«Nous devons transformer les systèmes agricoles et alimentaires actuels afin de parvenir à un développement durable. Il s'agira notamment de soutenir les petits exploitants agricoles et les agriculteurs familiaux, de réduire l'utilisation des pesticides et des produits chimiques et d'améliorer les méthodes de conservation des terres», a déclaré aujourd'hui M. José Graziano da Silva alors qu'il s'adressait aux législateurs européens.
«L'intensification de l'agriculture favorise la déforestation, les pénuries de ressources en eau, l'épuisement des sols et les émissions de gaz à effet de serre», a indiqué M. José Graziano da Silva. Il a insisté sur le fait que si les systèmes d'élevage intensifs, qui utilisent par ailleurs beaucoup d'intrants, ont permis une nette augmentation de la production agricole, ils comportent également un coût environnemental.
«Aujourd'hui, il est essentiel de non seulement augmenter la production mais également de le faire de manière à ne pas nuire à l'environnement. Il faut nourrir les populations tout en prenant soin de notre planète. Cela s'inscrit dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de l'Accord de Paris sur le climat», a-t-il ajouté.
« Nous devons passer de systèmes de productions à forte utilisation d'intrants, à des systèmes de productions à forte utilisation de connaissances, » a indiqué le Directeur général de la FAO.
L'avenir de l'alimentation et de l'agriculture
S'adressant aux membres de la Commission du Parlement européen sur l'agriculture et le développement rural, M. José Graziano da Silva est revenu sur les conclusions du rapport de la FAO; L'avenir de l'alimentation et de l'agriculture : Tendances et défis.
Les effets du changement climatique, les conflits et les migrations comptent parmi les 15 tendances décrites dans ce rapport. Le document de la FAO anticipe également 10 défis en vue de parvenir à la sécurité alimentaire, d'améliorer la nutrition et de promouvoir l'agriculture durable dans le monde entier.
Au cours de son discours, le Directeur général de la FAO a mis l'accent sur quatre principaux problèmes: le changement climatique, la propagation des ravageurs et des maladies transfrontalières, les pertes et le gaspillage alimentaire et l'importance d'éradiquer non seulement la faim mais également toutes formes de malnutrition dans le monde.
Lutter contre le changement climatique
M. José Graziano da Silva a fait remarquer que s'il n'existait pas de secteur plus exposé au changement climatique que l'agriculture (surtout pour les petits exploitants agricoles et les agriculteurs familiaux dans les pays en développement), l'agriculture et les systèmes alimentaires représentaient près de 30 pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
«En ce qui concerne l'agriculture, les efforts visant à s'adapter au changement climatique et à en atténuer les effets vont de pair. Il n'existe aucun compromis entre les deux», a déclaré le Directeur général de la FAO. Il a insisté sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en renforçant la résilience des agriculteurs et en favorisant leur adaptation face aux impacts du changement climatique.
Dans cette optique, la FAO soutient les pays à travers différentes initiatives et approches dont l'agriculture intelligente face au climat, l'agroécologie et l'agroforesterie.
Lutter contre la propagation des ravageurs et des maladies transfrontalières
La mondialisation, le commerce et le changement climatique, ainsi que des systèmes de production moins résilients ont tous joué un rôle dans la propagation des ravageurs et des maladies transfrontalières ces dernières années. Cette situation représente une véritable menace pour les moyens d'existence des agriculteurs et la sécurité alimentaire de millions de personnes.
La FAO soutient les pays dans la mise en œuvre d'un système de prévention et de surveillance. «Même dans des situations de conflits et de crises prolongées, nous facilitons des campagnes de vaccination du bétail, comme cela est le cas au Soudan du Sud et en Somalie», a précisé le Directeur général de la FAO.
Préserver la nourriture
Aujourd'hui, le monde produit assez de nourriture pour nourrir la population mondiale, cependant un tiers de cette nourriture est soit perdue, soit gaspillée, sans oublier le gaspillage des ressources naturelles comme la terre ou encore l'eau.
La FAO vient actuellement en aide à près de 50 pays dans le domaine des pertes et du gaspillage alimentaires, et ce, par le biais de l'initiative SAVE FOOD, un partenariat unique en son genre (composé de 850 membres issus de l'industrie, d'associations, d'instituts de recherche et d'organisations non-gouvernementales) qui travaille à résoudre ces problèmes tout au long de la chaîne de valeur, du champ jusqu'à l'assiette», a déclaré M. José Graziano da Silva devant les parlementaires européens.
Le rôle des parlementaires dans la lutte contre la malnutrition
Citant des estimations qui indiquent que près de la moitié de la population adulte de l'Union européenne est en surpoids, le Directeur général de la FAO a noté à quel point la malnutrition affectait aussi bien les pays développés que les pays en développement.
«Pour lutter contre la malnutrition, il faut transformer nos systèmes alimentaires, de la production à la consommation, et proposer des régimes alimentaires plus sains aux populations», a-t-il déclaré.
Il a appelé les parlementaires, en tant que législateurs, à s'assurer que des politiques adéquates, des programmes et des cadres de travail opérationnels soient ancrés dans la loi.
«Les parlementaires ont non seulement les moyens de faire de la nutrition l'une des priorités du programme politique et législatif, mais ils peuvent également garantir que ces programmes auront le budget nécessaire pour leur mise en œuvre», a-t-il souligné.
Il a également salué le travail des membres du Parlement européen pour la création de «l'Alliance contre la faim» qui, selon M. José Graziano da Silva, jouera un rôle important dans la lutte contre la malnutrition en Europe.
[ODD2030]
Communiqué de la FAO (770 hits)