La Chine est la nation la plus peuplée du monde, mais elle ne possède que 7% de la surface cultivable mondiale pour nourrir 22% de la population du globe. De plus, la quantité d'eau douce disponible par habitant n'est égale qu'au quart de la moyenne mondiale. Malgré l'explosion de sa croissance, l'économie chinoise reste donc très vulnérable au changement climatique. Dans ce contexte, la question de savoir comment le changement climatique et les événements climatiques extrêmes futurs pourraient affecter le cycle de l'eau, en particulier la quantité d'eau douce disponible, et la capacité de la Chine à nourrir sa population par le biais de l'agriculture est une question cruciale.
Les premiers résultats publiés par l'équipe de Shilong Piao, chercheur de l'université de Pékin, montrent que la température atmosphérique a augmenté de 1,2 degré en Chine depuis 1960, les sept années les plus chaudes ayant été enregistrées au cours de la dernière décennie, et que le réchauffement est quatre fois plus rapide en hiver qu'en été. Les données analysées indiquent également que les précipitations ont augmenté dans le sud du pays, alors que le nord - à l'exception du nord-ouest - a souffert de sécheresse, et que la fonte des glaciers s'est accélérée à l'ouest. Il apparaît ainsi clairement qu'un réchauffement s'est produit en Chine au cours des dernières décennies. L'analyse des chercheurs montre par ailleurs que les conséquences de ce réchauffement récent sur les ressources en eau et l'agriculture ont été limitées. Cette conclusion peut s'expliquer par la modération de ces tendances climatiques par rapport à la variabilité naturelle du climat et par les progrès technologiques dans le domaine agricole.
Cependant, les simulations climatiques actuelles prévoient une poursuite du réchauffement global, et la question reste donc entière. On peut s'attendre à des répercussions majeures sur l'agriculture et les ressources en eau dans le futur, et plus généralement sur les capacités futures de la Chine à nourrir sa population. Pour autant, les incertitudes sont encore trop importantes pour tirer des conclusions définitives. Pour ce faire, les travaux futurs devront en particulier améliorer les simulations régionales des précipitations et développer une meilleure compréhension de l'évolution des terres, cultivées ou non, en réponse au changement climatique et à ses conséquences (parasites, maladies..).
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