Du 27 octobre au 1er décembre 2008, l'équipe du Groupe de Recherche en Archéologie Navale (GRAN) a entrepris une deuxième campagne de fouilles terrestre sur l'île de Tromelin. L'île Tromelin, qui est située à 450 km à l'est de Madagascar et à environ 560 km au nord de Maurice, est longue d'environ 1700 m et large d'environ 700 m. L'île fait l'objet d'un contentieux entre la France et Maurice. Ce dernier considère que Tromelin fait partie intégrante du territoire mauricien. La France a toujours maintenu le contraire et depuis le 3 janvier 2005, l'île Tromelin est administrée par le préfet des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF).
Le GRAN est une association française à but non lucratif créée en 1982, avec pour objectif l'organisation et la conduite de fouilles archéologique sous-marines et de recherches en histoire maritime. En coopération avec l'UNESCO, le GRAN s'est engagé depuis de nombreuses années dans l'étude de la traite négrière par le biais de l'étude des navires. C'est dans ce contexte que le GRAN s'est lancé avec l'UNESCO, en 2004, dans le cadre de 'L'Année internationale de commémoration de la lutte contre l'esclavage et de son abolition' et du programme 'La Route des Esclaves' dans le projet 'Esclaves Oubliés'.
Ce projet est basé sur l'histoire du naufrage de l'Utile le 31 juillet 1761 non loin de l'île Tromelin, alors connu comme l'Île au Sable, avec 212 personnes dont 60 esclaves. Ces esclaves allaient être abandonnés sur l'île avec trois mois de vivres tandis que l'équipage regagnait Madagascar sur une embarcation de fortune en promettant de les envoyer du secours. Ce n'est que le 29 novembre 1776 que la corvette, La Dauphine, sous la direction du Chevalier Tromelin, récupéra les huit survivants.
L'expédition de 2008, qui a été uniquement terrestre, visait à faire toute la lumière sur les conditions extraordinaires de survie des esclaves oubliés. Par contre, celle de 2006 qui s'était déroulé du 10 octobre au 9 novembre, était axée sur l'opérationnalisation de l'investigation sous-marine et a confirmé l'intérêt archéologique de l'île Tromelin.
Durant la mission de 2008, relevons entre autre les faits suivants :
Si la pertinence de ce programme du point de vue historique et archéologique n'est pas mise en doute, il n'en demeure pas moins que ses conséquences sur la souveraineté mauricienne inquiètent les mauriciens et soulèvent un certains nombres de questions. Dans le cadre de ce programme, on peut s'interroger sur les consultations diplomatiques qui ont eu lieu entre Maurice et la France sur cette question. Pourquoi le silence du gouvernement mauricien sur ce dossier ? Or l'atterrissage d'un Dornier 226, appartenant à la garde côte nationale, sur l'île Tromelin, le 25 novembre 2008 pour y déposer un mauricien qui s'était joint à l'équipe d'archéologue, nous amène à penser que le Gouvernement mauricien a accepté de s'associer à cette expédition. Est-ce que cette participation mauricienne est le prélude aux négociations de la co-gestion par la France et Maurice sur Tromelin ?
Du point de vue du droit international, est ce que les données et informations recueillies durant ces expéditions seront partagées avec la partie mauricienne ? En tous cas, il nous paraît primordial que la République de Maurice rende publique tout accord entre la France et Maurice sur Tromelin dans un souci de transparence et aussi de permettre aux parties prenantes mauriciennes de s'exprimer sur cette question. Après tout il y va de la souveraineté mauricienne sur l'île Tromelin.
Pour en savoir plus sur le projet (1065 hits)
Voir aussi Le GRAN (1049 hits)
A voir dépêche de Médiaterre sur Tromelin (877 hits)