Les 4 et 5 juin 2015, Marseille accueille le Forum de la société civile Méditerranéenne pour le climat (MEDCOP21). A l’occasion de cet événement organisé en amont de la 21e Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21), Jean-Paul Moatti, président-directeur général de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), a délivré quatre messages essentiels en séance plénière, sur le rôle de la science dans la lutte contre le changement climatique en Méditerranée.
"La science atteste de la réalité du changement climatique et la Méditerranée est l'une des zones les plus menacées de la planète"
Alors que la Méditerranée n’est pas l’une des principales régions pourvoyeuses des gaz à effets de serre, a rappelé Jean-Paul Moatti, cette région subit de plein fouet les impacts avérés du changement climatique : hausse des températures, augmentation des phénomènes climatiques extrêmes, atteintes à la biodiversité, élévation du niveau de la mer… Un fait particulièrement préoccupant lorsque l’on sait que le bassin méditerranéen est soumis à un stress hydrique intense : 60 % de la population mondiale dite "pauvre en eau douce" habite en Méditerranée et plus de 250 millions de personnes risquent d’être confrontées à une pénurie d’eau d’ici à 2050.
"Du fait des incertitudes sur la dynamique du changement climatique et sa part dans les bouleversements environnementaux, la recherche doit continuer à améliorer les observations et modèles prévisionnels"
Le président-directeur général de l’IRD a invité les chercheurs à "mettre en œuvre une vision holistique et interdisciplinaire des enjeux régionaux" et à mieux "alimenter les modèles prévisionnels par des données empiriques fines, combinant télédétection satellitaire et mesures in situ", afin de "construire un système cohérent d’observation et de surveillance méditerranéennes des anthropo-écosystèmes".
"La science doit permettre de mieux concilier la lutte contre le changement climatique, les objectifs du développement durable et le financement du développement"
Le président-directeur général a ensuite insisté sur le rôle majeur de la recherche pour éclairer les décideurs dans la mise en place d’actions de lutte contre le changement climatique et pour le développement des pays des deux rives de la Méditerranée. "Il faut concilier adaptation au changement climatique et développement durable", a plaidé Jean-Paul Moatti, en rappelant qu’il est urgent de minimiser les effets du changement global qui menacent l’environnement, la santé et le bien-être des populations. Cela implique de lier beaucoup plus étroitement la lutte contre le changement climatique, les objectifs du développement durable et le financement du développement.
"La science contribue à proposer des solutions innovantes au changement climatique"
Le président-directeur général de l’IRD a cité des exemples des nombreuses contributions apportées par la recherche à la lutte contre le changement climatique. Ainsi, il a fait mention du développement, par les chercheurs de l’Institut, en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’outil de calcul EX-ACT(Ex-ante Carbon balance Tool). En quantifiant l’émission et le stockage des gaz à effet de serre dans les sols cultivés, cet outil permet d’évaluer le bilan carbone des projets et des filières de production agricole ou des politiques environnementales.
Il a également indiqué que les chercheurs de l’IRD, avec le Cirad, l’INRA et leurs partenaires méditerranéens, participeront au programme international "4 pour 1000" annoncé en mars 2015 lors de la troisième conférence scientifique mondiale sur l’agriculture climato-intelligente, qui met en avant le rôle des sols et des systèmes agricoles dans l’atténuation des changements climatiques.
En conclusion, Jean-Paul Moatti a souligné que la lutte contre le changement climatique a besoin de "cadres organisés de dialogue". Il a interpellé les participants sur la nécessité de constituer un "groupe de travail opérationnel, inter-pays, inter-ministériel et inter-collectivités territoriales" sur les changements climatiques en Méditerranée, afin de fournir aux décideurs "le maximum d’évidences scientifiques objectives".
Source : IRD
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