Le Forum sur le suivi du financement du développement du Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé ces travaux avec un marathon de tables rondes thématiques, réunions d’experts et débats interactifs qui ont notamment porté sur le rôle de la technologie, la lutte contre les flux financiers illicites ainsi que sur les obstacles que rencontrent les pays en situation particulière pour financer le développement durable.
Les conclusions des trois fora mandatés par le Programme d’action d’Addis-Abeba, à savoir le Forum sur les infrastructures, celui sur la coopération pour le développement et le Forum sur la science, la technologie et l’innovation, ont également été présentées.
Pour ce qui est du rôle de la technologie dans le financement du développement, les participants ont constaté que la fracture numérique reste un obstacle majeur à relever si les pays en développement, et en particulier les moins avancés d’entre eux, veulent parvenir à des économies compétitives.
En effet, selon les estimations de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le commerce numérique croit trois à quatre fois plus vite que le commerce général, représentant 25 000 milliards de dollars en 2015, comparé à 18 000 en 2013.
La Directrice du bureau de la CNUCED à New York, Mme Chantal Line Carpentier, a cependant, fait observer qu’à l’heure actuelle un seul pays en développement, la Chine, fait partie des 10 plus grandes économies numériques. Le monde en développement compte donc sur une assistance de taille pour le renforcement de ses infrastructures et les transferts de technologies, et de nombreux espoirs ont été suscités par la création de la Banque de technologies.
La Présidente de la Fondation nationale pour la science de Sri Lanka, Mme Sirimali Fernando a indiqué que son pays a d’ores et déjà misé sur une économie novatrice et créé des « écosystèmes technologiques » pour pouvoir exporter des produits à plus forte valeur ajoutée, en favorisant notamment les nanotechnologies.
La mobilisation des ressources internes et le renforcement des capacités fiscales des États a également suscité un vif intérêt compte tenu de l’impact néfaste des flux financiers illicites sur les pays en développement. En effet, ces fuites de capitaux représentent un énorme frein au développement durable et peuvent de surcroit décourager les investissements étrangers directs.
« Les flux financiers illicites partant de l’Afrique sont supérieurs au montant total de l’aide publique au développement que le continent reçoit », s’est notamment alarmé le Directeur adjoint au Ministère des affaires étrangères du Nigéria, M. S.O. Olaniyan.
Selon une étude de la Commission économique des pour l’Afrique (CEA), le continent a perdu environ 80 milliards de dollars par an entre 2000 et 2008. Le Directeur de la Division des politiques macroéconomiques de CEA, M. Adam Elhiraikal, a précisé que sur les fonds qui partent illégalement d’Afrique, 65% proviennent des manipulations financières liées aux industries extractives, 30% sont dus aux activités criminelles, et 5% sont liés à la corruption.
Vu l’ampleur du phénomène, la création d’un observatoire sur les flux financiers illicites en Afrique a notamment été proposée.
Le Directeur du Réseau pour la justice fiscale, M. Alex Cobham a toutefois fait observer que ce sont les pays développés qui ont imposé leurs règles et normes fiscales aux pays en développement, tirant ainsi tous les bénéfices des activités que mènent les multinationales dans ces pays pauvres, soulignant par ailleurs que c’est le secret bancaire qui est à l’origine de la plupart des fraudes.
Pour ce qui est des pays en situation particulière, le Négociateur en chef adjoint pour les changements climatiques et le développement durable du Costa Rica, M. William Jose Calvo Calvo, a qualifié de « nocive et réductrice » la catégorie de pays à revenu intermédiaire, appelant à élaborer une évaluation beaucoup plus nuancée qui aille au-delà du revenu par habitant. D’ici 2030, 23 pays d’Amérique latine sont appelés à être reclassés et il faut se demander si ces reclassements sont en phase avec les objectifs de développement durable, a-t-il notamment déclaré.
La contribution des femmes au développement durable a également été soulevée à plusieurs reprises au cours de cette dernière journée de travaux. Ainsi la représentante de l’association Equidad de Genero, Mme Emilia Reyes, a notamment fait observer que si l’on décidait de rémunérer le travail domestique des femmes, lequel représente 60% du travail de l’humanité, il n’y aurait pas assez d’argent dans le monde pour les payer.
Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava (Zimbabwe) a salué l’esprit constructif et la participation qui ont marqué les quatre jours de ce Forum de l’ECOSOC sur le financement du développement et a appelé la communauté internationale à les traduire en actions concrètes les recommandations du document final pour rester sur la bonne voie dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
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