L’Assemblée générale a célébré le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, l’occasion pour de nombreux dignitaires, dont le Président de la Bolivie, de faire le bilan des progrès réalisés, mais aussi des défis qui persistent dans l’application de cet instrument juridique, considéré par beaucoup comme un « cadre universel de survie et de dignité des peuples autochtones ».
Lors de cette manifestation spéciale, la Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, Mme Victoria Tauli-Corpuz, a notamment constaté qu’outre l’adoption, par plusieurs pays, de lois et de politiques nationales qui protègent les droits des peuples autochtones, la Déclaration a permis d’autonomiser les peuples autochtones qui sont devenus mieux organisés et mieux équipés dans leurs efforts pour affirmer et revendiquer leurs droits.
« Des protecteurs de l’eau, à Standing Rock, aux États-Unis, aux défenseurs des droits des peuples autochtones qui militent du Népal au Mexique, tous se mobilisent pour faire du consentement préalable, libre et éclairé des communautés une réalité », s’est notamment félicité le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour, qui s’est toutefois inquiété de la destruction continue des terres autochtones par les industries extractives.
M. Albert Barume, Président du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, a toutefois constaté qu’en dépit « d’efforts timides » pour mettre en œuvre la Déclaration, les conditions de vie de la majorité des peuples autochtones ne se sont pas améliorées en 10 ans, s’inquiétant notamment de la prévalence de la pauvreté parmi ces communautés, des taux élevés de suicide et de toxicomanie dont souffrent les jeunes, de la surreprésentation des autochtones dans les populations carcérales, sans oublier le nombre disproportionnellement élevé d’actes de violences sexuelles dont sont victimes les femmes.
Pour surmonter les défis à la mise en œuvre de la Déclaration, M. Barume a notamment jugé nécessaire de s’attaquer aux discriminations structurelles profondément ancrées dans les lois, politiques et programmes, ainsi que l’opinion politique et les paradigmes éducatifs et de développement qui perpétuent la marginalisation des peuples autochtones.
De nombreuses préoccupations ont également été formulées au sujet de la criminalisation des militants autochtones, à l’instar de la Présidente de l’Instance permanente sur les questions autochtones, Mme Mariam Wallet Aboubakrine, qui s’est notamment alarmée du fait que 281 défenseurs des droits fonciers autochtones ont été tués en 2016, comparativement à 185 en 2015. Aussi a-t-elle appelé à redoubler d’efforts pour protéger les droits des défenseurs des droits fonciers autochtones et à faciliter leur accès à la justice.
Venu, de son côté, souligner l’importance que constitue, pour les luttes des mouvements autochtones, ce dixième anniversaire de la signature de la Déclaration, le Président de la Bolivie a vu dans la lutte pour les droits des peuples autochtones, une lutte contre le « capitalisme morbide » et la surexploitation des ressources de la planète.
M. Evo Morales a appelé à organiser cette lutte au niveau mondial et à parvenir à l’autodétermination de l’ensemble des peuples, un combat qui revient, selon lui, à choisir entre « la planète et la mort ».
La Déclaration sur les droits des peuples autochtones a été adoptée le 13 septembre 2007 par l’Assemblée générale, après près de deux décennies de négociations.
Comme l’a rappelé M. Barume, cet instrument ne consacre pas de nouveaux droits ni de traitements préférentiels aux peuples autochtones, mais réaffirme des droits déjà consacrés par d’autres instruments juridiques internationaux et garantit, pour les peuples autochtones, d’y avoir accès d’une manière équitable et respectueuse de leur culture.
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