« Quand on a besoin d’une vitrine en matière de biodiversité, on met l’outre-mer en avant ». Tels sont les mots de José Gaillou, vice président de la région Guyane. Des mots révélateurs et a priori fondés puisque 40% de l’énergie produite dans ce département serait renouvelable. Alors, un modèle à suivre pour la France ?
Une consommation d’énergie croissante
Le premier constat, paradoxal semble t-il, que nous pouvons établir, est que la consommation d’énergie finale a augmenté de 2,5% entre 2000 et 2010. Alors, progrès écologique ? Modèle à suivre en matière de développement durable ? La question demande d’être étudiée de près. Selon l’Insee, la consommation d’électricité augmente plus vite que la population à la Réunion. De la même manière, la consommation d’énergie primaire a fortement augmenté en dix ans, passant à 3,1% de l’énergie consommée par an.
Le modèle réunionnais prend donc immédiatement du plomb dans l’aile, à la lecture de ces chiffres qui en plus, ne font que confirmer une tendance. En effet, la situation énergétique métropolitaine n’a rien à envier à la situation énergétique réunionnaise dans la mesure où ce sont les énergies fossiles qui prédominent à la Réunion. Le charbon et le gaz butane représentent par exemple 87,5% de la consommation d’énergie primaire à eux seuls.
La fine part des énergies renouvelables
Si La Réunion est souvent mise en avant, il semblerait en fait que la part des énergies renouvelables ne soit pas si importante que cela. Toujours selon l’Insee, la part des énergies renouvelables est de 12,5% de la production d’énergie, ce qui correspond à une diminution de trois points depuis 2000. Depuis 2008, le photovoltaïque, l’éolien et le biogaz se développement mais représentent aujourd’hui une part très faible de la production d’énergie.
Si ce genre d’éléments doivent être soulignés pour ne pas tomber dans une admiration gaga du département (on note également la mise en service de 27 000 nouveaux véhicules chaque année), il reste que certaines initiatives permettent de nourrir beaucoup d’espoir.
Rappelons à ce titre que La Réunion est le premier département français pour l’utilisation de chauffe-eau solaires puisque pas moins de 80 000 appareils fonctionnent sur l’île. Le potentiel de l’île n’est pas non plus à négliger. Christian Estrosi, secrétaire d’Etat à l’outre-mer, affirme par exemple que l’outre-mer représente « 97% de la superficie des eaux maritimes françaises » et possédait « l’un des quinze derniers massifs de forêt tropicale non encore fragmenté par des activités humaines (en Guyane) et le deuxième lagon du monde (en Nouvelle-Calédonie) ».
De tels chiffres nous appellent donc à une grande prudence quant à l’efficacité énergétique de La Réunion et plaident pour un minimum de retenue dans l’admiration qu’elle peut susciter. Si de nombreuses installations comme la centrale thermique de Bois-Rouge ou la ferme photovoltaïque du Port sont remarquables, l’île est encore loin d’être en mesure de prodiguer des conseils à la Métropole.