Six chefs d’État et de gouvernement, un maire et un gouverneur d’État, de concert avec les dirigeants du Groupe de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ont convenu d’un ambitieux objectif mondial pour la tarification du carbone.
Rassemblés à l’initiative du président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, et de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, ces dirigeants, tous membres du Comité pour la tarification du carbone, mettent le monde au défi d’accroître la tarification du carbone en vue de couvrir 25 % des émissions mondiales d’ici 2020 – soit le double du niveau actuel – et d’atteindre 50 % dans les dix années suivantes.
À la veille de la cérémonie de signature de l’Accord de Paris (COP21) à New York, cet appel à l’action émane du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, de la présidente chilienne, Michelle Bachelet, du Premier ministre éthiopien, Hailemariam Dessalegn, du président français, François Hollande, de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président mexicain, Enrique Peña Nieto, de concert avec le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, le gouverneur de la Californie, Edmund G. Brown Jr., le maire de Rio de Janeiro, Eduardo Paes, et le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría.
« Il semble de plus en plus inévitable de mettre un prix sur la pollution due au carbone », déclare le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. « Afin de tenir les promesses de l’Accord historique de Paris sur le climat, la tarification du carbone semble essentielle pour aider à stopper les émissions et à encourager l’innovation et les technologies propres. Comme le prix de production des énergies renouvelables est en chute rapide, mettre un prix sur la pollution due au carbone pourrait les rendre encore plus abordables que les carburants polluants de la planète. »
Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, soutient cet appel à accroître la tarification du carbone : « La tarification du carbone est un outil précieux pour réorienter les investissements et transformer les marchés. Ainsi, on bâtira des économies sobres en carbone à l’épreuve des changements climatiques afin d’assurer la prospérité, de renforcer la sécurité et d’améliorer la santé et le bien-être de milliards d’individus. »
Dans une déclaration de vision commune publiée aujourd’hui, les dirigeants ont déclaré qu’il faut accélérer et accroître la tarification du carbone à l’échelle mondiale pour que soient respectés les engagements pris à Paris, lors de la COP21. Ces engagementsvisent à limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète à moins de 2 °C par rapport au niveau préindustriel et à promouvoir les efforts pour qu’elle ne dépasse pas 1,5 °C.
« La tarification du carbone est la politique la plus efficace pour réduire les émissions. Elle génère aussi d’importantes recettes, est facile à gérer et peut se traduire par des avantages substantiels pour les prestations de santé nationales. Cette politique doit occuper le premier plan, tandis que les pays tiennent les engagements pour l’atténuation qu’ils ont pris lors de l’Accord historique de Paris, » affirme Ia directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
La déclaration de vision met l’accent sur la tarification du carbone comme une politique des plus efficaces pour réduire les émissions à grande échelle, encourager la croissance verte et créer des emplois verts.
Pour soutenir les objectifs mondiaux cités dans l’énoncé de vision, le Canada, le Chili, l’Éthiopie, la France, l’Allemagne, le Mexique, la Californie et la ville de Rio de Janeiro se sont engagés aujourd’hui à prendre des mesures spécifiques pour renforcer et accroître les mécanismes de tarification du carbone.
Cet appel du Comité pour la tarification du carbone vient appuyer le travail de la Coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone, qui réunit 24 pays et plus de 90 entreprises mondiales et partenaires stratégiques dans le but d’inciter à l’action sur la tarification du carbone en relevant et en diffusant les meilleures pratiques et en mobilisant l’appui du monde des affaires.
À présent, quelque 40 pays et 23 villes, États et régions du monde mettent un prix sur la pollution due au carbone, ce qui représente environ 7 milliards de tonnes de dioxyde de carbone. Ces mécanismes de tarification, qui valent pour le moment à peu près 50 milliards de dollars, couvrent quelque 12 % des émissions mondiales, soit trois fois plus que pendant les dix années précédentes.
La déclaration de vision, qui demande que ce niveau soit doublé d’ici 2020, puis encore une fois au cours de la décennie suivante, annonce trois voies d’action : accroître le nombre de gouvernements qui adoptent la tarification du carbone, approfondir les programmes de tarification actuels et promouvoir la coopération à l’échelle mondiale.
