En matière de lutte contre le changement climatique, il est fréquent que les protagonistes se renvoient la balle. Certains prétendent que c’est d’abord au gouvernement qu’il appartient de mettre en place les mesures nécessaires,mesures qui seront ensuite appliquées par les entreprises. De son côté le gouvernement, comme on l’a vu sous le mandat de l’ancien ministre de l’environnement, Nicolas Hulot, engage aussi chaque citoyen à agir individuellement pour réduire son empreinte carbone. C’est au centre de cette dialectique entre gouvernement et particuliers que se trouvent les entreprises. Les unes, de plus en plus nombreuses, prennent des engagements volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre, dans ce qui est une politique commerciale au long terme ; d’autres continuent à faire beaucoup de relations publiques pour asseoir une image positive, sans qu’il y ait de réels efforts de leur part pour contribuer à cette réduction.Les entreprises ont, de fait, un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Car elles sont en grande partie responsables de la dégradation de l’environnement. En effet, entre 1988 et 2015, ce sont 71% des émissions globales à effet de serre qui ont été produites par 100 entreprises dans le monde.Par ailleurs, le changement climatique a un coût financier car il entraîne des dégâts considérables. Selon une étude réalisée en 2016, qui regroupe 1959 entreprises générant 69% de la capitalisation boursière mondiale, les dégâts les plus communs sont les précipitations extrêmes et sècheresse (46%), les cyclones tropicaux (26%) et les changements de températures extrêmes (25%). Le coût mondial associé au changement climatique atteindrait déjà les mille milliards d’euros. Il est donc indispensable que les entreprises se préparent à investir pour réduire ces dégâts. En tant qu’entreprise, il est possible d’investir dans des biens physiques et technologiques pour minimiser les effets climatiques: installation d’air conditionné, modernisation des bâtiments ou installation d’un système d’alimentation électrique de secours. C’est la stratégie qu’applique en majorité le secteur privé. Une minorité des entreprises– 3% selon l’étude- investissent dans les écosystèmes naturels pour favoriser par exemple une agriculture plus durable, encourager la reforestation ou préserver les bassins d’eau. Par exemple, en réponse à une étude climatique nationale prédisant une diminution des précipitations, l’entreprise colombienne Celsia SA a restauré des hectares entiers de forêt en amont de son barrage hydraulique, espérant ainsi réguler l’envasement de l’eau près du barrage. Cette stratégie d’investissement plus holistique s’avère non seulement efficace pour l’entreprise mais contribue aussi à la préservation de la richesse environnementale.Mais force est de constater que la plupart des entreprises n’ont ni la connaissance scientifique ni l’expérience pour prendre de telles décisions. C’est le plus souvent le résultat d’un partenariat entre une entreprise et une organisation non gouvernementale. En conclusion, pour éviter les catastrophes à venir, les entreprises gagneraient à évaluer l’impact du changement climatique en amont et en aval des chaînes logistiques ainsi que les risques pouvant toucher employés, clientèle et communautés locales.