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Le monde commence à prendre conscience des migrations climatiques



  • Par Karin Rives
    Rédactrice

    Washington - L'évolution du climat n'est pas seulement responsable de l'élévation du niveau des mers et de périodes de sécheresse néfastes pour les cultures : elle pousse aussi un nombre croissant de personnes à quitter leurs foyers pour d'autres horizons.

    Lors d'une discussion récente tenue à Washington, des climatologues et des spécialistes des flux migratoires ont fait observer que, pour la première fois, la communauté internationale reconnaissait l'existence de ce phénomène et la nécessité de gérer la question des réinstallations.

    Face aux " migrations climatiques ", il y a des pays qui formulent des plans d'action nationaux, ont ainsi constaté les participants au forum qu'avait organisé la Brookings Institution le 7 octobre sur le thème suivant : " Conversations sur les adaptations aux changements climatiques : déplacements, migrations et réinstallations planifiées ".

    " Vous le voyez au Bangladesh et au Cambodge, et dans quelques autres pays, qui parlent de l'augmentation des mauvaises récoltes, des pénuries alimentaires et des migrations, en particulier de l'exode rural ", a ainsi noté Susan Martin, qui enseigne à l'université Georgetown. L'Érythrée et l'Éthiopie tiennent compte de leurs antécédents migratoires dans leur stratégie face aux sécheresses à répétition, tandis que la Gambie parle du caractère imprévisible de la saison des pluies qui affecte les mouvements de population, a-t-elle ajouté.

    De son côté, Chaloka Beyani, maître de conférences à la London School of Economics et spécialiste au sein du Conseil des droits de l'homme des Nations unies des questions liées aux déplacements internes des populations, a souligné l'importance qu'il y avait de planifier ces migrations de façon à éviter d'accentuer la dégradation de l'environnement.

    Il a évoqué son récent séjour dans une zone de réinstallation de réfugiés au Kenya dont les services et l'approvisionnement en eau faisaient défaut, déplorant l'absence d'une étude préalable sur les risques environnementaux et notant que l'afflux de nouveaux arrivants pourrait aggraver les pressions sur l'environnement.

    C'est un point de vue que partage Robin Mearns, spécialiste du changement climatique à la Banque mondiale. " Mieux on planifie et facilite les réinstallations et les migrations, moins les déplacements à venir seront coûteux et perturbateurs ", a-t-il déclaré.

    M. Mearns a fait remarquer que les estimations du nombre de personnes qui devront quitter leur région en raison des changements climatiques variaient considérablement. Elles oscillent entre des centaines de millions et des milliers seulement. Les premières études présentaient un scénario beaucoup plus alarmiste que celui qui ressort des travaux de recherche plus récents, ce qui donne à penser que les gens vont probablement se comporter comme dans le cadre des flux migratoires déjà établis. La dégradation de l'environnement n'est qu'une raison parmi d'autres qui incitent les gens à partir, et quand un événement catastrophique, une inondation par exemple, a pris fin, beaucoup retournent chez eux, a-t-il expliqué.

    " Le changement climatique a tendance à amplifier les flux migratoires existants, et non à en provoquer d'autres entièrement nouveaux, a-t-il poursuivi. Nous savons que les migrations liées au changement climatique prendront essentiellement la forme, en toute probabilité, de mouvements en provenance de zones rurales vers les villes au sein des pays en développement, et que la plupart des migrants à l'échelle mondiale - y compris ceux dont les déplacements sont contraints par les changements climatiques - resteront probablement dans leur pays au lieu de franchir les frontières internationales. "

    Un accord forgé au Mexique en 2010 lors de négociations climatiques menées sous l'égide des Nations unies comporte une disposition, la première en son genre, qui demande aux pays de coordonner leurs travaux portant sur les déplacements, les migrations et les réinstallations planifiées induits par le climat.

    Les pays riches se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020, dans le cadre d'une combinaison de programmes du secteur public et du secteur privé, afin d'aider les pays en développement à se préparer à surmonter ces défis, étant donné qu'ils seront les plus touchés par les effets nocifs du changement climatique.

    Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
    Site Internet : http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html
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