Le Dr. William Colgan, Professeur à l’École Lassonde de génie de l’Université de York et co-auteur de l’étude publiée le 4 janvier 2016 dans la revue Nature Climate Change , a participé à l’analyse des données de trois expéditions sur la calotte glaciaire du Groenland en 2012, 2013 et 2015. Les recherches ont été effectuées en collaboration avec le Dr. Horst Machguth, chercheur principal à la Commission géologique du Danemark et du Groenland, le Dr. Mike MacFerrin de l’Université du Colorado à Boulder et le Dr. Dirk van As de la Commission géologique du Danemark et du Groenland Copenhague, au Danemark.
En 2013, le Dr. Colgan a passé cinq semaines avec l’équipe à forer le névé à l’intérieur de la calotte glaciaire. Le névé est une neige compactée sur plusieurs années qui n’est pas aussi dense que la glace du glacier. Au contraire, il forme une couche poreuse proche de la surface sur la calotte. Déposée par un avion de l’US Air National équipée de ski, à moins 40 degrés Celsius, avec 6.000 kilos de fournitures et de matériel, l’équipe a installé plusieurs camps et foré une série de carottes de névé peu profonde d’environ 20 mètres au cours de l’expédition.
« Nous étions intéressés par la mince couche poreuse de névé près de la surface, et à l’évolution rapide de sa structure physique face au changement climatique » a déclaré le Dr. Colgan. « L’étude a porté sur le changement climatique très récent sur la calotte glaciaire, sur la modification notable de la structure du névé lors des deux dernières années de fonte de la calotte ».
Les chercheurs ont également tiré un radar derrière leurs motoneiges pour recueillir des profils entre les sites de carottage le long d’un chemin de 100 kilomètres à partir de la bordure à basse altitude de la calotte jusqu’aux hautes altitudes à l’intérieur de la calotte. Ils ont analysé les carottes de névé sur place en les coupant en petits tronçons pour quantifier leurs propriétés, telles que leur densité, afin qu’ils puissent les comparer avec des échantillons prélevés l’année suivante. « Les changements de névé années après années ont été tout à fait considérables » indique le Dr. Colgan.
L’équipe a été surprise par ce qu’elle a trouvé. Une fonte extrême en 2012 a provoqué la formation d’une couche de glace solide, épaisse de plusieurs mètres, sur le dessus du névé poreux dans les zones de basse altitude de la calotte glaciaire. « Dans les années suivantes, l’eau de fonte ne pouvait plus pénétrer verticalement à travers la couche de glace solide, et était drainée le long de la surface de la calotte glaciaire vers l’océan » explique le Dr. Colgan. « Ceci infirme l’idée que le névé peut se comporter comme une éponge quasi inépuisable pour absorber l’eau de fonte. Au lieu de cela, nous avons constaté que la capacité de stockage d’eau de fonte du névé pourrait être limitée relativement rapidement ».
Comme l’explique le Dr. Machguth, « Fondamentalement, notre recherche montre que le névé réagit rapidement à un climat changeant. Sa capacité à limiter la perte de masse de la calotte glaciaire en retenant l’eau de fonte pourrait être plus faible qu’on ne le pensait ».
Les modèles scientifiques utilisés pour prévoir la contribution du Groenland à l’augmentation du niveau de la mer ne prennent pas en considération cette capacité limitée du névé. Ceci signifie que la montée de niveau de la mer au Groenland à cause de l’écoulement des eaux de fonte sera plus importante que prévue. La prochaine étape importante pour l’équipe est donc d’ajouter ce nouveau phénomène physique dans ces modèles.
Le Dr. Colgan prévoit également de commencer à surveiller les changements de réflectance de surface de la calotte glaciaire causés par le développement de couches de glace massives associées à l’étanchéité du névé. Certaines indications préliminaires montrent que ce même phénomène d’étanchéité du névé se produit également dans les calottes glaciaires de l’Arctique canadien.
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Source : diplomatie.gouv.fr
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