Les changements climatiques en cours sont un fait avéré et les combattre ne sera pas aussi coûteux que d’aucuns le prétendent, ont expliqué le 30 juin à l’ONU deux des plus éminents spécialistes de la question, Rajendra K. Pachauri et Lord Stern of Brentford.
Le premier préside le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), instance qui s’est vue décerner le prix Nobel de la paix 2007 conjointement avec l’ancien Vice-Président américain Al Gore, tandis que le second a publié la même année pour le compte du Gouvernement britannique la « Stern Review », une étude faisant autorité sur le sujet.
Avant de rencontrer la presse, M. Pachauri et Lord Stern s’étaient exprimés devant le Conseil économique et social en ouverture de sa session de fond. Selon eux, si elle se poursuit sur la courbe actuelle, la hausse des températures rendra tout développement caduc, le climat devenant « excessivement hostile ».
À ceux, encore nombreux, qui s’interrogent sur la réalité du réchauffement de l’atmosphère, Lord Stern répond: « Contester le changement climatique, c’est comme affirmer que la Terre est plate ». Il ne s’agit même pas d’une « faible probabilité concernant un éventuel gros problème mais d’une grande probabilité touchant un énorme problème ».
Les conséquences économiques du réchauffement de la planète, a-t-il prévenu, seront telles si l’on n’y met pas bon ordre, que toute croissance économique deviendra impossible, annihilant ainsi les perspectives de développement des pays qui en ont le plus besoin. Pour Rajendra K. Pachauri, le modèle de développement actuel étant de toute évidence insupportable, il doit être revu pour le rendre durable. Il n’est pas trop tard mais le temps presse, selon les deux experts.
La bonne nouvelle à cet égard, ont-ils souligné, réside dans le fait que le coût des actions à entreprendre n’est pas aussi élevé qu’on ne le craint généralement. L’économiste indien l’évalue à 3% du produit intérieur brut mondial d’ici 2030. Il n’est pas exclu, a-t-il dit, que le bilan final soit bénéficiaire et non déficitaire. Au bout du compte, c’est l’inaction qui serait la plus coûteuse.
Les deux hommes se sont toutefois mis d’accord pour dire que le champ d’action est très étroit. Il faut, ont-ils affirmé, que les émissions de gaz à effet de serre commencent à diminuer d’ici 2020, ce qui implique un programme d’action contraignant. Il y a des raisons d’être optimiste lorsque l’on constate que les solutions sont soit connues, soit à notre portée de main, en ce qui concerne le moyen terme.
D’ores et déjà, le développement des énergies renouvelables est rapide. Il est probable, par exemple, que d’ici une vingtaine d’années, les voitures électriques sortent de leur marginalité. M. Pachauri en a voulu pour preuve la réorientation vers des modèles moins énergivores annoncée récemment par le constructeur automobile General Motors. Mais encore faut-il que la technologie et l’industrie soient encouragées par les décideurs politiques.
Lord Stern a jugé très sérieux les engagements pris à cet égard par l’Europe et s’est dit convaincu que les États-Unis vont rapidement sortir de leur attentisme. « Il y a de bonnes chances que les États–Unis s’engagent dès le premier semestre de 2009, ce qui serait un signal absolument essentiel donné au reste du monde ». Les deux candidats à la Maison blanche, a-t-il constaté, affirment la nécessité de réagir face aux changements climatiques.
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