Dans un contexte rendu dramatique par la sécheresse qui affecte durement la région de la corne de l'Afrique, sécheresse qualifiée de " véritable tueur silencieux " par le Président de la soixante-sixième session de l'Assemblée générale, M. Nassir Adulaziz Al-Nasser, l'Assemblée a tenu une Réunion de haut niveau, organisée dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, pour tirer la sonnette d'alarme et rappeler au monde que les vies de deux milliards de personnes sont concernées par ce phénomène et ses impacts.
Il a été convenu que le Président de l'Assemblée générale présentera la synthèse des discussions de ce jour lors de la dixième session de la Conférence des États parties à la Convention sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement affectés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, qui doit se tenir du 10 au 21 octobre à Changwon, en République de Corée, et lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui aura lieu à Rio de Janeiro, au Brésil, du 4 au 6 juin 2012 (Conférence Rio+20).
Chaque année, ce sont 12 millions d'hectares de terres cultivables qui disparaissent en raison de la désertification, soit l'équivalent, au bout de 10 ans, de la taille d'un pays comme l'Afrique du Sud! Cette réalité est d'autant plus alarmante que les capacités globales de production alimentaire devront être augmentées de 70%, afin de nourrir les neuf milliards d'habitants que devrait compter la planète Terre en 2050.
Les intervenants au débat organisé par l'Assemblée générale se sont ainsi dits " vivement préoccupés " par la situation des 2,3 milliards de personnes qui vivent dans les zones arides, et dont les moyens de subsistance, essentiellement tirés de l'élevage du bétail et de la culture des terres sont menacés par la désertification.
" Les habitants des terres arides de la planète comptent parmi les populations les plus pauvres et les plus vulnérables, notamment aux risques de famine ", a ainsi déclaré M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies, qui a également attiré l'attention de l'Assemblée générale sur les 13 millions de personnes qui, en ce moment, ont besoin d'une aide humanitaire urgente à Djibouti, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. " La survie de ces gens dépend des sols dégradés, dont la productivité a diminué en deçà du niveau de subsistance alimentaire ", a souligné M. Ban.
Comme l'a indiqué, dans une déclaration liminaire, M. Luc Gnacadja, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, " la désertification fait courir un risque à chacun d'entre nous. Entre la survie et l'extinction de l'espèce humaine, il n'y a qu'une dizaine de centimètres de sol fertile ".
Les intervenants au débat d'ouverture et aux tables rondes qui l'ont suivi ont souligné l'interdépendance existant entre la lutte menée contre la désertification par les États et l'ambition poursuivie par la communauté internationale d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). " S'il n'est pas mis fin au phénomène de la désertification, ses impacts risquent d'annihiler nos efforts de lutte contre la pauvreté ainsi que ceux déployés en faveur de la réalisation des OMD et du développement durable ", a averti le Secrétaire général.
M. Ban a appelé la communauté internationale à une véritable prise de conscience, déplorant que les zones arides -soit 40% de la surface des terres de la planète- soient aussi trop souvent des déserts en termes d'investissements, car étant perçues par les gouvernements et les autres acteurs internationaux comme une cause perdue d'avance. " Rien n'est cependant plus éloigné de la vérité ", a souligné Ban Ki-moon.
Le Président de l'Assemblée, pour sa part, a insisté sur la mise en place de stratégies globales, venant appuyer des initiatives locales, afin de parvenir à un taux de dégradation des sols qui soit égal à zéro. Il s'est ainsi réjoui de l'initiative de l'Union africaine " Un grand mur vert ", qui participe à la lutte contre la désertification dans la région du Sahel en procédant à la plantation d'un véritable mur d'arbres couvrant une zone qui va du Sénégal, à l'Ouest, à Djibouti, à l'extrémité Est du continent.
Plusieurs intervenants ont également insisté sur la nécessité de mettre en place un panel scientifique global qui renforcerait les liens entre la communauté scientifique et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, adoptée en 1994, et permettrait de donner l'alerte en cas de menace de situations de crise. Adoptée en 1994, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a été signée par 194 pays. Elle est le seul instrument juridiquement contraignant liant l'environnement, le développement et la préservation des sols.
M. Alberto D'Alotto, Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Argentine, a fortement déploré que la mise en oeuvre de cette Convention " soit à la traîne " comparée à celle des deux autres Conventions de Rio, qui sont respectivement la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la diversité biologique. Plusieurs délégations ont fait le même constat.
Dans ses remarques de clôture, le Président de l'Assemblée générale a confirmé qu'il transmettrait à la Conférence de Changwon, ainsi qu'à la Conférence de Rio+20, les principales suggestions formulées lors du débat et des tables rondes qui ont eu lieu aujourd'hui. Parmi ces suggestions et recommandations, il a notamment cité celle ayant trait à la création d'un groupe d'experts sur la désertification et la dégradation des sols. Résumant l'importance des travaux de la journée, marqués par les deux tables rondes coprésidées notamment par les Présidents du Nigéria et de l'Autriche, M. Al-Nasser en a rappelé la teneur des enjeux en une phrase: " la désertification ne tue pas seulement les hommes, elle tue également notre développement et notre avenir ".
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