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ENVIRONNEMENT AU BURKINA FASO


La production du charbon de bois est suspendue au Burkina Faso depuis le 15 Juillet 2005. La mesure, depuis sa publication, fait couler beaucoup d’encre et nombre d’acteurs de cette filière, exploitants et consommateurs confondus, s’interrogent sur son avenir. L’homme de la rue, d’une manière générale, se dit même inquiet, car le charbon de bois est une source d’énergie de première nécessité au Burkina. Il contribue avec le bois de chauffe à la satisfaction de près de 84% des besoins en combustibles des ménages et est utilisé par une partie des artisans, notamment les fondeurs de bronze et d’aluminium, les bijoutiers, les forgerons et les potières. Comme on peut le constater, le charbon de bois est une énergie utilisée depuis la nuit des temps par de nombreux Burkinabé. Il était cependant considéré comme une énergie de seconde main, après le bois de chauffe, car pour produire 1Kg de charbon, il faut 5Kg de bois. C’est pourquoi dans nos sociétés traditionnelles, sa production était surtout l’apanage des ménagères et des dolotières, exception faite des producteurs dits occasionnels que sont les forgerons et les potières ainsi que les exploitants agricoles qui transforment encore de nos jours une partie du bois de défriches de leurs champs en charbon de bois.
Les charbonniers professionnels ont fait leur apparition au Burkina dans les années 1980 à la faveur de la construction des barrages de la Kompienga et de Bagré. Il a été en effet décidé à l’époque de transformer une partie du bois de défriches des cuvettes de ces barrages en charbon de bois pour ravitailler la ville de Ouagadougou. Depuis lors, on a assisté au développement de la carbonisation dans les régions environnantes, car ces charbonniers se sont vite rendus compte que l’activité était lucrative. Cette carbonisation a fini par s’étendre à toutes les zones forestières du pays et constitue aujourd’hui une véritable menace pour le couvert végétal Burkinabé. On estime à 593 092 tonnes le charbon de bois consommé au Burkina en 2004 tandis que les superficies concernées annuellement par la coupe du bois transformé en charbon de bois seraient de l’ordre de 370 000 ha.

L’hémorragie végétale est énorme si bien que la suspension de la production de charbon de bois jusqu’au 31 Décembre 2005 était nécessaire non seulement du fait de la surexploitation des ressources forestières, mais aussi et surtout le désordre constaté ces dernières années dans l’exploitation et la commercialisation de cette filière. Un arrêté portant interdiction d’exploitation du charbon de bois avait déjà été publié en Avril 2004 ; mais on constate malheureusement que le charbon Burkinabé continue d’être exporté dans certains pays voisins. La présente mesure, qui est du reste transitoire, vise essentiellement à faire le point de la production réelle de charbon afin de mieux réorganiser la filière. Il n’est nullement question d’interdire la production de charbon de bois comme certaines personnes tentent de le faire accroire.

Pour un pays sahélien comme le Burkina Faso, la sauvegarde des ressources naturelles en constante diminution est une préoccupation du Ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie, qui entend initier des concertations avec les différents acteurs de la filière du charbon de bois en vue d’une gestion rationnelle de cette importante énergie. C’est donc le lieu de rassurer tous les consommateurs Burkinabè quant aux inquiétudes non fondées sur une éventuelle pénurie de charbon de bois. Les stocks de charbon actuellement disponibles dans les différents lieux de dépôts couvrent largement les besoins des Burkinabè en ressources d’énergie jusqu’en 2006.

Il est donc fait appel à tous les exploitants et vendeurs de charbon de bois afin qu’ils évitent toute surenchère dans la commercialisation de cette ressource énergétique de première nécessité.
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