Au travers d’une résolution sur l’environnement de l’ONU, l’OACI s’est engagée à mettre en place un accord harmonisé à l’échelle mondiale en vue de réduire les émissions de dioxyde de carbone.
Par Victorine Ghislaine Nzino Munongo
L’aviation civile est généralement présentée comme un secteur réservé aux techniciens de l’aviation et par conséquent, un secteur mal connu du public (1). Pourtant, il s’agit d’une activité économiquement pertinente par sa rentabilité sur le plan mondial. Selon les statistiques de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), il représente 8 % du produit intérieur brut mondial des produits domestiques et surtout « une ligne de sauvetage économique pour les pays en développement » (2). De manière concrète, l’aviation civile englobe le transport de passagers et de marchandises. À ce titre, il facilite les liaisons entre les populations dispersées dans l’espace, stimule les échanges commerciaux, favorise le tourisme, contribue au développement de l’agriculture et facilite l’intégration géographique et économique d’un pays (1). Présentée comme le catalyseur du développement des activités économiques, l’aviation civile contribue ainsi au bien-être social et, par conséquent, est un support indéniable de la paix (1).
Toutefois, la contribution de l’ensemble du transport aérien à la pollution atmosphérique est estimée à 3,5 %(1). Bien que ce chiffre semble relativement petit, il est toutefois nécessaire de considérer que le trafic aérien, au fil du temps, va dans le sens croissant. L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté une résolution sur l’environnement qui fait de l’Organisation de l’aviation civile internationale la première institution des Nations Unies à amener un secteur économique entier à mettre en place un accord harmonisé à l’échelle mondiale en vue de réduire ses émissions de dioxyde de carbone. L’objectif mondial de mettre en place une norme environnementale limitant les émissions de dioxyde de carbone des moteurs d’avions en 2013 a été ainsi fixé (3). Néanmoins, il est important de mentionner que les objectifs prioritaires de l’Organisation de l’aviation civile internationale à sa création n’étaient pas environnementaux. Ils étaient plutôt orientés vers (a) l’élaboration des principes et des techniques de la navigation aérienne internationale, (b) la promotion de la planification et (c) le développement du transport aérien international. Cette perspective a connu un ajustement en ce que l’Organisation de l’aviation civile internationale a adopté vers la fin de 1968, une résolution par laquelle elle reconnaît la gravité du problème du bruit au voisinage des aéroports. En 1971, une nouvelle résolution est adoptée, cette dernière reconnaît les effets néfastes de l’activité aéronautique sur l’environnement. C’est ainsi que l’attention s’est progressivement orientée vers les émissions des moteurs d’avions, le bruit des aéronefs, la pollution autour des aéroports, le risque aviaire, l’occupation des zones aéroportuaires, etc. D’où la systématisation des normes environnementales en son sein et la mise en œuvre de développement durable. Relativement au concept du développement durable, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, lors de son investiture pour son second mandat, le 21 juin 2011, a affirmé : « Nous sommes […] entrés dans une nouvelle ère, qui peut être définie comme l’âge du développement durable, dans lequel notre sécurité, voire notre survie, dépendra de la capacité du monde à prendre trois engagements : mettre fin à l’extrême pauvreté, garantir les droits de l’homme pour tous et protéger l’environnement naturel du changement climatique d’origine humaine, de la destruction de la biodiversité et de l’épuisement des ressources en eau et d’autres ressources vitales » (4). Dans un tel contexte, le secteur de l’aviation civile occupe une place que l’on pourrait qualifier de stratégique. Ainsi, l’aviation civile par son ancienneté dans l’implication de la lutte contre les changements climatiques et son impact non négligeable sur les plans socio-économique et environnemental pourrait faire figure de catalyseur majeur en matière de développement durable.
RÉFÉRENCES :
(1) Kamajou, A., 2001. L’aviation civile au Cameroun : état des lieux et perspectives. Cameroun : Autorité Aéronautique. p. iv.
(2) International Civil Aviation Organization, Safe, Secure, Sustainable, 2010. Historic Achievements. International Civil Aviation Organization, Safe, Secure, Sustainable, 65 (6), pp 6-16.
(3) Sécurité Aviation Magazine de l’Agence pour la Sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar, 2010. Sécurité, sureté et climat à la loupe. Sécurité Aviation Magazine de l’Agence pour la Sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar,11, p.23.
(4) Sachs, J. 2011. Ban Ki-moon et l’âge du développement durable [en ligne]. Lesechos.fr. http://lecercle.lesechos.fr/node/36071. [Consulté le 02/2015].
Source: L'Interdisciplinaire, journal étudiant de l'Institut EDS
[Journallinterdisciplinaire]