D’après un nouveau rapport de la CNUCED, une meilleure intégration des pays
les plus pauvres dans les marchés mondiaux passe par l’instauration de réformes
globales et systémiques.
Le Rapport 2010 sur les pays les moins avancés(1), intitulé "Vers une nouvelle
architecture internationale du développement pour les PMA", propose les
grands axes de ce que pourraient être les objectifs de cette nouvelle
architecture du développement :
* Inverser la marginalisation de ces pays dans l’économie
mondiale et contribuer à leurs efforts de rattrapage, en particulier en les
aidant à développer leurs capacités productives. En d’autres termes en
produisant de façon efficace et compétitive un éventail de plus en plus large
de biens et services à plus forte valeur ajoutée grâce à une augmentation de l’investissement
et de l’innovation;
* Soutenir un mode de croissance économique accélérée afin d’améliorer
le bien-être général et la protection de la population des pays les moins
avancés (PMA);
* Aider les PMA à sortir de cette catégorie. Seuls deux
pays, le Botswana et le Cap-Vert, y sont parvenus au cours des trente dernières
années.
Il ne sert à rien de poursuivre ce qui a été fait jusqu’ici, prévient la
CNUCED. Un certain nombre de mesures internationales d’appui aux PMA, conçues
pour promouvoir le développement économique de ces pays, ont eu des effets bien
plus symboliques que pratiques. Dans la majorité des cas, elles n’ont pas
favorisé le développement des capacités productives. Or, l’insuffisance de ces
capacités est la clef des faiblesses économiques structurelles des PMA.
Les gouvernements des PMA doivent jouer un rôle plus actif dans la mise en
place de conditions favorables à l’accumulation de capital, au progrès
technologique, aux transformations structurelles - afin, notamment, d’être
moins tributaires des exportations de produits de base - et à la création d’emplois
productifs sans lesquels on ne peut réduire la pauvreté de manière conséquente.
La nouvelle architecture internationale du développement devrait soutenir ces
efforts nationaux.
L’architecture proposée va au-delà de l’aide et du commerce. Elle prend aussi
en compte la technologie, les produits de base et les changements climatiques
en tant qu’éléments clefs. Elle suppose ainsi une réforme des régimes
économiques mondiaux dans les domaines ayant des incidences directes sur le
développement et la réduction de la pauvreté dans les PMA. Elle encourage l’élaboration
d’une nouvelle génération de mécanismes internationaux spéciaux d’appui aux PMA
pour en résoudre les faiblesses structurelles intrinsèques. Elle préconise
aussi de renforcer la coopération Sud-Sud pour le développement.
Le programme d’action que propose la CNUCED pour créer une nouvelle
architecture internationale du développement repose sur cinq grands éléments:
* Financement : la CNUCED recommande des courants d’aide
publique au développement conformes aux engagements d’aide de 0,15 et 0,20 % du
revenu national brut (RNB) prescrits par le Comité d’aide au développement
(CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Elle plaide en faveur d’une plus grande appropriation par les pays des
stratégies nationales de développement. Il conviendrait aussi de davantage
recourir à l’aide pour soutenir la mobilisation des ressources intérieures;
ainsi que d’utiliser l’aide de façon novatrice afin de développer les capacités
productives;
* Commerce : le Rapport propose que les résultats
"initiaux" des mesures en faveur des PMA (telles que l’accès en
franchise totale de droits et hors contingent pour tous les PMA et un
traitement plus favorable du commerce des services des PMA), qui ont déjà été
approuvées durant le cycle de négociations commerciales multilatérales de Doha,
ne soient pas subordonnés à l’achèvement des négociations. Il recommande de
donner aux PMA les moyens d’utiliser les flexibilités prévues dans les règles
commerciales actuelles de façon qu’ils puissent mettre en oeuvre des politiques
commerciales stratégiques, et de fournir une aide au commerce plus efficace;
* Produits de base : l’absence de gouvernance mondiale
semble être le principal obstacle à une plus grande stabilité des prix et des
revenus. Les actions prioritaires au niveau du régime économique mondial
devraient notamment être l’adoption de nouvelles mesures pour réduire l’instabilité
des marchés des produits de base et les effets néfastes de cette instabilité.
En outre, il est proposé d’améliorer la gestion pour que les PMA tirent plus de
bénéfices de l’exploitation de leurs ressources naturelles, ce qui atténuerait
leurs difficultés financières et budgétaires;
* Technologie : le Rapport recommande l’adoption d’une
nouvelle architecture du savoir, cohérente et dynamique, axée sur les besoins
et les capacités technologiques des PMA. Il préconise en particulier une
réorientation de la gouvernance mondiale en matière de technologie et de droits
de propriété intellectuelle, et propose divers mécanismes internationaux d’appui,
dont la création d’une banque de licences de technologie et d’un fonds d’affectation
spéciale multidonateurs pour le financement de l’innovation des entreprises
dans les PMA;
* Changements climatiques : le Rapport recommande un
financement immédiat et adéquat du Fonds pour les PMA et un accès amélioré de
ces pays au Mécanisme pour un développement propre de la Convention-cadre des
Nations-Unies sur les changements climatiques pour surmonter les obstacles
financiers à leur accès aux technologies des énergies renouvelables.
La coopération Sud-Sud pour le développement est considérée comme pertinente au
regard de ces cinq grands domaines. En 2007-2008, les pays en développement ont
représenté 62 % des importations de marchandises des PMA et la moitié des
exportations de marchandises de ces pays. Il existe diverses possibilités d’expansion
des flux de commerce, de technologie et d’investissement entre les PMA et les
autres pays en développement, ainsi que d’échange d’expériences, dont il faut
se saisir, indique le Rapport de la CNUCED.
Le programme proposé par la CNUCED permettrait de créer un environnement
international beaucoup plus propice aux PMA. L’un des défis que doit relever de
toute urgence la communauté internationale est d’associer les mécanismes internationaux
d’appui aux PMA à un nouveau cadre de politique et de coopération
internationales offrant un système de gouvernance mondiale plus stable et plus
équitable pour les pays. Cela rendra plus efficace l’appui international
spécial aux PMA et contribuera aussi à intégrer les problèmes de ces pays dans
le plus large contexte des activités et des débats internationaux relatifs au
développement.
Un milliard de personnes vivront dans les PMA en 2017. Ces pays doivent trouver
de nouveaux modes de développement qui réduiront leur marginalisation dans l’économie
mondialisée et atténueront considérablement leur pauvreté.
[COP16-climat]
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