Les négociations de la 16e Conférence sur les changements climatiques ont finalement été conclues à 3 h 15 dans la nuit de vendredi à samedi. Après deux semaines intensives de travail, les 193 pays membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont adopté un nouveau texte sous le Protocole de Kyoto.
Les délégués, négociateurs et ministres ont surmonté leurs différents géopolitiques pour négocier cet accord international qui augmentera l'effort global pour lutter contre les changements climatiques. Cet accord de Cancun n'est pas seulement un pas en avant contre le réchauffement de la planète, il représente également un terrain d'entente ayant rétabli une coopération et une confiance dans le système international. Confiance qui n'existait plus depuis l'échec de Copenhague en décembre 2009.
Vendredi : un travail studieux
Résumant les discussions des deux dernières semaines, une ébauche finale a été publiée dans la journée de vendredi. Après quelques heures de révision, les pays se sont divisés en sous-groupe de travail pour proposer les derniers amendements. À 23 h, avec le texte final entre leurs mains, les représentants des pays, attentifs malgré l'heure tardive, ont entamé la plénière finale. Au cours de celle-ci, chacun avait l'espace pour exprimer ses dernières réticences et demander des modifications. L'objectif était d'adopter un texte final avant la fin de la nuit.
Avant vendredi soir, nul ne pouvait prédire comment se termineraient les négociations. La première période d'engagement du protocole expire en 2012 et les discussions à Cancun visaient le développement d'un nouvel accord pour la deuxième période d'engagement de Kyoto. Plus tôt durant cette semaine, le Japon, la Russie et le Canada avaient manifesté une résistance en remettant en question cet engagement. Vendredi soir, c'est au tour du Venezuela, de l'Arabie Saoudite, de Cuba et de la Bolivie à ralentir la plénière finale avec certaines réserves.
L'objection de la Bolivie
La Bolivie a critiqué durement, et à plusieurs reprises, différents articles en déplorant le manque d'ambition que le texte final représentait pour répondre à la crise du climat. Malgré le bien-fondé des idées de la Bolivie et après quelques débats enflammés entre pays, la Présidente de la Conférence de la plénière, madame Patricia Espinosa, a finalement déclaré qu'il y avait un consensus majoritaire sur l'accord. Interpellant la Bolivie, elle a demandé à son représentant de ne pas en bloquer l'adoption, sans quoi le sommet de Cancun aurait mené nulle part.
Un des grands défis de notre temps
Le texte final endosse le fait que les changements climatiques " représente un des plus grand défi de notre temps " et qu'il requiert coopération et action à long-terme pour éviter des impacts dévastateurs à l'échelle planétaire. Plusieurs délégués et militants s'entendent pour dire que cet accord n'est pas parfait, mais qu'il représente une bonne base pour aller de l'avant.
Les points positifs qui ressortent de l'accord de Cancun sont que les pays développés ont convenu de développer un " fond vert pour le climat " de plus de 100 milliards de dollars américains (USD) pour l'adaptation aux changements climatiques et le transfert des technologies vers les pays en voie de développement. Les pays se sont aussi entendu pour limiter le réchauffement de la planète à 2 degrés Celsius au-delà du niveau préindustriel, avec une mention pour considérer une limite de 1,5 degrés prochainement. Cet accord mentionne aussi que les pays étendront le Protocole de Kyoto avec des nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre.
La frilosité du Canada
Pour l'instant, le texte mentionne que les pays développés doivent diminuer leurs émissions de CO2 de 25 à 40 % sous le niveau de 1990 d'ici 2020. Un objectif global ambitieux, puisque les pays ont majoritairement failli à leurs promesses prises face à la première période d'engagement de Kyoto qui visait une réduction de 5 % sous 1990. Frondeur, M. John Baird, ministre de l'environnement du Canada, a affirmé que le Canada refuserait de s'engager à atteindre cette obligation.
Malheureusement, l'Accord de Cancun ne contient pas encore de cibles de réduction spécifiques pour chacun des pays comme avec le Protocole de Kyoto et il n'est pas légalement contraignant, non plus. Par contre, il ouvre la porte afin que ces sujets soient abordés éventuellement. Ce genre de détails sera crucial lors des négociations de l'an prochain, durant la 17e conférence à Durban, en Afrique du Sud.
La jeunesse canadienne pour le climat y sera. Elle continuera à réclamer que les pays fassent plus et vite.
Par Audrey Yank
Membre de la délégation de la Jeunesse canadienne à Cancun
Mots-clés : Climat, Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Protocole de Kyoto, Accord de Cancun.
[COP16-climat]
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