Les journalistes camerounais sont-ils complices des pratiques de pêche illicite enregistrées sur les quelques 15 400 km² qui constituent sa Zone économique exclusive ? La séance de formation organisée à l’attention d’une vingtaine de professionnels de médias le 8 juin dernier à Kribi sur la pêche illégale, non déclarée et non règlementée (INN) pourrait pousser à penser le contraire. De mémoire de journaliste, Marcellin Gansop, grand reporter à Equinoxe TV, confie que c’est la première fois qu’il prend connaissance du concept de pêche INN. Le training assuré par l’Ong anglaise Environmental Justice Foundation (EJF) vise à démystifier la notion et à encourager les femmes et hommes de médias à flirter avec dans leurs activités d’information.
La formation s’inscrit dans le cadre du projet « Supporting Cameroon’s Government Effort to Improve Fishery Management and stopping Illegal, Unregulated and Unreported (IUU) Fishing », financé par l’Ong Ocean 5 et développé en partenariat avec le ministère camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (MINEPIA) et l’Ong African Marine Mammal Conservation Organization (AMMCO). L’enjeu est d’impliquer les médias dans le relais d’informations, pour un plaidoyer efficace. « Pour un océan sain, une sécurité alimentaire renforcée et des moyens de subsistance pérennes, nous devons mettre un terme à la pêche illégale, non déclarée et non règlementée. Cette formation de journalistes contribuera à la transparence de la pêche au Cameroun », indique le directeur général et fondateur d’EJF, Steve Trent. « Elle soutiendra la Stratégie nationale de développement 2020-2030 dans le secteur de la pêche en donnant aux journalistes les outils dont ils ont besoin pour diffuser des informations pertinentes », ajoute-t-il.
Depuis le carton jaune infligé au Cameroun, EJF s’est rendu compte que les médias au niveau national n’en parlaient pas assez. Il n’y avait pratiquement pas de communication autour de cette activité. « Jusqu’au carton rouge, il n’y a pas eu une communication claire de la part des médias camerounais. Il n’y a pas eu d’enquêtes approfondies sur la question. Les articles qu’on a eu à trouver en ligne étaient juste des relais », précise Younoussa Abbosouka, Cameroon Oceans Campaigner à EJF. D’où l’intérêt qu’il y a à édifier les journalistes sur le carton rouge, sur le relais des activités du projet et sur la gestion de la pêche de manière globale au Cameroun. A travers le renforcement des capacités des professionnels des médias sur le reporting lié aux questions de pêche INN, ils pourront, dans l’avenir, jouer le rôle d’investigateur pour mener des enquêtes à titre individuel et/ou collectif, afin d’informer le public et les autorités compétentes sur les questions de la pêche et l’impact sur les communautés locales. A l’occasion, un réseau de journalistes sur la transparence des activités de pêche a été créé lors de l’atelier de Kribi.