À l'ouverture officielle du colloque international Du dire au faire, organisé conjointement par l'OIF et la Chaire Bonenfant de l'Université Laval de Québec, qui a eu lieu le 10 septembre 2008 à 17 heures à Québec, au Canada, la question du financement de la recherche au niveau global et régional a été lancée par les représentants du Québec et de la Francophonie.
L'insuffisance du financement est un obstacle majeur pour la recherche sur la cause des femmes. Ce message fort de la conférence officielle d'ouverture du colloque international Du dire au faire a été lancé notamment par Madame Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales de l'Université Laval.
Le contexte au Québec
Les chercheur-es dans ce domaine rencontrent nombre d'autres obstacles. Au Québec, en particulier, on craint présentement un recul quant aux attitudes favorables à la cause des femmes. " On ne sent plus le momentum de la cause des femmes dans la société, estime la vice-rectrice adjointe. L'un des gros défis de la cause des femmes est de garder sur la table l'égalité comme un enjeu. On voit que dans les salaires des femmes, dans les cas de violence, dans la féminisation de la pauvreté, il y a encore beaucoup de travail à faire ", témoigne Nicole Lacasse.
Considérant la conjoncture médiatique actuelle, où la pertinence du Conseil du statut de la femme au Québec est mise en cause par certaines personnalités journalistiques, notamment par Lise Ravary, rédactrice en chef du populaire magazine Châtelaine, le message tombe à point. " Il importe de ne pas penser que c'est quelque chose d'acquis, que l'égalité est une chose acquise ", avise-t-elle. Louise Langevin, professeure titulaire de la Chaire d'étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes de l'Université Laval, renchérit : " Spécialement au Québec et au Canada, on entretient l'idée que l'égalité est atteinte et qu'on n'a plus besoin de se battre. Et ça, c'est une idée fausse, c'est un mythe. Beaucoup de travail reste à faire. "
Du local au global
Même son de cloche de la part de Serge Rousselle, directeur du Bureau des Amériques à l'Agence universitaire de la Francophonie, qui a participé à la cérémonie : " On a beaucoup parlé de l'objectif à atteindre, soit l'égalité réelle, mais il ne faut plus seulement partager un objectif, il faut l'amener dans le concret. Ça veut dire développer des stratégies, passer à l'action. Et pour ça, il faut avoir de l'argent. "
Car les problèmes du financement et de la croyance d'une égalité atteinte sont intrinsèquement liés. " Le financement vient avec une sensibilité de la société et des décideurs à la cause des femmes et de l'égalité. Cette sensibilisation doit donc être constamment renouvelée ", rappelle la vice-rectrice adjointe.
Si les obstacles et les enjeux concernant la recherche sur la cause de femmes ne manquent pas, a-t-on assisté tout de même à certaines réussites de ce côté ? " Il n'y a jamais de grandes réussites, c'est un cumul de petites réussites qui font de grandes réussites ", considère-t-elle. Le fait que le gouvernement du Québec ou les grandes sociétés d'État demandent qu'il y ait égalité entre les hommes et les femmes en est déjà une. Selon la professeure Langevin, la plus grande d'entre elles demeure toutefois dans ce qu'on a réussi à établir : " La recherche a quand même montré que les rapports sociaux existent, que les rapports sociaux de sexe existent. C'est ce que le mouvement des femmes et la recherche sur les femmes ont apporté. C'est de dire : ''Il y a un rapport de dominance.'' "
D'avoir pu démontrer la spécificité des femmes en est une autre. Et de conclure : " La situation des femmes est particulière et différente de celle des hommes. Et parmi les femmes, il y a aussi des différences. Il n'y a pas UNE condition féminine, mais bien DES conditions féminines. Sur le plan de la recherche, c'est quand même une réussite. "
par Marie-Eve Lang
Étudiante au doctorat en communication
Université Laval
19/11/24 à 15h53 GMT