ECO est publié par les ONG. Ce bulletin est produit de façon collective par les groupes du Réseau Action Climat mondial présents à la COP21 de Paris.
Edito :
Au moment où ECO était imprimé, le Comité de Paris venait de se remettre au travail. L’issue de cette séance de négociations est toujours incertaine. Mais cela ne doit pas empêcher une analyse rigoureuse du nouveau texte, où de grandes questions doivent encore être tranchées. Globalement, l’ambiguïté règne : plusieurs décisions encore entre crochets hier sont maintenant purement et simplement reportées. ECO fait un ultime appel aux ministres et à leurs chefs d’États ou de gouvernement, qui devront faire les arbitrages de dernière minutes.
Ambition
Les Parties choisissent de rester dans la zone “bien en dessous de 2°C”, poursuivant toujours l’objectif d’une limite de réchauffement de 1,5°C. Cependant, ce n’est pas compatible avec une neutralité des émissions de gaz à effet de serre qui pourrait être atteinte vers la moitié de notre siècle. La décarbonation (sans entourloupes comme la compensation intermittente ou la géo-ingénierie) est nécessaire et doit être le combat mené par ceux qui se disent ambitieux !
Différenciation
Les variations sans fin du nouveau texte, qui tente de recadrer le passage du préambule de la Convention relatif aux “responsabilités communes mais différenciées et en rapport avec les capacités respectives” et “les situations économiques et sociales” (le petit grain de sel d’ECO), reflètent une véritable lutte mondiale pour parvenir à composer avec de nouvelles réalités. ECO ne romance pas le passé et n’ignore pas les responsabilités historiques. L’Accord de Paris ne remplira son but que si le respect de la Convention est total.
Finance
Ce qui nous amène aux moyens de mise en œuvre. Le plancher des 100 Md$ semble faire consensus. Mais l’accord ne fait pas assez pour faire “basculer ces trillions”. ECO est convaincu que l’Accord de Paris envoie un signal aux investisseurs sur la direction de long terme. Et manifeste un intérêt purement formel sur le prix carbone. Pourtant les Parties sont sur le point de faillir à leur devoir de diligence, qui devrait les inviter à enfin en finir avec les subventions aux énergies fossiles, aux investissements à forte teneur en carbone ou en faveur du désinvestissement.
INDCs
Il est reconnu et, de façon assez choquante, que les contributions nationales (INDCs) actuelles, dont beaucoup sont conditionnés à un soutien international adéquat, ne seront pas suffisantes pour limiter le réchauffement climatique bien en dessus de 2°C, et a fortiori
1,5°C. Pour le moment, pas de plans pour combler l’écart.
Nous n’avons pas besoin d’attendre 2018 pour que le GIEC nous dise que la trajectoire sur laquelle nous sommes exclue une limite de réchauffement de 1,5°C. Des expertises indépendantes ont déjà montré que les pays développés en particulier sont à la traîne. Le dialogue facilité en 2019 rend à peine possible la revue à la hausse des ambitions par les pays. ECO ne veut pas avoir à considérer en 2025 l’Accord de Paris comme une grave erreur. Le cycle de 5 ans pour actualiser et améliorer les Contributions nationales (INDCs) doit commencer immédiatement.
Pertes et dommages
Le combat pour les pertes et dommages continue dans les couloirs sombres du Bourget. Nous disons aux plus vulnérables : soyez forts ! Et nous disons aux bloqueurs : vous avez laissé le génie de la responsabilité et de la compensation sortir de sa bouteille. Merci de le laisser à l’intérieur, car personne n’en a besoin dans cet accord.
Transparence, mécanismes de vérification
Alors que toute une décennie a été consacrée à construire la confiance dans les négociations, l’accord de Paris reflète encore la peur qui est que la transparence dans la mise en œuvre et l’évaluation sérieuse des résultats serait punitive. ECO met en lumière ce problème depuis 1972. Le caractère participatif des Contributions nationales (INDCs) et la nature facilitatrice de l’évaluation proposée nous oblige à exiger de tous d’adopter la transparence. Dans le même esprit, ECO a toujours compris du mandat de Durban que « développer un protocole, un instrument légal ou un résultat en accord avec les autorités légales au sein d’une Convention applicable à toutes les Parties » signifierait qu’un accord international serait plus ambitieux. En bref : le wording entre crochets sur les besoins de
« compliance » doit être inclus dans l’accord de Paris.
Droits humains
ECO est choqué que les pays aient purement et simplement retiré les droits humains de l’accord sur le climat. Une large coalition des organisations de la société civiles et des peuples indigènes s’est rassemblée pour soutenir collectivement un texte commun pour l’article 2, le cœur de l’accord. Tout a été tenté pour simplifier la tâche des Parties alors que les voix de la société civile sont ignorées. Vous avez oublié que vous nous représentez. Vous avez oublié que votre boulot est de parler en notre nom. Au Président F. Hollande
: quand vous dites que « la COP21 doit être une nouvelle étape pour les droits humains », que vouliez vous dire exactement ? ECO salue le Mexique et d’autres pays leaders pour leur travail de promotion des droits humains dans le texte de l’accord à entrer en vigueur. Nous le devons aux populations les plus vulnérables du monde, qui sont les moins responsables des changements climatiques mais qui en sont le plus impactées.
Aujourd’hui, vendredi, une nouvelle aube s’annonce sur Paris. ECO a toujours espoir qu’elle puisse marquer une nouvelle ère. Le changement est nécessaire et a besoin de tous et toutes. Courage !
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