G8 : premières déclarations sur le climat.
Pour la première fois, le changement climatique est une des deux priorités du G8, avec la dette des pays pauvres. Les Etats-Unis, premiers pollueurs au monde, sont également le seul pays du G8 à ne pas avoir ratifié Kyoto. Les négociations qui se déroulent à Gleneagles ont pu toutefois aboutir à une déclaration du président Bush, qui reconnaît l'influence des activités humaines sur le réchauffement climatique et la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Toutes les nations du G8 ont ratifié le protocole de Kyoto, à une exception : les Etats-Unis, premier pollueur de la planète, générant, selon les calculs, entre 21 % et 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sous la pression des pays membres du G8, mais également de la société civile et de plusieurs élus d'Etats et de grandes villes américaines, Georges W. Bush a accepté de reconnaître que le réchauffement planétaire pouvait être lié aux activités humaines, notamment aux émissions de CO2, et que celles-ci devraient être diminuées. A une condition de taille néanmoins : les futurs progrès de la science doivent, selon le président américain, en démontrer la nécessité. Par ailleurs, les Etats-Unis restent fermement opposés au mécanisme instauré par le Protocole de Kyoto. L'administration Bush considère en effet que les contraintes du protocole de Kyoto seraient trop pénalisantes pour l'économie américaine et amputeraient la croissance économique, d'ici à 2010, de 400 milliards de dollars, soit près de 4 % du produit intérieur brut (PIB), détruisant 5 millions d'emplois. L'administration Bush explique ces chiffres par le fait que la moitié de l'électricité produite dans le pays provient du charbon. Avec 210 millions de voitures, la société et l'économie américaine sont également très dépendantes du pétrole, ce qui a d'ailleurs conduit en avril dernier l'administration Bush à ouvrir au forage des zones protégées depuis 20 ans en Alaska.
L'implication des pays émergents, un élément clé du G8
L'accord obtenu à Gleneagles était conditionné par un facteur déterminant pour l'administration américaine: l'implication des pays émergents et en particulier la Chine, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après les Etats-Unis. "La présidence britannique veut traiter des changements climatiques en nouant des relations avec la Chine plutôt qu'en marquant les désaccords avec les Etats-Unis", notait le Financial Time quelques jours avant l'ouverture du G8. Selon le quotidien londonien, la manière dont la Chine négocierait sa participation dans le dossier du climat était déterminante. "Si l'Union Européenne obtient le soutien de Pékin, elle reprendra l'initiative sur les politiques de lutte contre les changements climatiques et les Etats-Unis auront beaucoup de mal à bloquer les négociations sur la politique à suivre après 2012. En revanche, si les Etats-Unis convainquent la Chine de ne pas tenir compte du processus de Kyoto, alors celui-ci sera définitivement perdu." Le G8 a, dans l'immédiat, obtenu un accord sur le fait que la lutte contre les changements climatiques ne pourrait être menée sans une implication des pays émergents. L'Inde et la Chine notamment, connaissent une forte croissance de leurs besoins énergétiques, et par conséquent une augmentation exponentielle de leurs émissions de CO2. Sur ce constat, les membres du G8 ont proposé d'associer ces pays (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud et Mexique) à un forum informel, intitulé "Dialogue", pour débattre de ce dossier. La présidence britannique du G8, qui devrait lancer ce dialogue "au second semestre", n'aura pas une tâche facile, car, d'ores et déjà ces 5 pays ont posé leurs conditions. Dans un texte commun, ils demandent des financements additionnels pour leur permettre d'acquérir des technologies moins polluantes, telles que les centrales électriques dernière génération. Ils demandent également que la question des brevets soit réglée pour permettre le transfert de ces technologies énergétiques du Nord vers le Sud. Enfin, ils rappellent que leur priorité reste le développement économique et qu'il n'ont pris aucun engagement formel de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les termes de leur déclaration intervenue jeudi sont parfaitement clairs : sans soutien financier des pays du Nord pour acquérir des technologies propres et performantes, ils n'adopteront pas de politique spécifique pour lutter contre les changements climatiques.
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Sources : NOVETHIC.
Véronique Smée
Mis en ligne le : 08/07/2005
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