Le 30 octobre, à l'issue de deux semaines de négociation, les Parties à la Convention sur la diversité biologique ont adopté un plan stratégique pour la période 2011-2020, visant à promouvoir une mise en oeuvre plus efficace de la Convention. Les discussions informelles menées au sein d'un groupe de contact le dernier jour de la réunion ont abouti à un compromis sur les questions essentielles qui continuaient à diviser les délégués : le lien entre objectifs du plan et ressources financières, la formulation de la mission du plan, les pourcentages mentionnés dans les différents objectifs.
Le Plan adopté a pour vision de "Vivre en harmonie avec la nature ", à savoir un monde où, " 'ici à 2050, la diversité biologique est valorisée, conservée, restaurée et utilisée avec sagesse, en assurant le maintien des services d'écosystèmes, en maintenant la planète en bonne santé et en procurant des avantages essentiels à tous les peuples". Sa mission engage les Parties à : "Prendre des mesures efficaces et urgentes pour mettre un terme à l'appauvrissement de la diversité biologique, afin de s'assurer que d'ici à 2020 les écosystèmes sont résilients et continuent de fournir des services essentiels, préservant ainsi la diversité de la vie sur Terre, et contribuant au bien-être humain et à l'élimination de la pauvreté. Pour garantir ceci, les pressions exercées sur la diversité biologique sont réduites, les écosystèmes sont restaurés, les ressources biologiques sont utilisées d'une manière durable et les avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques sont partagés d'une manière juste et équitable; des ressources financières suffisantes sont fournies, les capacités sont renforcées, les considérations relatives à la diversité biologique et la valeur de la diversité biologique sont intégrées, des politiques appropriées sont appliquées de manière efficace, et les processus décisionnels s'appuient sur des bases scientifiques solides."
Le Plan stratégique comprend 20 grands objectifs pour 2020, regroupés en cinq buts stratégiques. Notons quelques-uns de ces objectifs :
D'ici à 2020 :
- Les valeurs de la diversité biologique ont été intégrées dans les stratégies et les processus de planification nationaux et locaux de développement et incorporés dans les comptes nationaux, selon que de besoin, et dans les systèmes de notification.
- Les incitations, y compris les subventions néfastes pour la diversité biologique, sont éliminées, réduites progressivement ou réformées, afin de réduire au minimum ou d'éviter les impacts défavorables, et des incitations positives en faveur de la conservation et de l'utilisation durable de la diversité biologique sont élaborées et appliquées, d'une manière compatible avec les dispositions de la Convention et les obligations internationales en vigueur, en tenant compte des conditions socioéconomiques nationales.
- Le rythme d'appauvrissement de tous les habitats naturels, y compris les forêts, est réduit de moitié au moins et, si possible, ramené près de zéro, et la dégradation et la fragmentation des habitats sont sensiblement réduites.
- Les espèces exotiques envahissantes et les voies d'introduction sont identifiées et classées en ordre de priorité, les espèces prioritaires sont contrôlées ou éradiquées et des mesures sont en place pour gérer les voies de pénétration.
- Au moins 17 % des zones terrestres et d'eaux intérieures et 10 % des zones marines et côtières sont conservées au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d'aires protégées gérées efficacement et d'autres mesures de conservation effectives par zone, et intégrées dans les paysages terrestres et marins plus larges.
- L'extinction d'espèces menacées connues est évitée et leur état de conservation, en particulier de celles qui tombent le plus en déclin, est amélioré et maintenu.
- Les écosystèmes qui fournissent des services essentiels, y compris l'eau, et contribuent à la santé, aux moyens de subsistance et au bien-être, sont sauvegardés et/ou restaurés, compte tenu des besoins des femmes, des communautés autochtones et locales, et des populations pauvres et vulnérables.
- Les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles des communautés autochtones et locales qui présentent un intérêt pour la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique, ainsi que leur utilisation coutumière durable, sont respectées, sous réserve des dispositions de la législation nationale et des obligations internationales en vigueur, et sont pleinement intégrées et prises en compte dans le cadre de l'application de la Convention, avec la participation entière et effective des communautés autochtones et locales, à tous les niveaux pertinents.
- La mobilisation des ressources financières pour la mise en oeuvre effective du Plan stratégique, de toutes les sources, selon le processus consolidé et adopté dans la Stratégie pour la mobilisation des ressources, devrait augmenter considérablement par rapport aux niveaux actuels.
- D'ici à 2015, les pressions anthropiques exercées sur les récifs coralliens et les autres écosystèmes vulnérables marins et côtiers sont réduites au minimum.
Le Plan contient des aspirations à satisfaire au niveau mondial, mais la responsabilité incombe à chaque Partie à la Convention d'établir ses propres objectifs, au niveau local, national et régional, en fonction de leurs besoins et de leurs priorités, tout en respectant le cadre souple fixé par le Plan stratégique et en tenant compte de la contribution de chaque pays à la réalisation des buts mondiaux.
Laura Baroni, UICN, pour l'IEPF
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