" Le développement durable est, pour les Etats et les entreprises, un principe ordonnateur d'actions tournées vers l'avenir dans les dimensions économique, sociétale et environnementale ". Cette définition introduit le chapitre premier de l'essai intitulé Développement durable - pour une entreprise compétitive et responsable (Octave Gélinier et all, 2002). Elle traduit et résume bien l'esprit qui guidait les initiateurs, en 1987 à Brundtland : un développement qui réponde aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Dans les pays en développement d'Afrique où les besoins primaires des individus ne sont pas toujours satisfaits, l'idée de se préoccuper de générations futures peut paraitre totalement irréaliste.
Selon le PAM, la famine continue de gagner du terrain en Afrique (Australe et dans la corne surtout)
Le développement durable fait ses preuves en tant que concept universel ultra altruiste: Plusieurs secteurs stratégiques en effet ont plus que besoin d'être pensé en s'appuyant sur le concept de DD.
L'autosuffisance alimentaire
La question de la sécurité alimentaire restera certainement longtemps encore la priorité parmi les priorités dans les pays en développement d'Afrique et les spéculations et autres supputations n'y changeront pas grand 'chose ! Malgré la disponibilité, dans la plupart de cas, de terres arables, une population nombreuse continue de mourir de faim (entre 2006 et 2007, plus de 70% de l'aide des pays en développement du PAM est allée vers les pays d'Afrique subsaharienne).
En dépit de la solidarité internationale traduite par les actions herculéennes du PAM et d'autres donateurs, la faim continue de sévir comme la peste dans nos pays " indépendants ". Même s'il est vrai que les principales causes de la famine sont les conditions climatiques défavorables à l'agriculture et les conflits armés, il n'en demeure pas moins vrai que certaines politiques économiques dans le secteur de l'agriculture s'avèrent complètement inadaptées : Concevoir des projets économiques répondant aux besoins primaires des populations, voici la réponse générale du DD face aux crises.
La lutte contre la déforestation
Les milieux ruraux d'Afrique sont dépourvus de services énergétiques modernes, faisant de la biomasse la seule source d'énergie exploitée. Dans ces conditions, la forêt est quotidiennement agressée, légitimement, pour les besoins de cuisson des aliments, de construction et de plantation. Face à cela, que propose le DD ? Les arguments sont ici évidents : les forêts jouent un rôle irremplaçable dans le cycle du carbone, de sorte qu'elles participent à la réduction du réchauffement climatique. La lutte contre la déforestation peut passer par des campagnes de reboisement mais également par la sensibilisation à sa préservation, à travers le changement des modes de production et de consommation. L'utilisation de fours solaires par exemple peut aider à " sauver " d'importantes superficies de forêts.
La gestion des ordures ménagères
La plupart des grandes métropoles africaines ont ce dénominateur commun : la gestion calamiteuse des ordures ménagères, ayant pour corollaires la pollution atmosphérique et le développement de graves maladies (paludisme, fièvre typhoïde...) qui continuent de faire plus de ravages que le VIH/SIDA. La valorisation des ordures est un domaine encore quasi-inexploité dans nos pays : seules quelques actions de faible taille, isolées, ne sont pas répliquées encore moins étendues. Les techniques de méthanisation ne sont pourtant pas nouvelles et la matière première (les ordures) est abondante !! Utiliser des déchets pour produire du gaz, de l'engrais et par-dessus tout contribuer à l'assainissement de son environnement serait une attitude participant d'un développement durable.
Le réchauffement climatique actuel n'est pas une vue de l'esprit entretenue par le GIEC: Ses effets réels sont désormais perceptibles à travers tous les continents y compris l'Afrique.
Selon Michael Fleshman, ONU " L'Afrique subsaharienne produit moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre - soit bien moins que l'Amérique du Nord, l'Europe, l'Asie et d'autres régions industrialisées. Mais le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, , a établi que l'Afrique subit déjà les effets des changements climatiques et en pâtira davantage dans les années à venir. Le Sahel et d'autres régions semi-arides risquent de souffrir d'une aggravation de la sécheresse. Un tiers de la population du continent vit déjà dans des zones de sécheresse, et 75 à 250 millions de personnes supplémentaires pourraient être menacées par les changements climatiques ".
Cette sonnette d'alarme est -elle entendue par les pays en développement ou plus précisément ce cri peut -il être entendu par eux ? La question de la disposition à l'écoute me semble totalement légitime : Tant que les besoins primaires physiologiques ne sont pas totalement satisfaits, est -il vraiment possible de lever les yeux vers les cieux ? Cette interrogation pose le problème de la définition et du classement des priorités dans nos pays : autosuffisance alimentaire, santé, éducation... Les questions d'écologie globale peuvent -elles émerger, dans l'état de paupérisation de nos Etats ?
La société civile, les entreprises et les décideurs politiques ont tous un rôle majeur à jouer dans la prise en compte des problématiques écologiques actuelles. Il faut bien comprendre que toutes les activités humaines se déroulent dans un environnement qui doit être assaini : justement, le réchauffement climatique a une incidence évidente sur les conditions climatiques, qui est l'une des causes de la famine. Finalement il ne devrait pas avoir de conflit d'intérêt entre les questions alimentaires et écologiques, au contraire, il faudra concevoir l'écologie comme une discipline transversale à intégrer dans toutes nos activités : c'est le sens du DD.
Christophe GBOSSOU (cgbossou@yahoo.fr)
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