Journal du CNRS - N°240 - 241- janvier-février 2010
Edito
La menace d'une crise d'extinction majeure plane sur la biodiversité. Il est donc urgent de se donner les moyens d'agir pour répondre à cette perspective critique et sauver ce qui représente sans doute le plus grand trésor sur Terre. La complexité des questions posées appelle des compétences variées et complémentaires ainsi qu'une approche multidisciplinaire qui placent le CNRS et son potentiel de recherche au cœur de la question. L'Institut écologie et environnement (Inee) en est, en particulier, le porteur central : sa production scientifique, grâce à plus de 40 unités investies dans ce domaine, le situe en effet au meilleur rang en France. Cette large communauté de chercheurs, près d'un millier, participe ainsi très efficacement à tous les programmes sur ce thème, ceux de l'ANR, ceux de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ou encore ceux de l'Union européenne (Biodiversa, Alarm, Marine Genomics) et de consortiums internationaux (International Soil Metagenomics Consortium…).
Pour relever ce défi majeur, les recherches de l'Inee sur la biodiversité se concentrent sur différents fronts. D'abord sur les processus et les mécanismes de la mise en place de la biodiversité. Ensuite sur ses réponses aux changements environnementaux : les effets de ces derniers sur le fonctionnement des écosystèmes est un point très important, tout comme l'étude des capacités d'adaptation des êtres vivants et des communautés aux variations de leur environnement. Se pose aussi la question des relations complexes entre l'homme, son environnement et ses ressources. Enfin, il devient nécessaire de reconnaître, évaluer et comprendre la valeur et les services que rend la biodiversité, comme l'évoque, ce mois-ci, l'enquête du Journal du CNRS. L'objectif de nos recherches sur la biodiversité est donc de produire des connaissances fondamentales sur lesquelles peuvent s'ancrer des questionnements plus appliqués, qui sont orientés par les demandes et les attentes de la société. La connaissance de la dynamique de la biodiversité a, par exemple, une application majeure : la modélisation de scénarios, afin d'explorer la gamme des possibles pour le futur. C'est un élément important pour l'élaboration des politiques publiques.
Dans cette démarche, l'Inee agit de concert avec les autres instituts du CNRS et de nombreuses universités. Au-delà de ces partenaires naturels, l'Inee tisse des liens avec les autres acteurs nationaux de la recherche comme le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN). La description de la biodiversité, actuelle et passée, est largement réalisée dans les unités mixtes avec le MNHN. Le CNRS se révèle aussi très actif dans l'exploration des communautés de micro-organismes de milieux encore mal connus (sols, mers et océans). Les interactions se font aussi sur des thématiques plus spécifiques : avec l'Inra pour les agroenvironnements et la diversité des ressources génétiques ; avec l'Ifremer pour le domaine marin et ses ressources ; avec l'IRD et le Cirad pour l'outre-mer et l'Afrique. D'autre part, il est important de souligner la relation privilégiée développée avec la FRB, qui s'exprimera pleinement au cours de l'année 2010, déclarée Annéeinternationale de la biodiversité par l'Onu. Enfin, l'Inee a aussi noué de nombreux liens hors de nos frontières dans le cadre de groupements de recherche internationaux comme le GDRI « Biodiversité et développement durable à Madagascar », ou encore le GDRI « Biodiversité des maladies infectieuses au Viêt Nam ».
La biodiversité n'est pas seulement l'une des grandes priorités du nouveau contrat d'objectifs du CNRS avec l'État. Elle se place désormais au niveau des grands enjeux de la planète.
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