Source : Awid 8
octobre 2013
Selon de nouvelles directives publiées par le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en partenariat avec
d'autres agences des Nations Unies et organisations internationales, les gouvernements
et partenaires du continent africain doivent reconnaître et atténuer l'impact
de grands projets d'infrastructure et des opérations minières sur la
propagation du VIH.
Le document " Directives
pour l'intégration des questions liées au VIH et à la problématique
hommes-femmes dans l'évaluation environnementale en Afrique orientale et
australe " a été publié conjointement avec l'Organisation
internationale du Travail (OIT), l'Organisation internationale pour les
migrations (OIM) et l'Institut de l'Afrique australe pour l'évaluation
environnementale (SAIEA), et lancé lors d'une réunion technique organisée
par la Banque africaine de développement.
" La croissance économique peut sortir
des millions de personnes de la pauvreté en Afrique subsaharienne, estime Abdoulaye Mar Dieye, directeur du bureau
régional pour l'Afrique du PNUD, mais la propagation du VIH risque
d'inverser les gains acquis par le développement, voire y mettre fin. Nous
devons réduire les effets négatifs des projets d'immobilisations sur
l'environnement et la santé, ainsi que les risques liés au VIH, en particulier
pour les femmes et les filles, qui sont les plus exposées. "
Six des économies qui ont connu la croissance la
plus rapide au monde au cours des dix dernières années se trouvent en Afrique
subsaharienne. L'afflux d'investissements étrangers directs ciblant les
produits de base et les minerais a entraîné une demande accrue pour de
meilleures voies ferrées, des routes, des barrages, des centrales électriques
et autres infrastructures. En 2010, le total des investissements directs
étrangers en Afrique dépassait 55 milliards $EU, soit cinq fois son montant
dix ans plus tôt, et supérieur au montant total de l'aide perçue par l'Afrique.
Ainsi par exemple, l'Angola est en train de connaître une remarquable
transformation suite à la fin de la guerre civile avec la reconstruction de
centaines de kilomètres de route financée par les recettes tirées du pétrole.
Des développements similaires sont en train de se produire au Mozambique et en
Tanzanie qui ont tous les deux des ressources de gaz importantes le long de
leurs côtes.
Tout en favorisant l'emploi et la croissance, ces
projets peuvent aussi accroître la vulnérabilité des ouvriers et des
communautés voisines (surtout les femmes et les filles) face au VIH. La
construction de vastes projets d'immobilisations entraîne souvent des
mouvements de population et des modifications des réseaux sexuels, ce qui
aggrave le risque de contamination par le VIH pour les ouvriers de la
construction, les mineurs, les routiers, les professionnels du sexe
etc. Par exemple, une prévalence du VIH trois fois plus élevée a été constatée
dans la région isolée de Ghanzi au Botswana lors de la construction de
l'autoroute Trans-Kalahari reliant l'Afrique du Sud au Botswana et à
la Namibie.
En dépit de l'adoption, par de nombreux pays, de
règlements censés atténuer les impacts socio-économiques pervers des grands
projets d'immobilisations, ces derniers peuvent influer sur les résultats
attendus en matière de santé, d'environnement, voire de relations entre les
sexes.
Les Directives pour l'intégration des
questions liées au VIH et à la problématique hommes-femmes dans l'évaluation
environnementale en Afrique orientale et australe exhortent les
gouvernements à reconnaître les risques relatifs au VIH et à prendre les
mesures nécessaires pour atténuer ceux-ci lorsqu'ils construisent de nouvelles infrastructures
ou procèdent à de grands projets d'immobilisations et d'opérations minières.
Les directives ont pour objectif d'aider les pays à
supprimer les barrières qui s'opposent à la mise en oeuvre des politiques et
lois actuelles en matière d'environnement, de santé, d'égalité des sexes et de
travail et à élaborer des règlements pour la planification et l'exécution de
projets d'immobilisations. Ces obstacles comprennent, par exemple, des lacunes
juridiques et institutionnelles, des pratiques déficientes en matière
d'évaluation environnementale, des plans d'atténuation inadéquats et un
contrôle insuffisant des interventions relatives au VIH et à l'égalité des
sexes. Les directives invitent aussi les promoteurs, entrepreneurs et
fournisseurs à considérer que la santé est une richesse et les exhortent à
allouer suffisamment de ressources à des programmes communautaires de
prévention du VIH et d'autonomisation des femmes.
Le PNUD et ses partenaires appuient dix pays
d'Afrique orientale et australe pour la prise en compte des questions relatives
au VIH et à l'égalité des sexes dans les pratiques actuelles d'évaluation de
l'environnement : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Malawi, Mozambique,
Namibie, Ouganda, Rwanda, Zambie et Zimbabwe.
Les résultats ont servi dans l'élaboration des
directives, qui sont conformes aux recommandations de déclarations
internationales ou régionales traitant du VIH, comme la
Déclaration de
Maseru des chefs d'État et de gouvernement de la SADC sur le VIH/sida,
et les
Mesures
d'Abuja pour l'élimination du VIH et du sida, de la tuberculose et du paludisme
en Afrique d'ici 2030 (en anglais).
" Ces directives se veulent utiles pour les
instances nationales en charge de l'environnement, les ministères, les
praticiens de l'évaluation, les instituts universitaires et de recherche et les
organisations de la société civile de la région ", estime Mandeep Dhaliwal, directrice de la Pratique VIH,
Santé et Développement du PNUD.