Par Sonia Eyan, Greenvert
Dans un article publié dans le Harvard Business Review, Barbara Kiviat et Jonathan Morduch s’interrogent sur une éventuelle comparaison entre le marché américain des subprimes et celui d’Andhra Pradesh. Au-delà des convergences et des divergences des deux crises, l’intérêt de l’article est de démontrer que le principe du ‘laisser faire et du laisser passer’ n’a plus lieu d’être dans un contexte de mondialisation.
Règlementation et transparence en toile de fond
Mais est-il vraiment nécessaire de rappeler que sans règle, ni garde-fou, un système tend progressivement à se disloquer. Ceci est d’autant plus vrai que dans un contexte de mondialisation, les effets d’une crise se diffusent plus rapidement dans l’ensemble d’un système. C’est l’une des raisons pour laquelle Calvin Miller de la FAO estime que "Les IMF doivent avoir les moyens de se soutenir et de se gouverner elles-mêmes. Pour cela elles ont besoin d’accéder à une réglementation gouvernementale adéquate pour protéger les épargnants, contrôler les abus, assurer une bonne gouvernance, et veiller à la transparence des prix".
C’est dans cette logique que MicroFinance Transparency (MFTransparency) et la Coopération Luxembourgeoise ont annoncé dans un communiqué de presse en juillet 2010, la mise en place d’un partenariat pour étendre en Afrique de l’Ouest une initiative sur la transparence des coûts. Ce projet déjà opérationnel en Ouganda, au Kenya et en Tanzanie, doit contribuer à l’instauration d’un environnement propice à la transparence et à la protection des bénéficiaires de micro-crédits au Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Côte d’Ivoire, Togo, Guinée-Bissau, Mali et Niger.
Un éventail de services financiers à disposition des pauvres
Si la microfinance est souvent associée au microcrédit, au-delà du prêt bancaire stricto sensu, il existe un panel de produits financiers adaptés aux besoins et à la réalité des familles pauvres en Afrique, en Amérique latine ou en Asie.
La croissance considérable des transferts d’argent ces dernières années, reflète par exemple le besoin des immigrés d’envoyer de l’argent à leurs proches rapidement et à moindre coût. La Remote transaction system développé par l’institution de microfinance UML en Ouganda, en partenariat avec Hewlett Packard, répond à ce besoin et évite aux clients vivant en zone rurale de se rendre en ville.
L’opérateur britannique Vodafone a, de son côté, annoncé en décembre dernier un partenariat avec l’américain Western Union, pour donner aux Kenyans la possibilité de recevoir des fonds de l’étranger de manière rapide et abordable sur leur portable. Les deux sociétés lancent d’abord un programme pilote qui permettra aux résidents de Reading, en Angleterre, d’envoyer de l’argent au Kenya, où Vodafone détient 40% de l’opérateur mobile local, Safaricom. Si ce programme est concluant, elles élargiront cette innovation à d’autres pays.
A l’instar de la microfinance, la micro-assurance, définie sur le portail de la microfinance comme ‘l’adaptation de services d’assurance à des clients, essentiellement à faibles revenus, n’ayant pas accès à des services d’assurance classique’, en est à ses balbutiements.
En Inde, le régime d’assurance maladie Yeshasvini est un programme qui couvre près de trois millions d’agriculteurs, notamment les paysans de l’État de Karnataka, car ils n’ont traditionnellement pas accès à l’assurance maladie. Au Kenya, la compagnie de micro-assurance Kilimo Salama, ‘agriculture sans risque’ en swahili, offre aux agriculteurs des micro-assurances contre les pertes de récoltes dans le cadre d’un système d’assurance lancé en mars 2010.
Ces avancées sont encourageantes car la lutte contre la pauvreté nécessite toute la gamme des services financiers. Mais la prise en charge par les entreprises des besoins de santé, d’éducation, de logement ou d’alimentation est également nécessaire si l’on veut développer durablement les pays du Sud.
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