La piraterie n'est pas un phénomène nouveau dans l'océan Indien. Il a toujours existé en Asie, notamment dans le détroit de Malaga et plus près du Sud Ouest de l'océan Indien dans la corne de l'Afrique. Ce qui est nouveau, d'un phénomène isolé et limité, on est passé à une généralisation touchant, dans une grande mesure, l'ensemble de l'océan Indien avec comme source la déliquescence de l'Etat Somalien et l'émergence des groupuscules somaliens armés qui ont trouvé dans la piraterie une manne financière.
L'insécurité grandissante pousse les États insulaires de l'Océan Indien (Seychelles, Maurice, Maldives) à rechercher, d'une part, le soutien des pays du Nord (la France et les Etats Unies) et d'autre part, celui du Sud (Ex : intensification de la coopération Indienne avec les Seychelles, Maurice et les Maldives), qui par ailleurs disposent des moyens et des expertises en matière de sécurité maritime. Dans ce contexte, après la première réunion ministérielle sur la piraterie au mois de mai 2010 aux Seychelles, une deuxième rencontre aura lieu à Maurice du 04 au 08 octobre 2010. Cette rencontre verra la participation de la baronne Catherine Ashton, le haut représentant de l'Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité.
A cette occasion, Maurice, après le Kenya et les Seychelles, signera un accord avec l'Union Européenne portant sur le transfert des pirates arrêtés par le 'European Union Naval Force Somalia' (Opération ATALANTA), afin qu'ils soient interrogés, jugés et incarcérés à Maurice. L'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (l'ONUDEC) a procédé récemment (août 2010) à une évaluation des besoins mauriciens en matière de nouvelles provisions législatives (pour criminaliser la piraterie sous la loi mauricienne), logistiques, de nouvelles infrastructures et en termes de formation des ressources humaines (policiers, gardes côtes et juges) afin d'assurer la mise en oeuvre de cet accord. Soulignons que le Kenya (à Mombassa) et les Seychelles sont déjà des centres régionaux pour la poursuite des pirates. Ces centres régionaux bénéficient du soutient du 'Trust Fund des Nations Unies' créé spécialement dans le cadre du combat international contre la piraterie maritime dans l'Océan Indien.
Les conséquences de la piraterie, qui sont d'ordre multiple, pèsent sur l'économie des pays riverains et contribuent plus précisément à accroître la vulnérabilité des Petits Etats Insulaires en Développement (PIED). La faiblesse des moyens et l'absence d'une politique de la mer ne permettent pas aux pays riverains d'assurer de façon efficace leur sécurité maritime et la protection de leur Zone Economique Exclusive (ZEE). Mais au-delà de la piraterie, les menaces maritimes prennent plusieurs formes : la pêche illégale (non répertoriée et non contrôlée), le pillage des ressources notamment le transbordement du fuel de façon illégal en mer , le trafic des biens (les armes et les narcotiques), le blanchiment d'argent, la dégradation de l'environnement notamment la pollution sous toutes ses formes (les déversements illégaux des déchets toxiques, du fuel et des produits chimiques), le changement climatique et l'érosion côtière. A ceux la s'ajoutent les défis institutionnels qui sont de nature structurelle, notamment la démocratie participative, le respect des droits humains, la pauvreté et le chômage qui influent sur la sécurité maritime.
Cependant une politique limitée au combat contre la piraterie ne serait pas profitable dans le long terme. Dans ce contexte, la coopération Nord-Sud et Sud-Sud relative à la sécurité maritime devrait pouvoir s'appuyer sur une politique nationale de la mer sous toutes ses formes. Si le combat contre la piraterie est nécessaire, il n'est pas, à lui seul, suffisant. Il faut aussi élargir ce combat à l'encontre des autres pilleurs des ressources et des actes illicites dans l'Océan Indien. C'est à ce prix que le combat contre la piraterie sera efficace.
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