leur permettant d\'aller chercher les enfants à l'école, de s'occuper de leur santé, etc.
La crise climatique en cours affecte et affectera tous les peuples mais spécialement ceux du Sud de la planète et les femmes seront les plus affectés.
Nous devons nous inspirer des conclusions du sommet des peuples sur le changement climatique qui s'est tenu à Cochabamba en avril 2010 à l'initiative du gouvernement bolivien.
Oui, il est possible d'éradiquer la pauvreté et l'injustice et d'autonomiser la femme rurale mais à l'intérieur d'un nouvel ordre international et avec un autre modèle de développement respectueux de la nature, avec une bonne distribution de la terre et un équité à l'accès au bien commun.
Unissons-nous autour de la femme rurale en éveillant sa conscience, en la sensibilisant sur les enjeux qui la guette en rapport avec les climats qui aujourd'hui font que sa production baisse.
Ensemble et unis nous pouvons.
La lutte continue
Yvonne NGOYI YAKABWE
Présidente de l'ONG : Union des Femmes pour la Dignité Humaine/Comité pour annulation de la dette du tiers monde / Marche Mondiale des Femmes, " UFDH/CADTM/MMF ", Mbuji-Mayi, Kasaï Oriental, RD- Congo
1re Vice Présidente de la Coordination de la Société Civile de la Province du Kasaï Oriental, RDC
Présidente du réseau leadership des femmes au conseil provincial des femmes du Kasaï Oriental
Email: yvonnongoyi@yahoo.fr