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Entrevoir un espoir dans la hausse


Depuis déjà quelques mois, on entend souvent parler de la hausse du coût des matières premières, et notamment et surtout des matières agricoles. Cette hausse peut avoir et a déjà de nombreux effets pervers sur lesquels je ne vais pas m'attarder car on les entend à gré dans les médias. En effet, baisse du pouvoir d'achat, risque de rationnement voire de famine dans certains pays sont des effets inhérents à ce genre de hausse tarifaire.

Cependant, il convient de sortir un peu de ce schéma habituel de pensée et d'observer quels pourraient être les avantages pour la planète de ces hausses en série. C'est sans cynisme aucun qu'il faut voir un espoir dans cette augmentation des prix des matières premières.
L'avantage est certes très localisé, et est presque celui d'une niche, mais la niche peut avoir vocation à devenir une maison, voire une planète. En effet, depuis toujours, l'agriculture biologique exerce son activité en dehors des circuits financiers internationaux (la bourse de Chicago ne fixe pas le tarif des produits bio, mais seulement des produits conventionnels issus le plus souvent de "l'agro-business") de ce fait, le coût des matières premières issues de ce mode d'agriculture ne suit pas le cours fixé à Chicago.

Pourquoi me direz-vous ?

Les raisons sont multiples. Tout d'abord, le marché de l'agriculture bio est essentiellement local, tout au plus national (l'un des principes de cette agriculture est en effet de réduire le chemin parcouru par un produit pour arriver jusqu'à notre assiette). De plus, les facteurs de l'augmentation actuelle sont extérieurs aux contraintes habituellement rencontrées dans l'agriculture bio, pas d'agrocarburants (appellation à privilégier à celle de biocarburants) "bio" (pas assez compétitifs et productifs), pas non plus d'exportation à destination des pays à démographie en explosion (Chine et Inde); le marché étant en effet national. Enfin, et là, c'est plus historique, les matières premières issues de ce mode d'agriculture respectueux de l'environnement n'ont jamais suivi les cours de Chicago; alors pourquoi les suivraient-ils aujourd'hui ?

De ce constat, deux chemins peuvent être suivis:
- Dans un premier cas, les agriculteurs bio peuvent décider de suivre l'effet global et d'augmenter de fait le prix à la vente de leur production, ce qui ne serait alors qu'un pur effet de marge en dehors de toute contrainte du marché. Cela aurait pour double conséquence; tout d'abord de perpétuer l'écart tarifaire existant entre bio et non-bio, et ainsi de perpétuer ce marché de niche réservé à une élite "riche et fortunée", et également et sans raison justifiable économiquement, financièrement, ou structurellement d'augmenter les marges réalisées par les producteurs, grossistes et distributeurs. Dans ce cas, tout cela se ferait au détriment non seulement du consommateur mais aussi et surtout de la planète.
- Dans le second cas, celui que j'aimerais voir envisager, les producteurs bio continuent de pratiquer les tarifs qu'ils pratiquent à l'heure actuelle en suivant honnêtement les mécanismes régulateurs d'offre et demande; sans spéculation aucune. Dans ce cas, l'agriculture biologique, sans devenir meilleur marché devient plus compétitive avec l'agriculture conventionnelle.


Il ne s'agit pas de lire un raisonnement purement économique, mais bel et bien un raisonnement de durabilité. Si l'agriculture biologique devient plus "rentable" et "compétitive" pour l'agriculteur du fait de sa concurrence nouvelle avec l'agriculture conventionnelle, alors on ne peut qu'espèrer que des exploitants de plus en plus nombreux accèdent à l'agriculture biologique. En réduisant les intrants extérieurs (pesticides et engrais chimiques de synthèse, et autres...), ce qui est le propre de l'agriculture biologique, c'est l'environnement global qui y gagnera.
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