Une équipe de recherche internationale1 dont un chercheur CNRS du laboratoire Écologie et dynamique des systèmes anthropisés (CNRS / Université de Picardie Jules Verne) a observé une accélération de l'augmentation de la biodiversité au niveau des sommets européens. Il s'agit d'un nouvel indicateur de "la grande accélération" - cette inflation de plus en plus rapide de différents paramètres à travers le monde (recul des glaciers, blanchiment des coraux, etc.) observée ces dernières années en réponse au réchauffement climatique. Les écosystèmes montagnards pourraient ainsi être fortement perturbés à l'avenir. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature le 4 avril 2018.
Avec l'accélération des émissions de CO2 au cours des dernières décennies, de nombreux indicateurs (socio-économiques, météorologiques, biologiques, etc.) s'affolent. La communauté scientifique appelle ce phénomène "la grande accélération". Dans une nouvelle étude, une équipe de chercheurs issus de onze pays démontrent qu'elle est aujourd'hui perceptible dans les sites les plus reculés de la planète : les sommets de montagne. Les scientifiques mettent en évidence une colonisation des sommets de plus en plus rapide par la flore de niveaux inférieurs.
Ce sont 302 sommets de différents massifs d'Europe (Alpes, Pyrénées, Carpates, etc.) qui ont été étudiés. Pour 87% d'entre eux, les plantes ont profité de conditions météorologiques de plus en plus clémentes pour les coloniser. Une migration qui concerne même les espèces réputées pour se déplacer lentement. Le nombre d'espèces végétales ayant colonisé les sommets européens entre 2007 et 2016 serait ainsi cinq fois supérieur à celui observé entre 1957 et 1966. De plus, les chercheurs montrent que cette tendance concorde avec l'augmentation des températures. Ils constatent également que d'autres facteurs globaux comme les retombées atmosphériques azotées liées aux polluants ou encore la fréquentation des sommets par l'Homme n'expliquent pas, quant à eux, cette accélération.
Jusqu'à présent, aucune extinction d'espèces des sommets n'a été observée mais la cohabitation pourrait ne pas durer. Ainsi, certaines plantes des sommets pourraient être amenées à disparaître car il leur serait impossible de migrer vers une altitude supérieure ou de rivaliser avec les espèces plus compétitives des niveaux inférieurs. Un déséquilibre du fonctionnement de l'écosystème montagnard serait alors à craindre.
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