Citations des dirigeants :
Premier ministre Trudeau, Canada
« Notre gouvernement a très bien compris que les Canadiens ont à cœur de protéger leur environnement et leur mode de vie. La tarification du carbone est un outil efficace pour parvenir à atteindre nos objectifs en réduisant les émissions et stimulant les investissements dans l’infrastructure et l’innovation vertes. Grâce aux initiatives des provinces canadiennes, plus de 85 % des Canadiens habitent maintenant dans des provinces qui ont adopté des mesures liées à la tarification du carbone ou qui prévoient le faire. Nous allons continuer de travailler avec nos partenaires des provinces et des territoires afin d’élaborer une approche pancanadienne en matière de changement climatique et de tarification du carbone. Nos enfants et nos petits-enfants hériteront ainsi d’un Canada plus prospère et plus durable que celui d’aujourd’hui. »
Présidente Bachelet, Chili
« Nous devons réussir la mise en œuvre de l’Accord de Paris si nous voulons assurer notre avenir climatique. Notre pays encouragera les partenariats public-privé qui allient les technologies climatiques et le financement nécessaire pour les adopter. Nous continuerons à collaborer à la croissance verte et aux marchés du carbone, comme nous l’avons annoncé le mois dernier en Colombie dans la Déclaration ministérielle de l’Alliance du Pacifique. Au sein du Comité, nous partageons une vision commune : accroître la tarification du carbone, c’est bon pour l’économie et pour la planète. »
Premier ministre Dessalegn, Éthiopie
« Nous devons à présent donner suite à l’Accord de Paris par des gestes adéquats, des politiques nationales, des mécanismes d’investissement et des initiatives et partenariats régionaux et internationaux. Je réitère l’engagement de l’Éthiopie pour les efforts mondiaux visant à contrer le danger des changements climatiques et à assurer le développement durable. Nous nous servirons de tous les outils de politique, y compris la tarification du carbone, qui s’avèrent efficaces, effectifs et justes. »
Président Hollande, France
« La première page de l’ère post carbone est en train de s’écrire sous présidence française de la COP. Précurseur, le Panel s’est donné pour mission d’avancer dans cette voie. Il nous faut désormais rendre les niveaux de tarification carbone cohérents avec l’objectif de l’Accord de Paris, étendre le champ des émissions couvertes, et entamer une convergence des dispositifs de prix carbone. »
Chancelière Merkel, Allemagne
« Avec une tarification et un marché mondial du carbone, nous pourrons atteindre notre objectif commun de limiter l’augmentation de la température mondiale moyenne à moins de 2 °C, et ce, selon un procédé neutre du point de vue technologique, innovant, reposant sur les marchés et rentable. »
„Mit einem Preis für Kohlenstoff und einem globalen Kohlenstoffmarkt können wir unser gemeinsames Ziel - die deutliche Unterschreitung der 2 Grad-Obergrenze - technologieoffen, innovationsfördernd, marktbasiert und damit kosteneffizient erreichen.“
Président Nieto, Mexique
« Le Mexique est convaincu, si l’on veut stabiliser l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C par rapport au niveau préindustriel, qu’on doit mettre un prix juste et réel sur la pollution due au carbone. C’est pour cette raison que mon pays a pris diverses mesures pour promouvoir la tarification du carbone par le biais d’une taxe sur le carbone et de certificats d’énergie propre qui nous permettront de lancer un marché national du carbone d’ici 2018. »
Présidente de la COP21, Ségolène Royal
« Le prix du carbone est un outil essentiel pour mettre en œuvre l’Accord de Paris. J’encourage les États et les entreprises à rejoindre la coalition pour le leadership en matière de tarification du carbone (CPLC) pour mutualiser les bonnes pratiques. »
Governeur Brown, Californie
« Il faut mettre un prix sur la pollution due au carbone, qui menace notre bien-être. La Californie a démontré qu’on peut agir pour rendre notre économie moins dépendante du carbone, sans qu’elle cesse de croître, mais cet effort doit être mondial. »
Maire Eduardo Paes, Rio de Janeiro
« Les villes ont un rôle clé à jouer dans les changements climatiques. Les mesures prises par les maires pourraient réduire le CO2 de 45 gigatonnes d’ici 2030, soit l’équivalent de huit fois les émissions actuelles des États-Unis. Plus de la moitié des habitants de la planète vivent dans des villes. Ces dernières sont responsables de plus de 70 % des émissions de carbone liées à l’énergie. À Rio, nous nous fixerons l’objectif de réduire de 20 % les émissions de carbone à l’horizon de 2020 et de réaliser celui de la neutralité carbone d’ici 2065. Les maires sont les dirigeants les plus proches des populations, ils peuvent agir plus vite. La tarification du carbone nous aidera à remplir les engagements que nous avons pris en vertu de l’Accord de Paris et à encourager la transition vers une économie sobre en carbone. »
Secrétaire général Gurría, OCDE
« Depuis des décennies, en commençant par le principe du pollueur-payeur dans les années 1970, l’OCDE défend vigoureusement la tarification du carbone. Les gouvernements ont écrit une page d’histoire lors de la COP21, mais les émissions de 60 % des membres et économies partenaires privilégiées de l’OCDE ne font toujours pas l’objet de tarification. Certains carburants parmi les plus polluants, comme le charbon, sont souvent soumis à de faibles niveaux de taxation. Près de 800 programmes de dépenses et de crédits d’impôt pour encourager l’exploitation des combustibles fossiles sont toujours en vigueur dans les pays de l’OCDE et chez les principaux pays partenaires. J’appuie donc avec vigueur l’intention du Comité pour la tarification du carbone de collaborer pour accroître et approfondir la tarification du carbone partout sur la planète. »
Communiqué de la Banque Mondiale
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