Le moins qu'on puisse dire, lorsqu'on jette un regard sur la gestion des établissements scolaires, c'est que la gestion y est faite selon les orientations que chacun se donne, en fonction du rôle qu'il joue et en fonction de ses intérêts. Au grand dam de la pédagogie et de l'éducation. Enquête sur quelques uns d'entre eux dans les régions administratives du centre et de l'ouest cameroun.
Les établissemnts scolaires publics présentent des visages disparates. On dirait, sans exagération aucune, que chacun d'entre eux a un visage qui ne ressemble à celui d'aucun autre. Les montants d'argent que les parents doivent débourser pour y inscrire leurs enfants sont en fonction de l'établissement. Certes, les pouvoirs publics ont arrêté le taux de 7500FCFA pour les élèves de la classe de sixième à la classe de troisième, de 10000FCFA de la classe de seconde à la classe de terminale pour l'enseignement secondaire général. La cacophonie commence quand il s'agit d'arrêter le taux que les parents doivent payer pour le compte de leurs asociations qui soutiennent les établissements scolaires. Chaque établissement fixe les taux en fonction de ses besoins et ils y varient d'année en année. Dès cet instants, les batailles s'engagent souvent entre les chefs d'établissements et les présidents de ces associations au point où les responsables peuvent perdre leur poste quand ils n'y trouvent pas purement et simplement la mort. Dans le département du mbam et inoubou, le Préfet a pris un acte qui fixe le montant des frais des associations des parents d'élèves. Lorsqu'on lui rappelle que c'est une association où l'on adhère et on fixe les taux en assemblée générale et qu'il n'a pas le droit de s'immixer, il répond que les parents se plaignent des montants très élevés et c'est pour cette raison qu'il a pris cet acte qui ne tient pas compte des besoins spécifiques de chaque établissement. cette cacophonie n'est pas seulement l'exclusivité de ce seul département.
A l'ouest comme à Yaoundé, les batailles sont tout aussi âpres. Les présidents des associations des parents d'élèves ne veulent pas laisser les chefs d'établissements gérer leur argent. Ils se soupçonnent les uns les autres et se regardent en chiens de faïance.
Les textes reglémentaires, qui devraient pourtant résoudre le problème, sont même ce qui crée et entretient ce désordre. Le décret présidentiel qui organise les établissements scolaires dit que les contributions des parents d'élèves sont simplement volontaires tandis qu'une circulaire du ministre des enseignements secondaires les rend obligatoires.
Plus grave les finances dôtaient souvent les établissements de budget de fonctionnement conséquents. Aujourd'hui, tout a été rogné par les décisions unilatérales de certains directeurs des services centraux des ministères au point où les établissements ne peuvent plus fonctionner sans ces financements des parents. Et personne n'ose décrier cela. Un chef d'établissement qui a réquis l'anonymat fait croire que, lorqu'il avait été nommé, le budget de fontionnement de son établissement s'élevait à 16.000.000 de FCFA par an. Il y a eu une première baisse qui l'a ramené à 9.000.000, une autre à 5.000.000 et la dernière à 600.000, lisez bien six cent mille FCFA.
Les pouvoirs publics ne construisent plus les salles de classe. C'est l'une des tâches qu'assurent les associations des parents d'élèves.
Lorsque l'on fait un tour au mytique Lycée Général Leclerc, considéré à tort ou à raison, comme le premier lycée du Cameroun, on peut tomber à la renverse. Du bloc administratif à certains autres bâtiments, les mûrs sont fissurés au point où il ne serait pas surprenant qu'ils tombent un jour en ensévélissant à mort certains responsables, enseignants ou autres élèves.
Lorsqu'on parle de la gestion des établissements scolaires, ce n'est qu'en terme d'argent et non en terme de pédagogie ou d'éducation.
Déjà l'inspecteur de pédagogie régional n'a pas cinquante mille francs de frais de mission par an. Pourtant on exige de lui, pour chaque trimestre, trois bulletins d'inspections. Conséquence: il ira dans quelques trois établissements de la place pour remplir cette formalité sans sortir de la ville pour aller jeter un coup d'oeil sur ce que font les autres collègues ailleurs. Et c'est poutant eux les plus nombreuxet peut être les plus nécessiteux en matière de formation continue.
Pourtant notre pays a signé la convention liée à l'objectif du développement durable concernant l'éducation où il s'engageait à financer l'éducation à concurence de 20% du produit intérieur brut. Non seulement on est encore loin du compte, mais aussi le peu qu'on alloue à l'éducation, qui a pourtant l'une des enveloppes les plus consistantes du budget, sert à autre chose(?) qu'à améliorer la qualité de l'éducation.
Vivement que la tendence s'inverse et que l'on mette de l'ordre dans ce domaine pour que nous puissions enfin suivre, non pas cette cacophonie à laquelle nous avons tendance à nous accoutumer, mais une belle symphonie.
19/11/24 à 15h53 GMT