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Une société américaine met au point un biocarburant perfectionné


Le biobutanol de la société DuPont (par Amanda Spake Correspondante de l'USINFO )

Washington - M. David Anton, un des responsables de la société DuPont chargés de la mise au point du biobutanol, le premier biocarburant perfectionné, pense beaucoup à la forte valeur énergétique qui fait défaut dans les carburants éthanols classiques. C'est là l'une des raisons pour lesquelles les constructeurs d'automobiles et les conducteurs ne se sont pas précipités sur des carburants qui peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre.

« Il devient plus évident, a-t-il dit, que l'éthanol n'a pas la même densité énergétique que l'essence. Sa densité énergétique ne représente qu'environ 65 % de celle de l'essence. Il s'ensuit que la consommation d'éthanol doit être supérieure pour obtenir le même kilométrage qu'avec l'essence. » C'est en 2003 que la société DuPont a commencé ses travaux en vue de mettre au point un biocarburant qui puisse avoir le même rendement énergétique que l'essence. Le biobutanol sera le premier de ces biocarburants à être mis sur le marché mondial.

« Le biobutanol a environ 85 % de la valeur énergétique de l'essence », a indiqué M. Anton. Il n'est pas nécessaire de modifier les véhicules pour pouvoir l'utiliser, et lorsqu'on le mélangera à l'essence, comme on le fait actuellement avec l'éthanol dans de nombreux pays à travers le monde, il permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d'essence. Il n'y aura guère de différence entre l'essence et le biobutanol, a-t-il dit.

Le biobutanol fera ses débuts cet automne au Royaume-Uni. Il est issu du partenariat entre DuPont, la deuxième société chimique des États-Unis, et la société pétrolière britannique BP, qui distribuera le biobutanol mélangé dans de l'essence. Outre sa valeur énergétique plus élevée, le biobutanol peut être acheminé au moyen des oléoducs existants, à l'opposé de l'éthanol. On peut aussi le produire à partir de diverses plantes : blé, maïs, canne à sucre, etc.

Selon une des porte-parole de la société DuPont, Mme Michelle Reardon, la production de biobutanol peut être adaptée aux cultures vivrières courantes dans un pays donné et elle devrait offrir des débouchés aux grandes cultures vivrières.

Membre du partenariat dénommé en anglais « U.S. Climate Action Partnership », qui regroupe de grandes sociétés et des organismes écologiques favorables à une action urgente afin de maîtriser les changements climatiques, la société DuPont s'est fixé des objectifs en matière d'environnement il y a plus de seize ans. Elle a élaboré un plan visant à accroître son chiffre d'affaires en se fondant sur des travaux de recherche et des investissements dans le domaine des biocarburants.

Sa stratégie a trois volets : premièrement, améliorer la production d'éthanol grâce à la mise au point de variétés de maïs hybride dont le rendement est plus élevé que celui du maïs ordinaire. Ces travaux de recherche se poursuivent actuellement aux États-Unis et dans d'autres pays.

Deuxièment, la société DuPont a prévu de mettre au point un procédé de production cellulosique d'éthanol de manière à utiliser toute la plante de maïs et non pas seulement ses grains. Ce procédé permet de transformer en éthanol la plante de maïs, c'est-à-dire les feuilles, la tige et l'épi sans les grains, qui est laissée dans les champs après la récolte, ce qui n'était pas possible auparavant.

En mars dernier, le ministère de l'énergie des États-Unis a accordé une subvention de 80 millions de dollars à la société Broin en vue d'accélérer la construction en Iowa d'une bioraffinerie qui exploitera le nouveau procédé cellulosique de DuPont. La société Broin est le plus grand producteur d'éthanol des États-Unis et a obtenu une licence de DuPont pour exploiter son nouveau procédé.

Le troisième volet de la stratégie de DuPont est de mettre au point des biocarburants perfectionnés qui soient plus rentables tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Le premier de ces biocarburants, le biobutanol, sera mis sur le marché au Royaume-Uni alors que les changements climatiques et l'énergie propre occuperont le devant de la scène, à l'occasion de la première Réunion des grandes économies sur la sécurité énergétique et les changements climatiques organisée sous l'égide du président Bush les 27 et 28 septembre, à Washington.

On n'est pas certain de l'incidence du biobutanol sur les changements climatiques parce qu'elle dépendra de la quantité de ce biocarburant que la société BP mettra dans l'essence vendue par son réseau. Selon M. Anton, il est probable que cette proportion sera au début d'environ de 16 % de biobutanol pour 84 % d'essence. « Si nous remplaçons 16 % de l'essence, il devrait y avoir une réduction de 16 % des émissions de gaz carbonique, a-t-il dit. Nous ne sommes pas encore certains du montant exact, mais il s'agit d'un carburant à faible teneur en carbone, et c'est ce que nous recherchons. »

La société Dupont et ses partenaires n'ont pas encore décidé des pays où ils introduiront le biobutanol après le Royaume-Uni. Si la mise sur le marché britannique de ce biocarburant est couronnée de succès, les pays qui importent de grande quantité de pétrole et dont certains produits agricoles sont adaptés pour la transformation en éthanol devraient être intéressés, a fait remarquer M. Anton. Outre le maïs, qui est abondant aux États-Unis, la canne à sucre est un bon candidat à cet effet, a-t-il dit.

La culture de la canne à sucre exige moins de produits chimiques que toutes les autres cultures, et le feuillage dense des cannes absorbe de grandes quantités de gaz carbonique, l'un des gaz à effet de serre. La canne à sucre est surtout cultivée dans des pays chauds, tels que le Brésil et d'autres pays d'Amérique latine, l'Inde et la Chine qui importent pour la plupart de grandes quantités de pétrole. M. Anton a précisé que sa société considérait la Chine et l'Inde pour la production de biobutanol, mais qu'elle envisageait aussi cette possibilité pour tous les grands pays du monde.

Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
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