Rapport de l'Académie des sciences
Octobre 2008 - 15,00 €
Auteurs
Henri Korn, Membre de l'Académie des sciences, Patrick Berche et Patrice Binder
Les armes biologiques peuvent être relativement simples : leur fabrication artisanale ne nécessite ni expertise avancée ni infrastructures complexes. Les agents bactériens, viraux et toxiques utilisables à des fins malveillantes sont certes répertoriés, leur acquisition et leur circulation sont sévèrement encadrées, mais l’absence de mesures de vérification crédibles limite l’efficacité de la convention qui interdit le développement de ces armes. De plus, les progrès de la biologie et des biotechnologies accroissent la diversité et la "perversité" des risques.
Dans ces conditions, comment obtenir que les connaissances en sciences de la vie soient mises exclusivement au service du bien-être général et ne contribuent pas, par imprudence, à la prolifération de moyens de destruction ? Comment éviter la manipulation d’agents biologiques dangereux, alors que les recherches sur la prévention et le traitement des maladies qu’ils entraînent l’exigent ? Comment concilier des impératifs de sécurité avec ceux de liberté et d’indépendance des chercheurs, qui sont indispensables à l’avancée des connaissances ?
Telles sont les questions posées par ce rapport de l’Académie des sciences. Elles rejoignent celles du Livre Blanc de la Défense du 17 Juin 2008, qui fait du bioterrorisme une priorité absolue. Après un rappel historique montrant que les craintes ne sont pas illusoires, cette étude fait le point sur les responsabilités des laboratoires de recherche et des autorités en charge de la nation, sur les limites éthiques et déontologiques qu’elles entraînent, notamment en ce qui concerne les publications de résultats scientifiques et techniques potentiellement proliférants.
Une réflexion sur la difficile notion de secret était indispensable dans le cadre de cette étude, qui se termine par des propositions concrètes. Elles portent sur l’instauration de codes de conduite et de règles éthiques, sur la sensibilisation du public, sur l’intérêt de créer un organe national scientifique pour la biosécurité et sur la nécessaire harmonisation internationale des mesures d’évaluation et de financement des projets.
Cet ouvrage est destiné aux pouvoirs publics et à tous les personnels, publics ou privés, en charge de la recherche et de l’enseignement, mais aussi de la santé des populations, qui doivent veiller à ce que les progrès des sciences de la vie ne soient pas dévoyés par des États ou des groupes terroristes. Il s’adresse également à tout citoyen souhaitant s’informer de l’évolution des risques dans ce domaine.
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