Les citoyens les plus pauvres du monde doivent lutter pour plus de gouvernance démocratique et exiger que leurs dirigeants s'acquittent de leurs devoirs et responsabilités si leurs pays doivent sortir du groupe des 48 pays les moins avancés, estiment des représentants de la société civile.
Plus de 8.000 personnes - des représentants des gouvernements, des agences internationales, des partenaires au développement et de la société civile - participent à la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA-IV), présentant un plan pour réduire le poids de la pauvreté, la famine et des maladies sur les personnes les plus vulnérables au monde.
S'adressant aux délégués, Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a déclaré que les PMA devaient s'approprier la première responsabilité de leur propre développement.
"L'Union européenne souligne l'interdépendance des progrès dans les PMA avec les droits humains, l'égalité des sexes, la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que la paix et la sécurité", a indiqué Barroso.
Le secteur privé a également un rôle important à jouer dans la réduction de la vulnérabilité des PMA, selon Barroso. "Il a un impact énorme sur la vie des gens à travers la création de la richesse et des emplois".
Mais, Demba Moussa Dembélé, un membre du Comité d'organisation de la société civile, de la PMA-IV, a affirmé que les pays développés n'avaient pas pu honorer leurs promesses de soutenir les PMA, notamment en termes d'aide publique au développement.
Il a également accusé les institutions financières internationales d'être essentiellement préoccupées par la rentabilité et la capacité de rembourser les prêts.
"Les gouvernements des PMA ne sont pas libres d'élaborer leurs propres politiques financières qui répondent à leurs priorités. Le FMI [Fonds monétaire international] et la Banque mondiale ont beaucoup à dire sur la façon dont les économies dans les PMA doivent être gérées", a confié Dembélé à IPS.
Dembélé, qui est le directeur du Forum africain des alternatives, a indiqué que le Programme d'action de Bruxelles, élaboré au cours de la dernière conférence sur les PMA en 2001, n'a pas reconnu la souveraineté des Etats PMA et n'a pas réussi à créer assez d'emplois pour les citoyens des PMA. Les pays les plus pauvres au monde ont été incapables de s'imposer dans le commerce international, de mobiliser assez de ressources pour le développement, ou de nourrir leurs populations.
La famine demeure une préoccupation majeure dans les PMA. Le Programme alimentaire mondial indique que sur 16 pays touchés par la famine, 12 sont des PMA.
"Aucun effort n'a été fait pour créer des subventions pour les fermiers locaux dans les PMA et ils peinent à se nourrir", a souligné Dembélé.
Les défis auxquels les PMA sont confrontés ne font qu'augmenter depuis 2001, avec des progrès fragiles au début de la décennie, retardés par des facteurs tels que la crise financière mondiale et la montée des prix des aliments et du carburant. L'augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles a également joué un rôle, selon le forum de la société civile.
Mais les conflits armés, le leadership autocratique et l'inégalité entre les sexes - par exemple le fait de priver les femmes et les filles d'un accès équitable à l'éducation ou aux soins de santé - n'ont fait qu'affaiblir les efforts des PMA de construire des économies productives et de fournir les services de base.
La vision de la société civile sur le progrès est contenue dans un rapport publié à Istanbul le 8 mai, intitulé "Un monde sans les PMA", qui présente un plan d'action ambitieux pour sortir les PMA de la pauvreté et la vulnérabilité.
Certaines des recommandations en promotion par le groupe de la société civile comprennent le renforcement des économies nationales en augmentant l'appropriation démocratique et le contrôle des ressources, l'installation de régimes de taxes et tarifs nationaux et internationaux ainsi que la garantie de 100 pour cent d'accès au marché hors taxe et sans contingentement pour les exportations des PMA vers le Monde riche.
"Il y a nécessité d'améliorer la gouvernance mondiale en mettant en place un conseil économique mondial sous les auspices des Nations Unies et d'effectuer une révision de grande envergure des institutions internationales", a déclaré Arjun Karki, le porte-parole du forum de la société civile à la PMA-IV.
Ce grand activiste social et très averti des questions de développement a également repris en écho l'accent de Barroso sur la gouvernance au sein de chacun des PMA. "Les citoyens doivent être étroitement impliqués dans le suivi et la surveillance du Plan d'action d'Istanbul s'il doit réussir".
article écrit par Claire Ngozo, Agence IPS
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