Nous avons atteint les limites de notre planète; les pressions de l'homme sur les systèmes terrestres limités se trouvent à un point charnière. Toutefois, la technologie permettant de faire face à cette catastrophe imminente est désormais à portée de mains, d'après un expert du développement durable, Jeffrey Sachs, qui a ouvert l'édition 2014 de la Semaine verte à Bruxelles mardi dernier.
La situation est grave; en avril, les concentrations de CO2 ont atteint 400 parties par million pour la première fois en 3 millions d'années. Les émissions semblent se diriger vers une hausse de température de 4 à 6,1 degrés Celsius, alors que la plupart des experts s'accordent sur le fait que cette hausse ne devrait pas dépasser les deux degrés afin d'éviter une perturbation irréversible.
Sachs, économiste renommé et conseiller principal des Nations Unies, fait remarquer: «Nous dépassons les limites fondamentales de notre planète; dont la plus importante concerne les concentrations de gaz à effet de serre¿ La voie à suivre prend sérieusement en compte la limite des deux degrés et comprend le budget carbonique qui doit aller de pair».
Sachs a souligné l'importance des accords politiques pour accomplir cela, notamment le résultat des négociations des Nations Unies sur le changement climatique à Paris et l'établissement l'an prochain des objectifs de développement durable (ODD) conclus à l'échelle internationale. Toutefois, ces derniers doivent aller de pair avec une concentration intense sur la technologie.
«La bonne nouvelle est que nous assistons à une révolution technologique qui nous permet d'avancer dans une direction durable. Cependant c'est une question de choix. Les marchés à eux seuls ne nous y porteront pas. Nous devons prendre une décision à l'échelle planétaire, nous allons vers une économie durable, verte, inclusive.»
Sachs a mis en évidence le graphique de Kondratieff qui porte sur les cinq vagues économiques expérimentées depuis le début de la révolution industrielle. Il a mentionné une sixième vague fondée sur les technologies intelligentes qui nous porterait jusqu'à 2050. «Nous avons besoin d'une sixième vague de technologies durables et vertes ... afin que nous fournissions à tous les habitants de la planète d'une façon qui soit durable d'un point de vue environnemental.»
D'après Sachs, les acteurs clés du changement climatique (les États-Unis, l'UE, la Chine, l'Inde, la Russie, l'Australie, le Canada et les pays du Golfe) sont les unités économiques capables de changer la donne et d'adopter la sixième vague de croissance économique.
Certains affirment que la technologie n'est pas encore suffisamment développée pour satisfaire les énormes défis posés par le changement climatique. Sachs a répondu par notre capacité impressionnante à améliorer rapidement la technologie et réduire les coûts ces dernières années. «Depuis 1980, nous observons une augmentation du nombre d'abonnés aux services mobiles allant de 20 000 à 7 milliards aujourd'hui¿ Le coût du séquençage d'un génome humain a baissé de 100 millions de dollars en 2001 à environ 1 000 dollars aujourd'hui (diminution de moitié du prix tous les neuf mois environ)¿ Et, il y a eu une baisse importante multipliée par 100 au niveau du coût des piles photovoltaïques depuis 1977».
Nous avons cependant des cycles de développement qui vont de pair avec certaines technologies, d'après Sachs. «Nous devons réduire les émissions de carbone pour qu'elles soient nulles ou très faibles et la gestion et la commercialisation à grande échelle ont encore des cycles technologiques devant eux¿ Par rapport à l'énergie éolienne et solaire, il y a un défi au niveau du stockage et de la gestion du réseau¿ Nombreux sont ceux qui pensent que le captage et le stockage de carbone est une technologie potentielle mais cela n'est pas prouvé; cela est fait sur une petite échelle, mais l'échelle est pertinente.»
Selon Sachs, la clé est de créer des voies pratiques, gérables pour une profonde décarbonisation fondée sur une révolution technologique. Les voies nationales de décarbonisation approfondie devraient s'appuyer sur une amélioration technique et structurelle pour l'efficacité énergétique; la décarbonisation du secteur de l'électricité a été effectuée par des grilles intelligentes; l'électrification de la demande énergétique finale; la baisse des émissions de processus de transformation de la part des industries (par exemple le béton, l'acier) et la baisse des émissions provenant de l'affectation des sol, du changement de cette dernière, et de l'industrie forestière.
«Chaque pays devrait établir une feuille de route avec un engagement dans les programmes de diffusion de la technologie de solutions clés. Le monde doit investir dans des technologies à grande échelle. Si nous investissons des dizaines de milliards, le rendement pourrait s'élever à des trillions.»
Certains experts du changement climatique insistent qu'il n'est pas trop tard pour changer les choses mais Sachs est resté intransigeant lors de son discours de clôture à l'auditorium de la Semaine verte, «Nous possédons le savoir-faire, la technologie et le besoin urgent de le faire, alors faisons-le.»
Source : CORDIS
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