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Comprendre la position de la République démocratique du Congo (RDC) aux négociations climatiques


Dans un entretien avec Médiaterre, Tosi Mpanu Mpanu, délégué de la République Démocratique du Congo pour les négociations climatiques depuis 2008, et directeur de l'Autorité National Congolaise désignée du mécanisme de développement propre (MDP) depuis 2007, a présenté la position de son pays pour le futur accord attendu à Copenhague.

La RDC a des attentes très concrètes concernant les engagements (en terme à la fois de réduction d'émissions et de financements) des pays développés pour la période post-Kyoto. M. Mpanu s'est déclaré satisfait de la déclaration de l'Union Européenne (UE) relative à son paquet " 3x20 " - 20% des énergies renouvelables, amélioration de l'efficacité énergétique de 20% et réductions des émissions par 20% d'ici 2020 - et à sa volonté de passer à une réduction des émissions de GES de 30%, en cas d'accord satisfaisant. M. Mpanu a souligné l'exemplarité de la Norvège, qui a annoncé une réduction de ses émissions de 40% d'ici 2020 par rapport à 1990. Seuls des engagements de cette ampleur permettront de ne pas dépasser une hausse globale des températures supérieure à 2°C, qui signifierait une augmentation des températures en Afrique de 3,7°C, ce qui posera un grand défi pour le développement. La production agricole baissera, les maladies endémiques se diffuseront et la montée de la mer et des fleuves provoquera des inondations. Cependant, M. Mpanu a ajouté que la RDC serait moins affecté que beaucoup d'autres pays africains pour des raisons géographiques. Le pays, qui a seulement 25 kilomètres de côtes mais possède une terre très fertile et une large superficie forestière tropicale, souffrira moins des inondations et des sécheresses. Pourtant, les agriculteurs congolais connaissent déjà des perturbations dans le rythme des saisons et donc des baisses de récoltes.

Avec une superficie forestière de 1,02 millions km², constituant 61% des forêts du Bassin du Congo, la question du mécanisme REDD est très importante pour la RDC. 93% des quelques 68 millions de congolais dépend de la forêt pour vivre : bois de chauffe, bois pour la cuisson, alimentation, plantes médicinales... La déforestation étant une des principale cause du réchauffement climatique - elle compte pour 20% des émissions mondiales - et affectant directement la vie de la population congolaise, le pays s'est engagé dans une lutte contre le déboisement. La forêt congolaise représente un bénéfice pour tout le monde, mais fait partie du domaine souverain de la RDC : il serait donc utile pour le pays et la communauté mondiale de travailler ensemble sur ce sujet. La RCD a en effet besoin de soutien pour lutter contre la déforestation illégale, pour offrir des alternatives aux agriculteurs en subsistance et pour installer des nouveaux moyens énergétiques. La RCD veut que le mécanisme REDD se déroule en trois phases : premièrement un renforcement de capacités avec des financements publiques, deuxièmement une phase de " démonstration ", avec la mise en place d'activités et un financement hybride " secteur public/ secteur privé" et, finalement, une dernière étape de mise oeuvre du système avec un choix des pays respectifs sur le mode de financement. La RDC a déjà développé un plan de démarrage du REDD et un travail stratégique a été réalisé conjointement avec le cabinet McKinsey. Les actions et la mise en oeuvre vont suivre. Même si les projets ne peuvent pas encore être lancés sur grande échelle, ils peuvent néanmoins démarrer sur le terrain.

Malgré les blocages des négociations à Copenhague et un manque criant d'avancée sur les questions principales - dont la question REDD-, M. Tosi Mpanu reste optimiste. Puisqu'il est essentiel de réduire les émissions de GES, aucun échec n'est permis. Apparemment, les pays développés doivent être forcés pour arriver à une réduction significative, il nous faut alors un accord contraignant. M. Mpanu pense que la réduction des émissions dans les grands pays émetteurs doit être réalisée en collaboration avec les pays en développement, qui présentent un très fort potentiel d'atténuation. Cette coordination devrait inclure la lutte contre la déforestation, la mise en place de projets MDP et du transferts de technologies.

M. Mpanu est très impressionné par la volonté française de soutenir les forêts, exprimée ce mardi 15 décembre : Ensemble, l'Éthiopie et la France ont fait appel à " l'adoption d'un fonds "fast start " doté de 10 Milliards $ par an pour les trois années 2010, 2011 et 2012. Ce fonds financera les actions d'adaptation et d'atténuation, y compris la lutte contre la déforestation, dans les pays en développement, principalement dans les pays pauvres et vulnérables. 40% de ce fonds sera consacré à l'adaptation en Afrique. 20% du fonds sera dédié à la mise en oeuvre rapide de " REDD+ " afin d'atteindre l'objectif de réduire la déforestation de 50% d'ici 2020 et de l'arrêter d'ici 2030. " La RDC espère qu'un tel fonds se réalise.

Nina Treu, IDDRI, pour l'IEPF

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