Dans différents contextes, le genre se trouve aujourd’hui placé au centre de la promotion des identités nationales dites démocratiques, libérales et/ou progressistes. Pour montrer comment ces reconfigurations s’opèrent, ce dossier s’intéresse à trois univers professionnels et/ou associatifs articulant dans leur hiérarchie les notions de genre, de classe, de race et d’appartenance nationale : un centre de rétention pour étrangers en Allemagne (Mathilde Darley), une entreprise multinationale implantée en Arabie Saoudite (Amélie Le Renard) et une ONG œuvrant pour l’égalité hommes-femmes au Tadjikistan (Lucia Direnberger).
Au sein de ces organisations, certain.e.s sont en position de prescrire des comportements à d’autres, de les juger et/ou de les sélectionner en fonction de la conformité de leurs comportements à des normes de masculinité, de féminité et de sexualité spécifiques. Des dispositifs et des pratiques de travail, institutionnalisés ou informels, façonnent des normes associées – du moins aux yeux de celles et ceux qui prescrivent – à une communauté nationale imaginée. L’analyse de ces situations de configuration locale d’interactions interpersonnelles sur un pied d’inégalité aide à comprendre la manière dont les questions de genre peuvent être un enjeu de pouvoir et de légitimation non seulement à l’échelle nationale mais également internationale.
Hors dossier, Sophie Bernard s’intéresse au travail des caissières de supermarchés et hypermarchés face à l’automatisation des caisses qui se traduit par une transformation radicale de leur activité.
Sociétés contemporaines, "Genre et nation : Approches sociologiques", n° 94, 2014/2, 130 p. ISBN : 9782724633795