L’intérêt pour la dimension spatiale des phénomènes sociaux connaît actuellement un renouveau dans les sciences sociales, si bien que des auteurs, des historiens notamment, parlent de « tournant spatial » pour désigner ce nouveau regard (Warf et Arias, 2008 ; Torre, 2008). Attachant une importance renouvelée aux catégories spatiales et aux spatialités, les travaux sur les femmes et le genre s’inscrivent dans cette tendance. Ce tournant spatial se manifeste à travers le recours aux notions de distance, de lieu, de paysage, d’espace et de territoire, mais aussi l’usage de dispositifs et de grilles de lectures spécifiques pour comprendre la spatialité des phénomènes sociaux, tels que l’approche multi-scalaire ou transcalaire. Le « tournant spatial » induit ainsi de nouvelles entrées et, pourquoi pas, des méthodes innovantes pour les études féministes et de genre, telles que la cartographie participative et les parcours commentés, la lecture de paysages ou encore les récits de lieux. Enfin, ce « nouveau regard » convoque certains auteurs : on retrouvera ainsi, tel un fil conducteur dans les textes qui suivent, la référence à Henri Lefebvre (1961, 1974) pour qui l’espace émerge dans sa dimension de quotidienneté comme un produit éminemment politique, mais aussi à Michel Foucault (1984) à travers sa réflexion sur les hétérotopies, qui nourrit l’intérêt des auteures de ce numéro pour les spatialités autres, différentes et sexuées.
Les Cahiers du CEDREF, "Le tournant spatial dans les études genre", n°21/2014
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