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La lumière est de retour à Mapiripán


En Colombie, l'une des zones les plus touchées par la violence pourrait bientôt devenir la première municipalité à créer, elle-même, son énergie propre. 

Depuis des années, les 1 800 habitants de Mapiripán souffrent non seulement de la violence mais également d'un manque d'approvisionnement fiable en électricité. Cette dernière n'est disponible que 6 heures par jour en moyenne. Désormais, grâce à un projet de biodiesel de la société Poligrow et de la Fondation Poligrow, l'électricité est disponible jusqu'à 16 heures par jour. Début 2012, il est prévu que les habitants de Mapiripán aient accès à l'électricité 24/24h. 

La société Poligrow travaille à Mapiripán dans le département de Meta, dans la région des Llanos Orientales, au centre de la Colombie. Planter des palmiers africains fut la principale activité de l'entreprise qui, après avoir constaté des besoins sociaux et environnementaux pressants, a décidé de créer la Fondation Poligrow en 2008.  La mission de la Fondation est d'améliorer la qualité de vie des communautés marginalisées, à commencer par la promotion et le développement de projets sociaux et environnementaux durables.

En 2009, grâce à son projet d'" auto-approvisionnement en électricité à partir d'huile végétale extraite de cultures locales à Mapiripán " Poligrow a été sélectionné parmi les 26 projets gagnants de la Compétition d'Innovation Énergétique IDEAS, soutenue par GVEP International, la Banque Interaméricaine de Développement (BiD) et la Société Allemande de Coopération Internationale (GIZ). L'objectif du projet était de donner à Mapiripán son autonomie en énergie propre grâce à l'huile végétale produite localement. 

Compte tenu des attentes en énergie propre et de la réalité du terrain en termes d'approvisionnement constant en électricité, les choses ont radicalement et durablement changé à Mapiripán. " Pour ceux d'entre nous qui ont accès à l'électricité et qui pour ainsi dire, la tiennent pour acquise, ce changement relève de l'inimaginable ", déclare Tatiana Marquez, Directrice de l'Environnement, du Travail social et du Développement durable chez Poligrow. " L'accès à l'énergie a permis aux gens de s'acheter des produits réfrigérés ou congelés de bonne qualité à moindre coût. Ils peuvent désormais congeler leur nourriture ou le poisson qu'ils pêchent. Même les ventes d'électroménager ont augmenté dans le village. L'économie de la ville est en mouvement et les gens sont plus productifs car ils peuvent étudier ou travailler plus tard dans la nuit ", a commenté Marquez. 

 

Pour Tatiana Marquez, Mapiripán est très spéciale. " C'est un endroit qui possède des qualités certaines en termes de développement, car cette région constitue probablement la dernière frontière agricole et le dernier garde-manger d'Amérique du Sud, sans oublier l'extrême violence qu'a connu cet endroit ".

Mapiripán est devenue tristement célèbre après de violents évènements, survenus entre le 15 et le 20 juillet 1997, durant lesquels un groupe paramilitaire a exécuté un nombre indéterminé de personnes. Hernando Sanchez Villanueva, 58 ans, souligne qu'à cause de la violence, " nous avons souffert de pertes physiques et nous avons été déplacés de nos foyers, contre notre volonté, par des groupes hors-la-loi ". 

À la suite des évènements tragiques de 1997, Mapiripán a été, pendant des années, caractérisée par une culture de la subsistance où les cultures illégales constituaient la principale occupation de la population. L'histoire de Mapiripán est en train de changer à mesure que de nombreux agriculteurs remplacent les cultures illégales grâce à des programmes gouvernementaux visant à éradiquer les cultures de coca ou à grâce à des projets comme celui de Poligrow qui offrent des alternatives de production à la population. 

" Cette nouvelle perspective a ouvert la porte au développement économique de la ville tout en permettant la transition vers des pratiques et des cultures légales ", a déclaré Hernando Sanchez qui est revenu dans la région, dans la ferme Villa Morro Pelado où il commence à cultiver du jatropha, du manioc, des bananes plantains, des graminées et élève 270 têtes de bétail. Toutefois, sur les 616 acres disponibles dans sa ferme, il ne s'en sert que de 200 tandis que le reste de la terre " ne sert pas à grand-chose ", admet-il. Malgré tout, il pense que " grâce à ces nouvelles cultures, leurs fermes et leur terres sont utilisées de façon productive et innovante ". La plupart des agriculteurs de la région élèvent aussi du bétail et plantent diverses cultures, à une très petite échelle qui ne garantit même pas la sécurité alimentaire de la région. Le jatropha pourrait représenter une source de revenus parallèle pour les agriculteurs et serait, de ce fait, une excellente alternative aux cultures illégales ". 
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