L’étendue du déclin des abeilles, des papillons et autres espèces de pollinisateurs est mis en lumière dans un rapport publié dans son intégralité par la Plateforme Intergouvernementale, science-politique, sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES). Selon ce rapport, plus de 75 % des cultures vivrières du monde dépendent, d’une manière ou d’une autre, de la pollinisation par les animaux. Ce rapport s’inspire largement des travaux et de l’expertise de l’UICN.
“Nous sommes très satisfaits de l’efficacité avec laquelle le rapport sur la pollinisation s’est s’appuyé sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de l’UICN afin d’illustrer le fort risque d’extinction qui menace les polinisateurs du monde entier. Ce rapport met aussi en lumière l’urgence d’entreprendre une évaluation Liste Rouge pour d’autres espèces d’invertébrés de par le monde,“ confie Ana Nieto, rédactrice principale de la Liste Rouge Européenne de l’UICN pour les abeilles.
Malgré ce, le rapport fut aussi accueilli avec scepticisme. “Je me demande si ce document donnera lieu à des actions concrètes de protection des polinisateurs sur le terrain. Les preuves selon lesquelles les pesticides nuisent aux polinisateurs y sont décrites comme contradictoires, ce qui ne cadre pas avec la quantité massive de preuves scientifiques montrant la nocivité des pesticides. De plus, étant donné le déclin de nombreux pollinisateurs, le principe de précaution devrait être appliqué, et le rapport ne le recommande pas,“ Dr Dave Goulson, professeur de biologie a l’université du Sussex, et membre du groupe spécial sur les pesticides systémiques des Commissions de l’UICN sur la gestion des écosystèmes (CEM) et la survie des espèces (SSC).
L’ajout d’une recommandation indiquant que l'évaluation des risques des pesticides devrait appliquer le principe de précaution (en d’autres termes exiger des preuves d’innocuité) sera donc important pour d’autres institutions, comme par exemple la Convention sur la Diversité Biologique, qui examinera, ce décembre, l’évaluation sur la pollinisation à sa treizième Conférences des Parties.
Le rapport, intitulé « Évaluation thématique accélérée des polinisateurs, de la pollinisation et de la production alimentaire », met aussi l’accent sur le rôle des peuples autochtones et des communautés locales dans la conservation des populations de polinisateurs.
“Les pratiques autochtones qui favorisent la pollinisation incluent le maintien de systèmes agricoles diversifiés et le maintien de l’hétérogénéité des habitats des pollinisateurs dans les paysages et les jardins,“ indique Dr Rosemary Hill, chercheuse principale chez CSIRO en Australie, membre de la Commission sur les politiques environnementales, économiques et sociales (CEESP) et de la Commission mondiale des aires protégées (WCPA) de l’UICN, et l’une des auteurs principaux chargés de la coordination du rapport. “La présence de nombreux totems autochtones représentant les pollinisateurs et de nombreux textes sacrés sur les pollinisateurs dans la plupart des religions montre leur grande importance pour les sociétés humaines au cours des millénaires.“
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