" La marchandisation et la privatisation " de l'eau, à laquelle on assiste dans plusieurs pays où vivent les " Premières Nations ", ont été vivement dénoncées aujourd'hui (24 mai 2011) à l'Instance permanente pour les questions autochtones qui a tenu un débat sur le thème " Le droit à l'eau et les peuples autochtones ". En présence de la Rapporteure spéciale chargée de ces questions, les intervenants ont rappelé le droit des autochtones à participer à la gestion de cette ressource.
L'exclusion des peuples autochtones de la gestion de l'eau a été qualifiée de violation flagrante de la Déclaration sur les droits de ces peuples qui dit à l'alinéa 2 de son article 8: " Les États mettent en place des mécanismes de prévention et de réparation efficaces visant tout acte ayant pour but ou pour effet de déposséder les peuples autochtones de leurs terres, territoires ou ressources ".
Pour les intervenants, cette disposition est tout autant violée que le principe, consacré par la même Déclaration, du consentement préalable, libre et éclairé, sans parler de la " relation spirituelle " qu'entretiennent les peuples autochtones avec l'eau. Le représentant de la Suède a rappelé que dans sa résolution du 28 juillet 2010, l'Assemblée générale a reconnu le droit à une eau potable salubre et propre comme un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l'homme.
Comment assurer son respect? La représentante de " Organisation Tidawt ", du Niger, a relevé des contradictions entre le droit coutumier et le droit positif. Elle a recommandé un état des lieux des pratiques de gestion de l'eau par les autochtones.
Il faut une règlementation plus stricte, a plaidé un membre de l'Instance permanente, avant qu'un membre du Parlement autochtone de l'Amérique, n'indique qu'au Venezuela, l'État a l'obligation juridique de veiller à la préservation de l'eau et que des lois garantissent une consultation préalable des communautés autochtones. Le " droit souverain " de chaque État de réguler l'accès à l'eau a été invoqué par le représentant de Cuba.
Pour appliquer ce " droit souverain ", plusieurs idées ont été lancées. L'élaboration de codes de gestion de l'eau, en consultation avec les populations autochtones a été présentée comme la solution, et dans ce cadre, " aucun pouvoir ne devrait être cédé au secteur privé ".
Le représentant de la Bolivie est allé plus loin. Il a prôné l'instauration d'un impôt sur les transactions financières pour créer un fonds de promotion de l'accès à l'eau. En la matière, l'établissement d'indicateurs d'accès à l'eau dans les communautés autochtones a été préconisé, ainsi que la création d'un réseau multidisciplinaire de connaissances qui intègre les préoccupations et les savoir-faire autochtones.
Ces questions devraient être débattues plus avant, en 2012, à la Conférence sur l'environnement et le développement " Rio 20 " et en 2014, à la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.
Source : Conseil Economique et Social des Nations Unies
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La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (721 hits)